Trois vertèbres surtout, une dorsale, une sacrée et une caudale,
offrirent les mêmes faces, les mêmes apophyses que leurs correspondantes
dans l’animal de Caen. On les voit pl, V I , fig. 2, 3 , 4-
On trouve parmi ces os du Jura une petite dent pointue et un
peu tranchante , fort semblable à celle du crocodile de Caen,
pl, V I , fig. 8.
Mais il y en a aussi de beaucoup plus grosses et plus obtuses, telle
que celle de la fig. 7 , qui pourroient annoncer une autre espèce.
Cette dernière est longue de 0,028 depuis son sommet jusqu au
bas de sa couronne, où. elle a 0,021 de diamètre.
C’est une chose bien remarquable que cette présence d un animal
éminemment d’eau douce, tel que le crocodile , dans des couches
de la formation du Jura ; elle est d’autant plus digne d’être observée
qu’il y est accompagné de beaucoup de tortues également d eau
douce. Ce fait, joint à plusieurs autres dont nous parlerons, prouve
qu’il a existé des terres sèches-arrosées par des fleuves à une époque
extraordinairement reculée, et bien avant les trois ou quatre successions
de ces sortes de terres que nous avons observées dans les
environs de Paris.
Nous reviendrons sur cet important sujet dans le chapitre suivant,
où nous traiterons des tortues trouvées dans ces mêmes lieux, et
nous y donnerons la description des couches, telle que nous la devons
à l’extrême complaisance de M. Hugi (i),
(,) Nous espérons pouvoir parler aussi dans le supplément de ce volume d’un crocodile
découvert dans l’ooHthe de Stonesfield, près d’Oxford, par M. Buckland, et qui nous paroit
avoir de grands rapports avec celui de Caen.
A r t i c l e IV .
Des os de deux espèces inconnues de G-a v ia l s , trouvés p ele-
mêle près de Honfleur et du Havre.
Une riche collection de ces os j recueillie autrefois près de Honfleur,
par l’abbé Bachelet, naturaliste de Rouen, nous a été remise
il y a quelques années pour le Muséum d’Histoiré naturelle, par les
ordres de M. le comte Beugnot, alors préfet de la Seine-Inférieure,
et depuis conseiller et ministre d’Etat, ( ,’èst seulement par les étiquettes
attachées à ces' os que j’ai connu le lieu de leur origine , ainsi
que le nom de leur-collecteur,'et l’idée qù il se fdisoit qüeCetoient
dés os de cachalots. Je né trouve point que l’abbe Bachelet ait rien
publié sur leur gisement, ni sur la maniéré dont il en fit la découverte;
mais il y a dans le Journal de Physique (1) un mémoire de
l’abbé Dicquemarre sur les os des environs du Havre, qui, étant de
la même espèce et dans le mêmé état que ceux de Honfleur , ainsi
que je m’en suis assuré en confrontant plusieurs échantillons des U n s
et des autres, doivent sans doute aussi leur ressembler par la position.
J’avois pensé d’abord, d’après Ce qui m avoît ete rapporte, qu ils
sont tous dans un banc dé marne calcaire endurcie, d’un gris bleuâtre,
qui devient presque noirâtre iquarid elle est humide ; et j’avois cru
que ce banc régne' dès deux côtés de' l’ embouchure de la Seine-,- le
long du rivagê du pays de ‘Gaux et de celui du pays d Auge, comme au
cap de laHève, et entre Touque et Dives, vis-à-vis les Vaches noires.
Il est certain qu’en basse Normandie, un banc de cette sorte de
marne, connu sous le nom de banc b leu , règne sur de grandes étendues;
mais les observations de M. de Labèche tendroient à prouver
que l’on a confondu plusieurs bancs de nature et de couleur plus ou
moins semblables.
Le véritable bane bleu, celui qui repose sur le grès rouge et réf
if Jo u r n . d e P h y s . , t. Y II (îe^premier de 1786) , p. 406 et suiv.