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 dans  nos  environs,  que  la mer  a  plusieurs  fois  recouvert  les  conti-  
 nens,  que  ce  ne  seroit  pas  une  raison  de  mettre  cette  opinion  en  
 doute. 
 L ’examen  que  j’ai  fait  de  ces  poissons  ne  prouve  précisément  ni  
 pour  ni  contre  cette  opinion,  car  j’ai constaté  qu’ils  appartiennent  
 à un genre  aujourd’hui  inconnu  des  ichtyologistes,  mais  elle  prend  
 de la vraisemblance  si  l’on  considère  que  les  seuls  genres  auxquels  
 on  puisse  les  comparer,  ceux des esturgeons  et des lépiso&tées, sont  
 d’eau  douce,  et  que  les  quadrupèdes  ovipares  que  je  vais  décrire  
 habitent  le même  séjour.  Ces  reptiles,  il  est  vrai,  ne  sont  pas  des  
 crocodiles comme on l’a cru;.mais ce sont toujours des animaux dont  
 le genre  fréquente les marais  et  les bords des rivières,  , 
 Je  n’ai  vu  par moi-même  aucune de  ces  empreintes  de  reptiles;  
 mais j’en ai trouvé trois gravées dans des livres,  et mes amis de Berlin  
 m’en  ont procuré  le  dessin  d’une  quatrième.  Ces  images,  sans  me  
 mettre  en  état de  porter un jugement  aussi complet  et aussi sur que  
 si j’ avois  eu les pièces même à  examiner  et  à  disséquer,  me  fournissent  
 cependant déjà des données suffisantes pour déterminer le genre  
 et pour  caractériser,  jusqu’à un certain  point,  l’espèce  des animaux  
 qu’ elles présentent. 
 La première  est  celle  que  Chrétien-Maximilien  Spener, médeein  
 de Berlin,  sur  l’invitation du grand Leibnitz,  publia,  en  17 1 o ,  dans  
 les Miscellanea  berolinensia,  I , fig.  24  et  a5,  p.  99, comme  une  
 empreinte  qu’il  supposoit  de  crocodile,  mais  avec  quelque  doute.  
 Le morceau venoit  des mines de Kupfer-Suhl,  à  trois lieues d’Eise-  
 nach,  et une  et demie de  Salzungen.  O n l’avoittiré  de  près  de  cent  
 pieds  de  profondeur.  Les  os  étaient  en  quelque  sorte  métallisés  
 comme la  plupart  des  poissons des mêmes  couches. 
 La  seconde  de  ces  empreintes,  donnée  aussi  pour  celle  d’un  
 crocodile,  fit  l’objet  d’une  lettre  de  Henri  Link,  pharmacien  de  
 Leipsick,  au  célèbre  géologiste  anglais TVoodwardt,  imprimée  en  
 1718,  et dont une partie, ainsi  que  la  planche,  fut insérée  dans  les  
 Acta  Eruditorum  de  la  même  année,  p.  188,  pl.  II;  elle  est  du 
 même  lieu  et  sur  la même  sorte  de  pierre  que  la  précédente  (1). 
 La troisième  est gravée dans le traité de Cupro du fameux Emmanuel  
 Swedenborg, pl. IL L ’auteur la.regarde comme  une  espèce  de  
 guenon  ou  de sapajou,  et c’est sous  ce  titre  qu’elle  est citée dans  la  
 plupart  des traités  sur les pétrifications (2)*; elle venoit  des mines de  
 Glücksbrunn près  d’Altenstein, dans le pays  de Meinungen,  où  on  
 l’avoit trouvée  en  17 33.  I 
 Enfin la quatrième; dont je donne aujourd’hui  une .gravure, a été  
 retirée, en  1793, des mines de Rothenbourg près de la Saale, dans le  
 pays  de Halle,  à  deux cent soixante-quatre  pieds  sous  le sol,  et  est  
 aujourd’hui  dans le cabinet royal de Berlin. J’en dois un beau dessin  
 à  l’amitié  du célèbre  minéralogiste M.  Karsten,  et au talent de 1 habile  
 artiste M. Waehsmann. 
 Ces quatre morceaux,  trouvés dans des couches de meme nature,  
 présentent  certainement  aussi- des  animaux  d une  meme  espèce,  
 comme on peut en jugerpar la ressemblance de forme  et de grandeur  
 de toutes'les parties  Communes,  et  spécialement  de  l’épine,  de  la  
 queue  et d'une  partie  des membres.  ■ 
 On peut donc  les' employer toutes pour  reconstruire  un  individu  
 complet,  en  rattachant  au  trône  commun  les  parties  isolées  dans  
 chaque morceau. 
 'Spener nous fournit la tête;  le pied de  devant et presque  toute  la  
 queue.  Celle-ci  se  trouve aussi  dans  Link,  avec  une  extrémité  de  
 derrière ; les deux de devant complètes et une bonne partie du tronc.  
 Swedenborg a les côtes, presque toute la queue, les deux extrémités  
 de  derrière  bien complètes ,  et plusieurs parties de  celles  de devant. i 
 i (1)  Kmndwann,  Rar.  Nat.  ,e,t  Art.  ,,5 .7 5   i  il  y  Sj»  i*  ime  cppie.'dans  .1»  Physique'  
 sacrée de  Scheuclize?',  t..,I,  pl. LII. 
 '  Comme' d’Jrgè&iÜé,  Oryctologie  ,  p.  ® l ;   TValch,  sur  Kn'O'rr,  t.  I I ,  Met.  II,  
 p.  i5o';  Gmelin,  Syst.  nat.  lin .,  t. I I I ,  p.  Î87.  En  effet, meer-kalic  (chatde mer)  signir  
 fiant en  allemand  une, guenon ou  un  sapajou,  on a dû  croire que  c’.étoit là ce  que,Swedenborg  
 ypuloit  dire  par  les  mots, félis  marina;  M.  de Scemmerring  croit qu’il  aura plutôt  
 entendü  l e  plioca  ursina  que Millier a  aussi nomme  chat de mer ; mais le  fossile  dont il  est  
 question  n’est pas plus un phoque qu’untsapaj.OMt vùU