Cette description convient si bien à celle des bancs où sé sont
trouvés mes crocodiles de Honfleur, que je ne doute pas que le gisement
de celui-ci ne soit absolument le même.
La marée haute recoüvroit chaque fois ce squelette de cinq OU six
pieds d’eau, et jetoit sur lui du sable et des galets qui l’avoient fort
endommagé; Gomme il n’étoit qu’à quelques verges du pied d’urte
falaise très-élevée que la mer mine sans cesse, il n’y a point de doute
qu’il n’ait été autrefois recouvert de toute l’épaisseur de cette falaise.
Quand on le dessina, une partie des vertèbres et les os les plus minces
de la tête avoient déjà été enlevés par la mer ou par les curieux ; on
en fit un dessin sur place , et on détacha ensuite les OS le mieux
qu’on put, non sans en briser plusieurs. Ils doivent être maintenant
dans les cabinets de la Société royale.
Le dessin montre une colonne épinière côistournée, longue en
tout de neuf pieds anglais, mais qui n’est peut-être pas complète, et
une tête un peu déplacée, longue de deux pieds neuf pouces.
Il ne reste en placé qüe douze vertèbres de la queue, et une série
de dix autres vertèbres qui paroissent avoir formé les lombes, le
sacrum et la base de la queue ; Celles du cou, du dos et du milieu de
la quéUe n’ont laissé que leur empreinte ; mais il est impossible qüe
l ’espaée que cés dernières oècupoient ait suffi à plus de huit, en sorte
que là queue n’auroif eu que vingt-deux ou vingt-trois vertèbres
environ, ri elle n’étoit pâS tronquée âu bout. Par une raison semblable
où doit croire que cette colonne épinière' ü’étoit pas complété
en avant quand elle à été incrustée dans la pierre 5 eâr il n’y a paSy à
beaucoup près, la place nécessaire pour lé nombre de vertèbres ordinaire
aux crocodiles.
La tdtn est renversée, présentant sâ face inférieure. On voit ën
a r r i è r e le condyle occipital j aux deux côtés les arcades zygomatiques
qui se terminent en arrière| comme dâfis tous les crocodiles'.
eri deux larges ' èOndÿles pour là mâchoire inférieure,
lesquels® sont placés Sur la même ligue trimsvérSë que lé condyle
Occipital.
Le crâne n’occupoit qu’un espace étroit, et l’intervalle entre lui
et les arcades n’étoit garni que de lamelles très-minces, venant sans
doute des lames ptérygoïdien nés.
En avant la tête se rétrécit, non subitement, mais par degrés ,
comme dans les crocodiles d’Altorf et de Honfleur, en un museau
pointu qui étoit recouvert en certains endroits par des restes de la
mâchoire inférieure. A ces endroits-là, on voyoit dans les deux mâchoires
de grandes dents pointues, placées alternativement et se
croisant étroitement ; mais à ceux où la mâchoire inférieure avoit été
emportée, les dents de la supérieure étoient aussi enlevées, et l’on
ne voyoit que leurs alvéoles profonds, et placés aux mêmes distances
respectives que les dents elles-mêmes, c’ est-à-dire à trois quarts de
pouce. Vers la pointe il y avoit des défenses plus fortes que les autres
( largeJ'angs').■ L ’émail de ces dents étoit bien poli.
Les vertèbres paroissent avoir été placées sur le côté; nous en
avons donné le nombre ci-dessus. Chacune d’elles avoit trois pouces
anglais de long ; elles n’ont pas été décrites particulièrement, et il est
impossible de juger de leurs caractères par la gravure. Auprès de
l’endroit où devoit être le bassin, on trouva, en creusant la pierre,
une portion de l’os fémur, longue de trois à quatre pouces; mais il
n’y avoit que très-peu de chose de la partie des os innommés à laquelle
ce fémur s’articuloit. Quelques fragmens de côtes se trouvaient
aussi auprès des vertèbres dorsales. Des témoins dignes de foi qui
avoient vu ce squelette avant que la mer l’eût autant altéré, assurèrent
Cbapmann qu’ils y avoient aussi observé des vestiges d’extrémités
antérieures.
Cette description est tirée en partie du mémoire de Chapmann et
de celui de Woller, et en partie de leurs deux figures. Tant que l’on
n’a pas connu l’ichtyosaurus et les animaux qui en sont voisins y elle
porwoit suffire pour faire ranger ce fossile parmi les crocodiles.
Ainsi Camper sans doute ne se souvenoit plus de toutes les circonstances
énoncées dans les descriptions lorsqu’il prononça que
e’étoit une baleine; car la seule présence des dents aux deux mâchoires
suffisoit pour réfuter son assertion , puisque les baleines
n’ont aucunes dents. Aussi cet habile anatomiste ne donne-t-il
t. y, 2e. p. i5