Cependant le lépisostée a sur sa caudale carrée une production
écailleuse ( i) , pointue, qui rappelle très-bien celle qui revêt le lobe
supérieur du fossile, et les écailles de son bord dorsal sont exactement
les' mêmes.
Dans le fossile, il y a en avant de la caudale, sur le dos de la
queue, une série longitudinale de quelques écailles plus grandes
que les autres.
La même chose a lieu en avant de la dorsale, dont le tranchant antérieur
est aussi garni de fortes écailles se recouvrant comme des
tuiles, ce qui est exactement de même dans le lépisostée, à la différence
de l’esturgeon, où le revêtement de ce tranchant ne consiste
que dans les pointes des premiers rayons qui se dépassent successivement.
11 Cette dorsale est placée un peu plus avant que l’anale, circonstance
par oùle fossile diffère du lépisostée pour se rapprocher de l’esturgeon
, car dans celui-ci la dorsale est placée de même, tandis que
dans le lépisostée elle est au contraire un peu plus en arriéré. Les
ventrales sont à peu près à égale distance, entre les pectorales et
l’anale.
Quant à la tête, elle ne ressemble à celle d’aucun dès deux genres
auxquels nous comparons ces fossiles; elle paroît avoir été courte et
obtuse, mais la compression l’a tellement déformée que je ne puis
en distinguer les parties, ni même dire quelle étoit la direction de la
bouche, si elle étoit ou non armée de dents, et s’il y avoit des rayons
à la membrane branchiostège.
C’est de ces deux circonstances que dépendra le placement de ce
poisson dans la proximité des esturgeons ou dans celle des lépisostées.
Leur squelette n’ayant presque jamais laissé de traces distinctes ,
on pourroit être porté à croire que ces poissons étoient cartilagineux,
et cette idée seroit encore favorable à leur rapprochement avec
l’esturgeon.
Parmi les divers échantillons que j’ai sous les yeux, j’en vois qui
x-' Voyez seulement sa figure dans Bloch, pl. 3go.
ont le corps plus grêle et la dorsale plus en avant ; ils viennent
tous des vrais schistes cuivreux bitumineux noirs. D’autres sont plus
élevés, et leur dorsale n’est que de peu de chose plus avancée que
l’anale': je n’en trouve que dans les mines de mercure du Palatinat.
J’ai lieu de croire que ce sont deux espèces différentes, mais du
même genre, genre qui ne paroît pas au reste avoir été absolument
particulier au schiste cuivreux bitumineux ; car je vois dans les schistes
grisdePapenheim cfes restes d’une grande espèce qui, par ses écailles
et par l’armurede sa caudale, ne peut manquer d’y avoir appartenu,
et j’en ai sous les yeux de nombreux échantillons de deux autres
dans des schistes noirs non cuivreux, les uns des environs diA u-
tun (i) , les autres du Connecticut dans les Etats-Unis.
Ainsi lors de la première déposition des terrains secondaires, un
genre de poissons aujourd’hui inconnu étoit répandu sur des points
qui appartiennent maintenant aux deux' hémisphères.
. L ’autre forme, peut-être générique, mais à ce que je crois de la
même famille que la précédente, a été représentée aussi par divers
auteurs (a).
On la trouve surtout dans des rognons de schiste noir mêlés de
veines de .calcaire blanc ; sa forme est bien plus haute et plus courte ;
ses écailles paroissent avoir été rectangulaires et disposées sur des
lignes verticales; sa dorsale et son anale occupoient une plus grande
longueur; mais sa caudale étoit de même fourchue, à lobes inégaux,
revêtue d’écailles seulement au lobe supérieur. Ceux qui ont cru y
voir des pleuronectes se sont fortement trompés,.
Je reviendrai sur ces poissons et sur les autres poissons fossiles
dans l’ouvrage que je me propose de publier immédiatement après
celui-ci'. .. : J. t,.. ; . .-.n; .
(ï) G’est probablement celui que M.'de Blainville désigne sous le nom depaloeoihrissum
inceqïiitobiim.
(2) Scheuchzer, Pïscium querelæ, pl. IV, fig. 1 et 3 ; W o lf art, Hist. nat. Hassiæ infer.,
part. ï , pl. X I I I , pl. X IV , fig- ï ; M fliu s , memorabilia Saxoniæ infer., IIe. partie, p .85y
Knorr-f Monumens du Déluge, pl. X X , fig. 1.