
 
		Veran.  Elle  a  douze  collinestoutes-  divisées,  et  sa  longueur  va  à  
 0,2,37.  Mais  le plus beau morceau de ce genre dout j’aie eu  connois-  
 sance,  c’est une  demi-mâchoire  inférieure,  à  laquelle  il  ne manque  
 qu’un  peu  de  son  apophyse  coronoïde,  et  dont  M.  le  comte  de  
 Breuner,  directeur des mines en Autriche, a bien voulu envoyer un  
 modèle peint  au  Cabinet  du  Roi.  Elle  a  été  trouvée  dans une  des  
 terres de ce gentilhomme, à S tetten h o f, au cercle du bas Manharts-  
 berg, dans  la basse  Autriche,  et  à peu  près  à  trois  lieues  au nord-  
 ouest  de  Krem s,  où  nous  avons  vu  (t.  I ,  p.  253)  qu’il  avoit  été  
 recueilli  en  i 645  des  os  de  ce  genre  qui  passoient  pour  ceux  d’un  
 géant. 
 Cette  demi-mâchoire, à  ce  que M.  le  comte de  Breuner m’a  fait  
 l’honneur  de m’écrire,  étoit  sur  le  sommet  d’une  colline  élevée  à  
 quatre  cents  pieds  au-dessus  du  niveau  du Danube  dans  un  sable  
 ferrugineux,  agglutiné,  qui  repose  immédiatement  sur  le  calcaire  
 grossier,  et  qui  est  recouvert  par  le  terrain meuble  où  se  trouvent  
 des os d’éléphans et quelquefois de rhinocéros. Les os de mastodontes  
 sont  ainsi plus profondément et presque toujours oassési Ceux d’éléphans  
 et  de  rhinocéros sont plus  superficiels  et plus  entiers.  M.  de  
 Breuner en  a  même trouvé les squelettes  presque  odmpletsjde  cinq  
 individus dans un même lieu. 
 La  mâchoire de  mastodonte en question est. fort semblable à celle  
 du  grand mastodonte,  c’est-à-dire  que  son  angle est moins  arrondi  
 que  celui  de  l’éléphant, son bord  inférieur  plus rectiligne ,■ son  bec  
 dirigé plus  en  avant.  Elle  porte  une  première dent à huit pointés et  
 un  talon, usée, et  une  seconde aussi à huit pointes, mais encore  intacte. 
   Les  deux  ensemble  occupent  une  longueur de  »,32;  la  hauteur  
 de l’apophyse condyloïde,  au-dessus  du  bord  inférieur,  est  de  
 o,43;  celle de  la  coronoïde de 0,40 ; la  largeur  de sa  branche montante  
 ,• au-dessous  de  ses  deux  apophyses ,  de  o,3 ; la  hauteur  de  sa  
 branche dentaire, entre les deux dents, de 0,19,  et en avant de l’antérieure  
 de  0,24. De  ce point,  la ligne oblique qui descend jusqu’au  
 bout  du bec)  est de 0,24. 
 M.  B ou e,  si connu par ses descriptions géologiques de l’Ecosse  et 
 de l’Allemagne,  ainsi que par ses nombreuses observations, m assure  
 avoir vu dans le cabinet impérial de Vienne de  ces os de mastodonte,  
 dans  une  gangue  qu’il  regarde  comme  analogue  à  la  craie.  Us  ont  
 été trouvés dans le .Leithagebirge,  chaîne  qui  sépare  la  basse  Autriche, 
   au  nord du Danube,  de  la  partie  voisine de la Hongrie.  Ces  
 dessins, que M. Boué m’a adressés, prouvent incontestablement que  
 les os viennent  en  effet  de  ce  genre, mais  il  seroit  peut—etre nécessaire  
 de  revoir  leur  gisement avant de leur donner une si haute  antiquité. 
   Cependant M. Boité cherche à-appuyer son opinion par des os  
 deruminans qu’il m’a remis dans une gangue assez semblable  à notre  
 calcaire grossier, et il  allègue aussi en sa faveur les lignites de Suisse,  
 si  riches  en  ossemens  de mammifères,  dont  je  vais  parler. 
 Je  ne  puis  en  effet  aucunement  douter  que ces  lignites  ne  contiennent  
 des os  de  plusieurs grands quadrupèdes,  et  notamment de  
 ce mastodonte  à dents étroites dont nous nous occupons maintenant,  
 ainsi que M. Meissner  l’a  annoncé  dans  le Muséum  d’histoire naturelle  
 de  Berne)  et dans l’Indicateur  de  la  Société  helvétique  d’histoire  
 naturelle ,  où il  a  décrit  et  représenté  des  portions très-recon-  
 noissables de dents de mastodonte  des lignites  de  Koe pfnach, sur le  
 bord  occidental  du  lac  de  Zurich. 
 M.  le  comte  V italien  Borromeo  de Milan,  a  eu  l’extreme  complaisance  
 de me  confier pour mon  inspection quatre morceaux  tirés  
 des lignites  d’Horgenun  peu  au-dessous  de  Koepfnach,  et  parmi  
 lesquels il y a une petite molaire à quatre pointes,  et  deux fragmens  
 de  défense  parfaitement  reconnoissables  à leur tissu intérieur,  pareil  
 à  celui de l’ivoire,  et à leur émail cannelé longitudinalement comme  
 celui  du  fragment  de  Sairiac,  dont nous  avons parlé  t.  III,  p. 3y8. 
 J’ai sous lesyeux un  dessin  fait par M.  Schintz,  professeur  à  Zurich, 
  de  trois  grandes mâchelières,  dont  deux  adhèrent  encore  à  la  
 mâchoire,  et qui  sont  manifestement  de mastodonte.-Elles  ont  été  
 tirées  aussi  des  lignites  de Koepfnach.  Il  y  avoit  avec  elles  une  défense  
 brisée,  dont le longueur doit  avoir été  de  deux pieds  et demi.  
 Son  émail  est  cannelé  comme  celui  des  morceaux  que  je  viens de  
 décrire.  -,