mesures précises données par Collini, se trouve avoir le museau de
plus d’un quart trop court.
Cette tète a, selon Collini, un pied sept pouces (o,5i 5) de longueur,
quoique le museau soit tronqué, et cinq pouces six lignes
(0,149) de largeur à la base.
C’est comme 38 à 1 1 , ou près de trois fois et demie la largeur.
La figure de Collini annonce même une longueur encore plus considérable,
et qui égaleroit quatre fois et demie la largeur ; tandis que
dans la figure de M. Faujas elle n’est pas tout-à-fait triple.
Le discours de ce dernier auteur n’éclaircit pas l’obscurité produite
par la figure; car dans un endroit il dit que cette tète a deux
pieds de long (1), dans un autre il s’en tient à la mesure donnée par
Collini (ai).. ...
Le dessinateur de Collini s’est-il trompé en plus? celui de M. Faujas
s’est-il trompé en moins? ou le morceau a-t-il été raccourci par
quelque accident? c’est ce que le premier observateur qui-visitera ce
cabinet pourra sans doute nous apprendre.(3). Quant à moi, d’après
çe que je dirai plus bas sur une des espèces de Honfleur, je suis persuadé
que le dessinateur de Collini est encore celui qui nous donne
l’idée la plus juste de ce morceau.
Quoi qu’il en soit, dans le grand gavial du Gange, la longueur
est à la largeur à la base comme 25 à 9 , ou la comprend un peu plus
de deux fois et deux tiers de fois ; par conséquent la tête fossile n’est
pas de la même espèce.
D’ailleurs la forme de la tête de gavial qui se rétrécit subitement
en avant pour former le museau, et dont le crâne est plus large
que long,, est toute différente de célle de ce fossile, dont le crâne
est oblong et diminue graduellement en avant. Sous ce rapport, l’animal
d’Altorf ressemble essentiellement à l’un de ceux de Honfleur.
Il y avoit des embarras semblables sur les dimensions de la tête de
(1) H is t . d e la Mo nt, d e S a in t -P ie r r e , p. z5q.
(2) E s s a is d e G é o lo g ie , I , p. 161.
(3) J’ai prié M. Succow, directeur du cabinet de Manheim , de me procurer un dessin
exact de ce morceau , et j’espère pouvoir en faire jouir mes lecteurs.
Darmstadt: Merk, dans une lettre à M. de Soemmerring, en portoit
la longueur à vingt-six pouces. Si c’est la même que celle de Baudei-,
elle n’en auroit eu selon Walch que vingt-trois. Cette dernière mer
sure s’accorde assez avec celle de M. Faujas, qui lui en donne vingt-
deux. Mais d’un autre côté, la figure de M. Faujas ne ressemble
pas à celle de Walch, et le nombre des dents annoncé par Merk et
par M. Faujas est plus considérable qu'il ne paroît dans Walch.
M. Schleyermacher vient de mettre fin a ces incertitudes, en m’adressant
de beaux dessins de ce fossile, faits avec la dernière exactitude,
par M. Millier, directeur de la galerie dé Darmstadt. On
y voit que le fragment de müseau ne se joint pas Complètement au
reste de la tête, qu’ainsi l’on ne peut assigner parfaitement la longueur
de celle-ci, mais qu’elle va en diminuant par degrés ' du
crâne au museau, et ressemble par conséquent à celles de Honfleur.
Nous y reviendrons à l’article de ces derniers.
La couleur grise de la pierre, les cristallisations spathiques dont
les os sont remplis, selon Collini, sont autant de circonstances qui
font ressembler la gangue de ces animaux à celle des ossemens de
crocodile de Honfleur que je décrirai bientôt ; et il est fort à regretter
que quelque minéralogiste moderne ne nous ait point encore décrit
ces carrières d’Altorf, ni rapporté exactement la nature des couches
placées au-dessus et au-dessous de celles qui ont fourni les os de
crocodiles.
11 paroît que l’on a déterré de ces animaux en d’autres endroits de
l’Allemagne, mais on n’a aucune indication précise des couches qui
les renfermoient.
Ainsi, selon Schroeder (1), on auroit découvert en T j5!ÿ, à Erke-
rode à une demi-lieue de Brunswick, un squelette entier de crocodile,
dont la tête, longue d’un pied, avec toutes ses dents, seroit
dans le cabinet ducal de cette dernière ville. C’est encore là uh de
ces trésors que l’incurie des gardiens des cabinets des princes semble
se faire un plaisir de cacher au monde savant. 1
(1) M a t é r ia u x p o u r W i s t . n a t . , en allem., 1 7 7 4 ,P- 148, cité par M. de Soemmerring.