gueur seroit encore plus étonnante ; maisil est probable que sa queue
n est pas si longue à proportion: en le comparant seulement au crocodile,
on lui donneroit toujours plus de trente pieds.
L ’un des hommes qui honorent la géologie par des observations
précises et suivies, et par la résistance la plus constante aux hypothèses
hasardées, ,M. le professeur Buckland a fait depuis plusieurs
années cette belle découverte, et j’en ai vu les pièces chez lui à Oxford,
en 1818; j’y en ai même dessiné quelques-unes; maisil à eu,
depuis, la complaisance de m’adresser le mémoire qu’il'va donner sur
ce sujet dans le recueil de la Société géologique de Londres, où il
fait connoître exactement les os qu’il possède et les circonstances de
leur gisement : c’est de cet écrit que je tire les principaux matériaux
du présent article.
On a découvert ces os h Stonesfîéld, heu de l’Oxfordshire, situé
près deWoodstok, à douze milles d’Oxford, dans un banc de schiste
calcaire qui devient sablonneux en quelques endroits ; et queM. Buckland
, dans son tableau géologique des couches de l’Angleterre-,
no ai me schiste de, Stonesfield. Cette pierre, que l’on éxploite pour
en couvrir les maisons, est placée un peu au-dessous de la région
moyenne des couches oolitiques et au-dessus du lias qui contient les
ichthyosaurus. Elle- doit ressembler beaucoup aux schistes calcaires
de Bavière, et il ne seroit pas impossible qu’ elle leur correspondît
plus qu’on ne croit dans l’ordre géologique;
On y arrive par des puits percés au travers de plus dé quarante
pieds d un roc solide de cette autre espèce de pierre que les Anglais
nomment combrash, et d’argile feuilletée.
Ce banc de schiste; qui n’a jamais plus de six pieds d’épaisseur,
s’étend fort loin dans l’Angleterre : c’ést donc une couche aussi régulière
qu’ancienne, et il n’y a pas lieu de croire que les os fossiles
qu’elle, contient y aient pénétré par quelque fente ou quelque autre
ouverture accidentelle.
Les morceaux que l’on a recueillis sont un fragment dé mâchoire,
pl. X X I , fig. 9 et 10, long de 0,29, contenant une dent développée
et plusieurs germes ; un fémur, fig. 18 et 19, long, comme je viens
de le dire, de O,8o5 ; une suite de cinq vertèbres, fig. 14, Elisant
ensemble une longueur de o,56; un grand os plat, fig. 17, qui semble
un coracôïdien, et quelques autres os moins déterminables, dont
une partie paroissent ayoir été roulés et usés par le frottement.
Par malheur ils ne se sont pas trouvés ensemble, ni même (à
l’exception des vertèbres) réunis.deux à deux, ou trois à trois, de
manière à rendre vraisemblable qu’ils soient provenus du même individu,
et, qui plus est, ce n’est que par leurs rapports zoologiques
et par leur existence dans les mêmes carrières que l’on peut conclure
qu’ils viennent d’une même espèce : encore ces rapports zoologiques
sont-ils d’une nature assez équivoque et assez mélangée.
Pour commencer leur examen par les dents , on peut remarquer
d’abord qu’elles sont très-semblables à celles de l’animal de M on-
lieim que nous venons de;décrire, c’est-à-dire comprimées, aiguës,
arquées vers l’arrière, et à deux tranchans finement dentelés. Leur
tranchant antérieur est un peu plus épais, et les dentelures s’y usent
plus vite,
Il paroît, par la fig. 9, qu’elles sortent d’alvéoles assez bien cernés,
et que les germes de remplacement percent la mâchoire au côté interne
des dents en place, et dans des alvéoles distincts.
On en a représenté une des plus fortes à moitié grandeur, fig. ir;
parle tranchant, et fig. 12, parle plat; et de grandeur naturelle, fig. t 3.
La dent toute développée a sa couronne longue de o,o55, en mesurant
la corde de son bord concave; c’est, par rapport au fémur,
une dimension plus grande encore que n’indiqueroit la proportion
entre une dent et un fémur de.monitor à dent tranchante; car, dans
un monitor de quatre pieds et demi de long, les dents n’ont cette
partie que deo,oo5 ; ainsi, en admettant ces proportions, l’animal
auroit près de cinquante pieds.
Du reste cette dent fossile, qui est en grand le portrait exact
d’une de ces dents de monitor , n’est pas non plus sans ressemblance
avec celles du crocodile d’Argenton que nous avons décrites ci-dessus,,
p. 166.
M, Buckland dit que ces dents ne prennent point d’adhérence à la
T. V , 2«. P. 44