ont un crocodile sacré qu’ils nourrissent séparément dans un la c,
qui est doux pour les prêtres et qu’ils nomment sucms.
C’est ainsi que le boeuf sacré de Memphis s’appeloit apis , celui
à!Héliopolis mnevis , et celui d’Hermonthis pacis ( i ). M nevis, apis
et pacis n’étoient pas des races particulières de boeufs, mais bien des
boeufs individuels consacrés.
Strabon, dans le récit qu’il fait du crocodile à qui il donna à manger,
ne parle que d’un individu. Hérodote n’attribue aussi qu’à un
seul individu les omemens et les honneurs qu’il détaille. On en
choisit un, dit-il.
Diodore parle du crocodile du lac Moeris , du bouc de Mendès,
dans la même phrase que à’apis et de mnevis: il n’entend donc aussi
que des individus.
Plutarque est plus exprès qu’aucun autre. (( Quoique quelques
» Egyptiens , dit-il, révèrent toute l’espèce des chiens, d’autres
» celle des loups, et d’autres celle des crocodiles, ils n’en nourris-
» sent pourtant qu’un respectivement : les uns un chien, les autres
» un loup, et les autres un crocodile; parce qu’il ne seroit pas pos-
» sible de les nourrir tous. »
Je sais qu’Ælien a l’air d’en supposer plusieurs dans l’histoire qu’il
rapporte d’un Ptolomée quiles consultoit comme des oracles : Quum
e x crocodilis, antiquissimum et proestantissimum appellaret (2) ;
mais Plutarque, rapportant la même histoire, n’en met qu’un seul :
le sacré crocodile (3).
Il est vrai que toute l’espèce étoit épargnée dans les lieux où l’on
en élevoit un individu. Il est vrai encore que ces individus consacrés,
nourris et bien traités par les prêtres, finissoient par s’apprivoiser;
mais loin que ce fût un caractère particulier de leur espèce, les anciens
rapportent unanimement ce fait comme une preuve qu’il n’est
point d’animal si cruel qui ne puisse s’adoucir par les soins de l’homme,
(1) Macrob. Saturn., lib. I , cap. X X I .
(2) An im ., Y I I I , 4-
(3) Quels anim. sont plus avis. OEuvres Mor., 5 i7 ,,F .
et surtout par l’abondance de la nourriture. Aristote conclut expressément
de cette familiarité des prêtres et dés crocodiles, que les ani-
mauxlesplus féroces habiteroient paisiblement ensemble si les vivres
ne leur manquoient pas (i).
On a d’ailleurs la preuve que les crocodiles les plus communs dans
les cantons où leur culte étoit établi n’étoient pas plus doux que ceux
du reste de l’Egypte; au contraire, ils étoient plus cruels, parce
qu’ils étoient moins timides! Ælien rapporte que chez les Tyntyrites,
qui les détruisoient tant qu’ils pouvoient, on se baignoit etnagéoit en
sûreté dansle fleuve ; tandis qu’à Ombos, à Coptos et à A rsin o ë, où
on les révéroit, il n’étoit pas même sûr de se promener sur le rivage,
à plus forte raison de s’y laver les pieds ou d’y puiser de l’eau (2).
Il ajoute dans un autre endroit, que les habitans tenoient à honneur
et sé réjouissoient quand ces animaux dévoroient leurs enfans (3).
Enfin, quelle que fût la raison primitive d’un culte aussi stupide
que celui du crocodile, on a la preuve que les Egyptiens ne l’attri-
budiënt pas à la douceur d’une espèce qui en auroit été honorée
particulièrement. Au contraire, plusieurs pensoient que cetoit leur
férocité même qui les faisoit adorer, parce qu’elle les rendoit utiles
au pays, en arrêtant lèT courses des voleurs arabes et lybiens,: qui,
sans les crocodiles, auroient passé et repassé sans cesse le fleuve et
ses canaux. Diodore cite en détail cette raison parmi plusieurs autres.
Cicéron l’avoit déjà citée avant lui: Æ gyptii nullam belluam nisi
ob aliquam utilitatem consecraçenint ■ crocodilum, quod terrore
arceat latrones.
Il reste donc à expliquer le passage bizarre de Damascius, rapporté
par Photius, qui a occasioné la supposition de Jablonski et de
M. Larcher.
O '17r7ra7roro.iJ.ot, àJ'ix.ov ÇcSov — 0' SS^oç (ou plutôt Ssrwç, comme le
portent les manuscrits ) S'ikclioç. O'.ouo. S'i xçoxoJW/Va soi HAoç 6 ^.syat ;
a ya.li oJisii
(x) Hist. An. y I X , cap. i.
(2) Æ lie n , A n im ., X , 24.
(3) Idem, 21.