J’ai trouvé aussi, parmi les morceaux envoyés de Seichem, une
portion d’un os plat qui m’a paru d’abord avoir été une omoplate,
très-semblable par sa grande largeur, par la courbure , la grosseur
et la brièveté de son cou, à cette même partie dans les monitors,
mais très-différente de l’omoplate étroite du crocodile, et même.de
celle de l’iguane. Nous donnons l’omoplate fossile fig. 9, pl. X IX , et
celle du monitor, fig. u .
Mais tout récemment, M. H enkelius, pharmacien de Maestricht,
a bien voulu m adresser le dessin colorié et de grandeur naturelle
d un os, fig. 14, qui paroît avoir été le même, mais où il semble
qu’il y ait eu une profonde échancrure, et vers la base duquel il pa-
roit y avoir eu un trou, ce qui le fait fortement ressembler h l’os
claviculaire d’un lézard ordinaire.
Sur la meme pierre, est un autre os, fig. i 5 , plat, plus large h
proportion que le précédent , et qui paroit avoir eu une large échancrure
d un coté de son bord, et une petite de l’autrè. Sa face glé-
noïde est large. Peut-être a-t-il autant de droit que le précédent à
etré regardé comme l’os coracoïdien; dans tous les cas, l’épaule de
notre animal doit avoir eu de grands rapports avec celle des lézards.
Je n’ai pu me procurer encore aucun os long.
Celui qui est donné pour un fém u r ( Mont, de Saint-Pierre\
pl. X ) n’est autre chose que l’humérus d’une grande tortue vu par
le côté de sa petite tubérosité, et dont la grande est détruite ou cachée
dans la pierre. Nous le représentons pl. X IX , fig. i 3.
M. Adrien Camper, dans son second mémoire, en représente un
où il a cru voir un humérus mutilé. En renversant sa figure, j’y
trouve plutôt (pl. X X , fig. 24) Ie cubitus d’un monitor, et s’il vient
de notre animal, il annonceroit que ses extrémités étoient assez
élevées.
Les os des mains et des,pieds, autant qu’on lesconnoît, semble-
roient au contraire avoir appartenu à des espèces., de nageoires assez
contractées, et plus ou moins semblables h celles des dauphins ou des
plésiosaurus. C’est à M. Camper qu’on en doit les figures ; mais ces
os tires de la collection de Hofmann, recueillis à-différentes époques
et sur diférens points, n’offrent que leurs.fonnes individuelles pour
moyen de détermination.
Quelques-uns paroissent ressembler beaucoup aux deux os principaux
du carpe du crocodile : fig, 4> pb X X , par exemple, à l'interne,
et fig. 6, à 1 externe; d'autres, comme fig. 7 et 8, pourroient
etre des phalanges ; fig. 21 seroit probablement une phalange onguéale;
fig. 5 ne peut guère se comparer qu’à l’os cubital du premier
rang d un saurien, mais qui seroit de taille énorme ; quant aux fig. 22
et 23, leur largeur me fait mettre en doute s’ils ne proviennent pas
des tortues, non moins communes dans ces carrières que le grand
.saurien.
i^,u reste, je n’ai pas besoin de dire que ce.n’est qu’en hésitant que
je me permets de présenter des conjectures d’après de simples dessins,
sur des os où la comparaison immédiate elle-même suffirait à
Pôîùe> tant est grande leur variété et le peu de précision de leurs
formes,.dans les rapides.
I l n’en reste pas moins constant que le grand animal de Maestricht
a dû former un intermédiaire entre la tribu des sauriens sans dents
T fi comprend les monitors, les-sauvegardes, les ameiva,
et celle des sauriens à dents palatines ou plutôt ptérygoïdiennes , tels
que les,lézards ordinaires, les iguanes, les marbrés et les anolis; mais
fjù’il ÙP tenoit aux crocodiles que par quelques;caractères: partiels et
par les liens généraux qui réunissent toute la grande famille des quadrupèdes
ovipares.
paps doute il paroitra étrange à quelques naturalistes de voir un
anmial surpasser autant en dimensionsles genres dont il se rapproche
le plus dans l’ordre naturel, et d’en trouver les,débris avec des productions
marines , tandis qu’aucun saqrien ne parçût aujourd’hui
vivre dans l’eau salée ; mais ces singularités sont bien peu considérables
en comparaison de tant d’autres que npus offrent les nombreux
monumens de: l’histoire naturelle du monde, ancien. Nous
avons déjà vu un tapir de la taille de l’éléphant; le mégalonyx nous
offre un paresseux de celle du rhinocéros; qu’y a-t-il d’étonnant de
trouver dans l’animal de Maestricht un lézard grand comme un cro-
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