duquel s’ouvre quelquefois l’alvéole de la dent de remplacement, y
est surtout très-frappante.
Pierre Gamper, qui s’étoit fort bien aperçu de ce mode de dentition
, n’avoit garde de le comparer à celui du crocodile. Il paroît
même qu’il en fut extrêmement frappé.
K La dentition est si singulière, dit-il, dans ces mâchoires fossiles,
» quelle mérite uüe description particulière (i). — Une petite dent
» secondaire est formée tout à la fois avec son émail et sa racine
» solide dans là substance osseuse de la dent temporaire. — En con-
» tinuant à croître, elle semble former par degrés une cavité suffi-
t> santé dans la racine osseuse de la dent primitive, mais il ni est im-
)> possible de décider ce qu’elle devient ensuite, ni de quelle.ma-
5> nière elle tombe (a). »
Tout l’embarras de cet habile homme venoit de ce qu’il n’âvôit
pas étudié la dentition des poissons osseux, ni celle des manitors et
dé plusieurs autres reptiles sauriens ou ophidiens ; car elle est la
même que dans notre animal.
J ’avois déjà exposé l’histoire de cette dentition dans mes Leçons
d’Anatomie comparée, III, n i , n 3, etc. ; mais j’y;-ai aussi,commis
l’erreur d’appeler racine cette partie celluleuse et osseuse qui
s’unit à l’osmaxillaire. J’ai reconnu depuis, et c’est ce que j’explique
p. 274 ci-dessus, dans l’histoire de la dentition des lézards, que -c’est
simplement le noyau de la dent qui, au lieu de rester pulpeux comme
dans les quadrupèdes jusqu’à ce qu’ilsedétmise, s’ossifie et fait corps
avec son alvéole. La dent n’a point de vraie racine., mais elle adhère
fortement à ce noyau qui l’a sécrétée, et elle ,y est encore retenue
par le reste de la capsule qui avoit fourni l’émail, et qui, en s’ossifiant
aussi et en s’unissant, et à l’os maxillaire et au noyau devenu
osseux, enchâsse ou sertit la dent avec une «nouvelle force. On conçoit
très-bien que ce noyau identifié avec l’os maxillaire puisse subir
les mêmes changemens que lui 5 que 1 alvéolé de ,1a deut de rempla- 1
(1) OÈuvres de Camper, trad. ïran ç ., 1 , 366.
(a) tbid., 367.
cernent puisse pénétrer sa solidité^ que la compression puisse le détacher,
soit en le cassant, soit en oblitérant les vaisseaux qui le nourrissent;
ma un mot, qu’il soit exposé à des révolutions analogues,
comme je l’ai dit, à celles du bois des cerfs, mais très-différentes de
celles qu’éprouve la dent qui est toujours un corps devenu étranger
À 1 animal qui l’a sécrété, ainsi que je l’ai démontré après Hunter,
dans mon chapitre sur les ossemens d’éléphans (t. I , p. 3i ,et suiv. ).
Les cétacés n’offrent rien de semblable, non plus que les crocodiles;
les dents des cétacés se.remplissent, il est vrai, avec l’âge et
deviennent solides; mais loin d’adhérer à l’alvéole par une pièce osseuse
intermédiaire, elles n’y sont que faiblement retenues par la
substance fibreuse de la gencive, une fois qu’elles sont remplies de
la.substanoe.de l’ivoire et que leur noyau pulpeux s’est oblitéré.
On ne peut donc hésiter sur la place de notre animal qu’entre les
poissons osseux et les iguanes et monitors. Un examen attentif de ses
mâehoiresmettra bientôt fin à ce doute, en même temps qu’il confirmera
l’exclusion donnée aux cétacés et aux crocodiles.
P,o,ur y procéder plusffacilement, nous avons .encore fait dessiner
et graver, fig. x, la.grande tête de notre Muséum, qui l’a déjà été si
souvent, mais toujours .assez incorrectement et sans explication os-
téologique (x).
■ Cette tête, un peu en.désordre, présente,
x°. .Le côté -gauche de la mâchoire inférieure bien entier, et vu à
sa.face,externe, a
20. Le côté droit, vu à sa face interne, c d , dont la partie postérieure
, un. peu masquée par les palatins, se continue jusqu’en e ,•
,3°., L ’os maxillaire supérieur droit, vu par sa face interne et par
..(1) Il y en a une gravure grossière dans les Dons de la Nature, par Euchoz, pl. 6 ; une
autre , qui rie Test guère moins, dans'le Magasin encyclopédique, première année, t. Y I ,
p. 3 4 ; une troisième , où elle“est représentée à rebours , Hist. delà Mont, de Saint-Pierre,
pl. i y ; une quatrième, :très-belle, d’après Maréchal, mais.mal terminée dans le haut, ibid.,
pl. L I ; une cinquième , qui n’estrque la réduction delà précédente, Essais de G éologie, I ,
pl. Y III bis. Enfin M. Van Marum donne les os palatins Séparés, Mém. de la Société Teylé-
rienne, année iygo f pl. I I , et M. Adrien Camper, la partie postérieure de la mâchoire
inférieure, Journ, de P h y s ., vendémiaire.an 9 , .pl. I I , fig. 4*