C’est ainsi que nous serons conduits à reconnoître dans 1 os carré
un véritable os tympanique (i).
Ce n’est pas toutefois que cet os renferme toute la cavité de la
caisse, même en faisant abstraction des cellules mastoïdiennes; mais
clans les mammifères il ne la forme pas non plus à lui seul : le rocher,
le temporal écailleux et souvent le sphénoïde y contribuent aussi.
La caisse est une grande cavité formée par plusieurs os; sa paroi
interne est toujours du rocher; l’os de la caisse forme en général une
grande partie de cette cavité, toute sa paroi extérieure et inférieure.
Le cadre du tympan est la partie de l’os de la caisse qui s’ossifie la
première; il arrive quelquefois, comme dans les sarigues, que c est
la seule partie qui s’ossifie. Mais il n’y a , ni dans les mammifères, ni
dans d’autres classes, une époque où il existe un os de la caisse différent
du cadre du tympan (2).
(1) C’est à M.Schneider ¥ qu’appartient cette détermination de l’analogie de l’os tympanique
du crocodile et des autres reptiles avec l’osr carré dans les oiseaux. Ce naturaliste nom-
moit cet os intermaxillaire commun. Mais c’est M. Geoffroy ** qui a établi d’une manière
■ générale les rapports de cet os avec la caisse des mammifères, et éoü travail à cet égard ,
l’un des premiers qui ait eu pour objet direct de saisir l’analogie des os de la tête dans toutes
les classes, est certainement digne des plus grand_s éloges.
Cette analogie n’a fait dès lors que se confirmer par quelque côté qu’on l’ait envisagée , et
dans quelque genre d’ovipare que l’on ait cbércbé à là vérifier.
Il est fâcheux que son auteur en ait depuis; altéré la pureté , en voulant faire entrer aussi
dans la composition de cette pièce l’analogue dé l’os styloïde ***.
(2) M. Oken en traduisant, soit le mémoire de M. Geoffroy, soit le mien, soutenoit
que nous avions confondu le cadre' du tympan avec un prétendu os de là caisse. Il a déjà été
rectifié à-cet égard par M. Bojanus, dans FIsis de 1821, n°. X II ; mais M. Bojanus , apres
avoir reconnu la vérité par rapport aux m ammifères, s’en éloigne aussitôt, et va chercher
dans lés oiseaux le tympanique dans la lame inférieure du sphénoïde, et veut fairé de 1 os
carré un temporal écailleux, réduit à ne servir qu’à l’articulation de la mâchoire inférieure.
Je dirai en passant que cet os tympanique, cet os carré , est pour M. Oken la clavicule , et
pour M. Spix l’ischion de la tête.
* Hist. Amphib. natur. et litter., fasçic. I I , p. 63.
m Arm. du Mus., t. X , p. 34a— 365, dans ses observations anatomiques sur le crocodile et dans son
ostëologie de la tête des oiseaux.
*** Il m’a été impossible de m’expliquer comment M. Geoffroy a cru voir dans la tortue matamata et dans
l’ornithorinque et l’échidné un os styloïdien et un os tympanique distincts, et tellement disposés que l’on puisse
soupcbnner qu’ils se réunissent dans l’os tympanique du crocodile. Cependant cette annonce peu claire a été
répétée (à la vérité, je crois, comme simple citation) par M. Meckel dans ses Matériaux pour l’Anatomie
comparée, t. II, p. 7? el 79* *
La caisse et le rocher une fois- bien déterminés, il reste deux os
entre lesquels il faut choisir le représentant d»;mastoïdien et celui
du temporal écailleux et zygomatique.
Bien que dans le crocodile leur bgure et leurs connexions ne soient
peut-être pas entièrement décisives, j’ai pensé dès 1 origine CQmmq
M. Geoffroy, que l’os lamelleux,^ , p f -inséré entre la caisse et le
jugal, étoit le temporal écailleux; et que l’os triangulaire,. n.,ri, qui
est encore adhérent au crâne , qui couvre en partie Ips cellules
mastoïdiennes, devoit être le mastoïdien.
Le temporal écailleux se trouver.oit entièrement séparé du crâne,
mais ce ne seroit autre ehose qu’une extension de ce que no.us avons
déjà vu commencer dans les ruminans et dans les cétacés (t), ■
Ce qui confirme encore cette détermination , -c est que .cet os
prend dans les lézards et les tortues de terré la forme et les fonctions
d’une arcade zygomatique, et que dans les tortues de mer il s élargit
et va s’unir au mastoïdien et au frontal postérieur; en un mot, c est
l’apophyse zygomatique du temporal , c’est un temporal dont la
partie crâniale a disparu.
Le mastoïdien des Crocodiles proprement dits et des gavials, re,
n , a cela de particulier, qu’il s’avance latéralement jusqu’à s’unir au
frontal postérieur, et à entourer avec lui et le pariétal le trou de la
face supérieure du crâne qui communique avec la fosse temporale;
dans quelques caïmans il s’ unit même à ces trois os pour couvrir entièrement
cette fosse en dessus, et dans les tortues de mer, non-seu-
(i) C’est cet os que M. Oken appelle son ju gal postérieur ou l’humérus de fa tête, et il
me reprend d’avoir fait de ce qu’il regarde comme l’écailleux mon frontal postérieur, disant
qu’on fa it des noms nouveaux pour des os qu’on ne connoît pas.
Ce reproche est plaisant, au moment où lui-même, faute de reconnoître cet o s ,,£.créoit
précisément pour lui ce nom nouveau de ju gal postérieur; en supposant même que j’eusse
tor t, j’aurais pu lui dire >
Quid rides, etcV
Cet humérus de la tête de M. Oken devient pour M. Spix le pubis de cette même tête,
ou , pour parler un langage intelligible , un des osselets de l’ouïe , savoir, le marteau.
Un marteau hors de la cavité de l’oreille I un marteau enchâssé fixement entre le tympan
et le jugal !