Antonin (1 ), Héliogabale (2) en firent voir aussi, et il est probable
qu’il y en eut encore dans des circonstances que les auteurs que nous
possédons n’ont point rappelées.
Néanmoins les Romains, et les Grecs qui vécurent sous leur domination,
ne profitèrent de toutes ces occasions que pour donner
quelque exactitude aux figures de cet animal.
On le voit en effet assez bien représenté sur leurs médailles et sur
leurs monumens. La mosaïque de Palestrine, la plinthe de la statue
du Nil, les médailles si connues de la colonie de Nîmes, celles d’A drien
et d’autres empereurs, diverses pierres gravées attestent que
•leurs artistes en avoient sous les yeux d’assez bons modèles.
Mais nulle part on ne peut soupçonner qu’aucun ancien naturaliste
en ait reconnu plusieurs espèces; et nous verrons a 1 article
du crocodile du Nil, que ce que quelques-uns d’entre eux ont pu
dire d’un crocodile appelé suchus ou suchis n’infirme pas cette
assertion.
Quant aux modernes, si l’on parcourt ce qu’ils avoient écrit à ce
sujet avant que je m’en fusse occupé, on trouvera que leurs méthodes
plus exactes d’observer et de classer les êtres naturels ne les avoient
pas beaucoup servi pour ce genre d’animaux.
Les auteurs les plus savans du dix-huitième siècle confondoient
ou mêloient contre toutes les règles, soit des espèces réelles de crocodiles,
soit des espèces de grands lézards qui ne peuvent être regardés
comme tels.
Ainsi Linnæus, dans les éditions données de son vivant, n admet-
toit qu’un seul crocodile, sans même en vouloir distinguer 1 espece
à bec allongé du Gange.
Son contemporain Gronovius (3) sépara du crocodile proprement
dit le caïman ovl crocodile dAm érique, le crocodile du Gange,
auquel il réunit le crocodile noir d’Adanson, et une quatrième espèce
qu’il nomma crocodile de Ceylan, et qu’il distingua par ce ca- 1
(1) Jules Capitol. , in Hist. A u g ., p. i/fc.
(2) Lafnprid., ib . , 497*
(3) Zoophylacium, I , p. 10.
ractèrè accidentel et propre uniquement à son individu d’avoir seulement
les deux doigts extérieurs entièrement palmés.
Laurenti (l) établit, outre le crocodile et le caïman, deux espèces
particulières fondées seulement sur de mauvaises figures de
Séba ( crocodilus africanus et C. lerrestris) ; mais il oublia entièrement
le. gavial et le crocodile noir.
M. de Lacépède (2) , admettant quatre espèces Comme les deux
précédens, les combinoit encore autrement ; savoir : le crocodile, sous
lequel il rangeoit, h l’exemple de Linnæus, les crocodiles ordinaires
de l’ancien et du nouveau continent, comme une seule et même espèce
; le crocodile n oir, qu’il ne faisoit qu’indiquer d’après Adanson ;
le gavial ou crocodile à long bec du Gange, dont il donna le premier
une bonne description; enfin un animal qu’il nommoit fo u e tte -
queue, parce qu’il le jugeoit le même que le lacerta caudiverbera
de Linnæus. Sa description étoit prise seulement d’une figure altérée
de crocodile, donnée par Séba, pi. 106, 1 .1.
Gmelin (3) les réduisoit toutes à trois : i°. en réunissant le crocodile
ordinaire et le crocodilus africanus de Laurenti sous son lacerta
crocodilus • 2°. en réunissant également le gavial, le crocodilus
terrestris de Laurenti et le crocodile n o ir, sous son lacerta gan-
getica ; 3°. en séparant le caïman Sous le nom de lacerta a lligator.
Enfin Bonnaterre (4) revenoit au nombre qiïartenaire en ajoutant
fou ette-qu eue de M. de Lacépède aux trois espèces de Gmelin, et
en négligeant le crocodile noir.
Cependant ces différences dans l’établissement des espèces n’étoient
rien en comparaison de celles qui existoient dans leurs caractères et
surtout dans leur synonymie.
Ceux qui, comme Linnæus et M. de Lacépède, réunissent en une
seule espèce tous les crocodiles à museau court, y étoient d’autant
(1) Specim. exhib. synopsin Reptilium, p. 53 et 54-
(2) Hist, nat. des Quadrup. ovip., I , 182 et suiv.
{3) Syst. nat., p. 1057.
(4) En&yelop. méthod., Erpétologie, p. 32 et suiv.
t . y, 2. p.