corps entier, il a vu dans le crâne, pris séparément, la tête de la tète ;
dans le nez, le thorax de la tête ( i) ; et dans les mâchoires, les extrémités
supérieures et inférieures ou les bras et les jambes (a).
On comprend qu’il étoit facile, avec un peu d’imagination, de faire
d un principe si élevé, et séparé encore des faits par une si grande
distance, des applications fort différentes de celles-là et même très-
variées entre elles.
Aussi voyons-nous, dès i 8 j i , que M. M eckel (dans ses Matériaux
pour VAnatomie comparée, t. I I , cah. 2, p. 78 ) prend l’eth-
moïde pour le corps d’une vertèbre, dont les frontaux seroient la
partie annulaire, et se représente les temporaux comme une autre
vertèbre, dont le corps auroit été partagé en deux parties ( les rochers)
par l’introduction forcée du corps d’une troisième (le hasi-
laire) (3), •
La vertèbre ethmoïdale a été adoptée depuis comme une quatrième,
et ajoutée sous le nom de vertèbre olfactive aux trois de M. Okeu,
par M. Bojanus en 1818 , dans le n°. III de l’Isis, et en 1821 dans le
Parergon de son grand et bel ouvrage sur l’anatomie de la tortue.
M. Spix, dans son grand ouvrage sur la composition de la tête,.
(1) Le thorax de la tête se compose du vomer, des palatins , de l’ethmoïde et des nasaux.
Les cdrnets en sont les poumons ; néanmoins la cavité nasale est une sorte de- prolongation
de la cavité cérébrale , et le nez un cerveau subordonné au système vasculaire. L ’odorat qui
s exerce par le moyen de l’air est , aux yeux de l’auteur, un sens thoracbique , et voilà
pourquoi il n’ a pas de vertèbre qui lui soit consacrée, comme il y en a pour Fouie, pour
le goût et pour la vue.
—. (2) Les deux moitiés de la mâchoire supérieure représentent les deux bras ; lros Carré (o»
la caisse ) en est l’omoplate ; l’os ptérygoïdien , la. clavicule ; l’os ju g al, le bras ; l’os maxillaire
, la main ; l’intermaxillaire, le pouce; et les dents, les autres doigts. La mâchoire
inferieure, qui est composée de sept os dans les-ovipares , fournira aisément des rapproche-
mens pareils ; mais ce sera aussi la caisse qui lui servira d’os des îles , comme elle a servi
d’omoplate à la mâchoire supérieure. Au reste la véritable omoplate n’est elle-même que la
réunion des côtes qui auroient dû être attachées aux cinq dernières vertèbres cervicales.
L ’os styloïdien est. le sacrum, et forme, avec l’os hyoïde , un bassin pour l’entrée des
alimens, comme il, y en a un pour leur sortie; et la bouche est à l’abdomen, ce que le nez
est au thorax. Les lèvres sont le tact de la tête , comme les doigts sont le tact du tronc.
• (3) L ’apophyse zygomatique du temporal seroit l’apophyse articulaire ou oblique de cette
troisième vertèbre ; l’os styloïdien , son apophyse transverse ou sa côté; et l’os hyoïde j son
sternum.
intitulé Cephalogenesis, et publié en 1815 , s en tient aux trois vertèbres
du crâne, mais s’éloigne beaucoup des vues de M. Oken relativement
aux os de la face.
Se représentant l’os hyoïde, l’épaule et le bassin avec les extrémités
qui y sont attachées nomme trois cercles de pièces de nature
semblable, il les retrouve dans la face attachés.de la meme maniéré
aux trois vertèbres du crâne. Les os qui composent le nez lui représentent
l’appareil hyoïde et laryngien (1); et ceux des deux mâchoires,
les deux extrémités ordinaires, mais avec une distribution
de rapports toute autre que celle de M. Oken (2).
Il est probable que si d’autres anatomistes ont cherche à trouver
cette représentation du corps entier par la tête seule., ils auront encore
imaginé pour cela d’autres rapports-, et je,ne me propose nullement
de les suivre dans cette branche de leurs recherches.
Le cercle où je me renferme est déjà assez vaste pour que 1 on y
ait pris des routes bien différentes selon le point d’où 1 on partoit. Ce
désir de trouver une représentation du corps a contraint quelques
auteurs à donner à tel os, dans les reptiles ou dans les poissons, une
dénomination à laquelle ils n auroient peut-etre point songe sans
cela’ celui de trouver constamment les pièces osseuses en même
nombre, en a obligé d’autres à des déviations non moins étranges.
Lorsque leur compte ne se trouvoit pas dans les os ou il sembloit
naturel de le chercher, ils se voyoient obligés de se jeter sur des os
voisins; quelquefois même d’admettre des transports singuliers, des
retournemens, des conversions plus ou moins complètes, sans penser
. (*) L ’os planum est pour|pi le cricoïde ; la lame cribfeuse avec sa crête de coq , l’arylhé-
noïde (les cornets supérieurs, la trachée ; les inférieurs , les bronches'. ï.es os unguis répondent
au thyroïde, et la caroncule lachrymale , au thymus ; les palatins , au corps et aux
grandes cornes,de l’hyoïde.
(2) Les os propres du nez sont le sternum; ses cartilages, le xyphoïde; l’omoplate répond
à,ce que j’appelle frontal postérieur ; la clavicule , à l’os de la pomette. Le temporal écailleux
..est l’analogue de l’os des lies ; les petits os de l’oreille représentent le pubis; le cadre du tympan
est l’isebion ; l’apophyse condyloïde , le fémur ; la coronoïde , le tibia , etc. Les dents
ne sont pour M. S p ix que des ongles : analogie plus sensible que celle qu’invoque M. Oken
ce sont les alvéoles qui représentent les phalanges, e t c ., etc.