Dans les stellions et les agames, fig. 21, le dentaire s’étend davantage
en arrière, ce qui raccourcit beaucoup le sur-angulaire et la partie
de l’articulaire que l’on voit à la face externe. La réduction est encore
plus forte pour l’opereulaire, qui est presque réduit à rien, et laisse en
avant, au lieu d’un simpletrou, un long sillon creusé dans le dentaire.
Cette extension du dentaire, cette réduction du sur-angulaire sont
encore plus fortes dans le caméléon, où je ne sais même s’il existe un
vestige d’operculaire ; je n’en ai pu découvrir, même dans là grande
espèce à museau échancré.
Dans ces trois genres, les dents semblent à la première vue n’être
que des dentelures des mâchoires.
Nous verrons ailleurs que la mâchoire des serpens proprement
dits est composée comme celle des lézarda, si ce n’est que le surangulaire
et l’articulaire ne s’y distinguent pas , ou du moins s’y soudent
de très-bonne heure ensemble.
A r t i c l e III.
Dax Dents.
Elles ne sont point dans des alvéoles comme celles du crocodile, et
celles qui doivent les remplacer ne se produisentpointdansleur cavité;
Les noyaux gélatineux des dents adhèrent à la face interne dè l’os
dentaire, sans avoir entre eux de cloisons osseuses, et quelquefois
sansetre garantis du côté interne par une lame de cet os ; leurs bases
sont alors seulement séparées de la cavité de la bouche par la gencive.
Cette base ne se divise point en racines; mais quand la dent a pris
son accroissement, il arrive le même phénomène que dans les poissons.
Lg noyau gélatineux s’ossifie ; il s’unit intimement, d’une part;
à 1 os delà mâchoire, en contractant, de l’autre, une adhérence intime
avec la dent qu’il a exsudée ; la dent paraît alors comme une
proéminence, comme une apophyse de la mâchoire, seulement elle
est couverte d émail, tandis que sa base est nue et purement osseuse,
et Ion voit autour de cette base des stries et de petits pores, par où
les vaisseaux ont pénétré ou pénètrent encore dans sa cavité intérieure,
et qui marquent aussi l’endroit où se fera la rupture quand
cette dent devra céder sa place.
Les dents nouvelles naissent, non pas dans la cavité des anciennes
et de manière à les enfiler comme dans le crocodile, mais près de
la face interne de leur base, ou, dans certaines espèces, dans l’épaisseur
de l’os au-dessus ou au-dessous de cette base, selon la mâchoire.
Dans ce dernier cas, qui a lieu, par exemple, dans les sauvegardes
et les dragones, il se forme' dans l’os une cavité qui loge pendant
un certain temps le noyau pulpeux et la calotte qui naît dessus.
Cette cavité s’ouvre par degrés à la facé interne de l’os dentaire.
Dans l’autre cas, le noyau pulpeux se développe simplement sous
la gencive ; mais à mesure que sa calotte dentaire prend de l’accroissement,
il se forme souvent une échancrure dans la base de la dent
en place la plus voisine, où elle est en partie enchâssée. C’est alors
qu’on pourroit croire que la nouvelle dent est dans la dent ancienne,
mais elle n’en est jamais entièrement enveloppée.
De quelque manière que soit venue la dent nouvelle, il arrive un
moment où son accroissement pousse tout-à-fait en dehors la dent
ancienne, produit sur la base ossifiée une espèce de nécrose qui
rompt son adhérence à la mâchoire et la fait tomber. Ce n’est pas
une rupture en quelque sorte spontanée comme celle des anciens
bois de cerfs qui tombent avant que les nouveaux aient poussé. Il
m a paru que la dent nouvelle y étoit toujours pour quelque chose.
Il est aisé, d’après ces explications, de distinguer les dents des lézards
de celles des crocodiles; et même entre elles jusqu’à un certain
point.
Dans les monitors qui n’ont point de bord alvéolaire interne, les
dents nouvelles naissent dans l’épaisseur de la gencive, entre les
bases des dents en place, ou à la face interne de leur base. On les
découvre aisément en détachant la gencive.
Les dents de ce genre sont côniques ; dans le très-grand nombre
des espèces elles sont en outre pointues , comprimées latéralement,
tranchantes en avant et en arrière, et un peu arquées.