§ 'VI. Emydes des environs de Bruxelles.
Elles se trouvent dans les carrières du village de Melsbroeck ;
M. de Burtin en représente une carapace, vue à son côté interne,
dans son Oryctographie de BruÆelles, p. 5, et dit en avoir possédé
une autre qu’il donna à Pierre Camper.
M. Faujâs, dans son Histoire de la Montagne de Saint-Pierre,
en cite encore quatre, savoir: deux que M. Burtin avait acquises
depuis la publication de son ouvrage; une du cabinet de l’Académie
de Bruxelles, et une de celui du prince d’Anhalt.
M. de Burtin, Oryctogr., p. 94, avoit soupçonné que ses tortues
pourraient être de l’espèce nommée corticata par Rondelet, qui est
le caouane de MM. de Lacépède et Daudin ( test. caretta, Lin. ).
M. Faujas dit plus affirmativement que ce sont des tortues fra n ch es
(te st: mydas').
Dans ma première édition, j’avois accordé à ces deux géologistès
que ce sont bien des tortues marines, mais en leur faisant remarquer
que ce ne sont ni des -tortues franches ni des caouanes, ni aucune
des tortues de mer que nous connoissons. Une étude plus suivie des
carapaces des différens sous-genres et des sutures qui unissent leurs
os, m apprend aujourd’hui que j’avois trop accordé. Ce ne sont point
des tortues de mer, mais de vraies émydes.
Pour en donner une idée, je ne me suis pas contenté de faire copier
au trait le dessin que M. de Burtin a fait graver de l’une d’elles,
j’ai profité de mon passage à Bruxelles ,en 1811, pour en faire dessiner
très-exactement une autre, que je donne pl. X V , fig. 16.
C’est, comme dans la première qui a été gravée, le côté coneave
que 1 on voit: son contour est ovale, un peu rétréci en arrière, mais
pas plus que dans Yemys centrata ou terrapin par exemple. Les
côtes s’unissent sans interruption avec les pièces marginales, comme
dans toutes les émydes et les tortues de terre. La courbure de ces
cotes est à peu près la même que dans Yemys centrata. Les plaques
vertébrales sont singulièrement étroites, plus que dans aucune
émyde vivante dont je connoisse le squelette, plus même que dans
l’émyde fossile de Sheppey. On peut y remarquer cette particularité,
que la septième et la huitième côte s’unissent chacune à leurs opposées,
entre la huitième et la neuvième plaque vertébrale ; circonstance
qui a lieu aussi par rapport à la septième paire dans l’émyde
de Sheppey, et qui.se retrouve pour la huitième paire, mais à la face
interne seulement, dans Yemys centra ta, mais qui a lieu exactement
dans Yemys expansa , comme dans celle que nous examinons.
L ’individu représenté par M. de Burtin, et copié pl. XIII, fig. 8,
offre à peu près le même contour et les mêmes plaques dorsales
étroites ; en sorte que j’ai tout lieu de la croire de la même espèce ;
mais je soupçonne M. de Burtin de n’avoir pas été aussi exact qu’il
le dit, dans la représéntation des sutures, puisqu’il marque neuf
paires de côtes, ce dont je ne connois pas d’autre exemple.
La carapace que j’ai fait dessiner est longue de 0,37, et large de
o,33 , ou à peu près de quatorze pouces et d’un pied.
S i l ’ on veut maintenant rapprocher cette carapace de celle d’une
tortue de mer quelconque de même.grandeur, on sera sur-le-champ
frappé d’un caractère spécifique fort marqué ; c’est que la tortue fossile
a les intervalles de ses côtes complètement ossifiés, et qu’il ne
reste aucun vide entre eux et les pièces du bord, lesquelles sont
aussi beaucoup plus larges à proportion que celles de la tortue de
mer.
Dans une tortue franche, par exemple, à l’âge où sa carapace n’a
encore que treize ou quatorze pouces de long, il reste entre les côtes
un vide non ossifié qui égale presque la moitié de la longueur de la
côte, comme on peut le voir dans les fig. 2 et 3 , pl. XIII. Une partie
de ce vide subsiste encore, comme je m’en suis assuré, dans un individu
dont la carapace a trois pieds et demi de longueur. J’en ai
aussi vérifié l’existence sur plusieurs individus de taille intermédiaire.
Il est donc de toute impossibilité que les tortues fossiles de Melsbroeck
soient des tortues franches. Parla même raison ce ne peuvent