portance, parce qu’il nous y fournit des moyens de nous faire des
idées claires de celui des poissons sur lequel il a été imaginé des systèmes
nombreux et très-divers.
J’espère, à cet égard , que les faits que je donne dans cette partie
de mon ouvrage, et notamment la simplification successive et la disparition
finale de l’appareil auriculaire, ainsique le développement
graduel de l’appareil hyoïde dans les batraciens, malgré la présence
d’un larynx et d’un sternum, ramèneront aux anciennes idées,.à
celles que j’ai toujours énoncées, que les os de l’ oreille ne renaissent
pas dans les poissons osseux sous la forme d’opercules ; que 1 appareil
branchial n’a pas besoin, pour y prendre la complication qu il y
montre, d’être complété par l’intercalation de pièces sternales, laryngiennes
ou costales ; enfin que l’appareil operculaire est un appareil
spécial et propre aux espèces qui l’ont reçu.
Je n’ajouterai ici qu’un mot sur les os des autres parties du corps ,
c’est que, loin que les pièces qui les composent se multiplient comme
celles de la tè te , ils n ont pas même toujours , dans la jeunesse, ces
pièces des extrémités que l’on appelle épiphyxes.
Dans les crocodiles et les tortues, les extrémités des os et leurs
principales éminences sont enduites de cartilages plus eu moins épais,
qui durcissent et s’ossifient avec l’âge , mais dans lesquels il ne se
forme point, comme dans les mammifères, de noyau osseux, séparé
pendant quelque temps du corps de l’os ou de la diaphyse par une
suture-, circonstance d’autant plus singulière, que les sauriens, spécialement
les monitors , ont à leurs os longs des épiphyses très-
marquées.
C’est dans chaque genre, après avoir ainsi étudié et ramené autant
qu’il est possible aux règles générales l’ostéologie des reptiles vivans,
que je passe à l’examen des os fossiles les plus analogues ; et, dans
cette partie de mon travail, je suis également entraîné à des considérations
beaucoup plus étendues que ne m’en avoient offert les os de
mammifères. .
Les m am m i f è r e s sont les derniers comme les plus parfaits produits
de la puissance créatrice. •
Les reptiles ont commencé bien plutôt à exister; ils remplissent
de leurs débris des formations plus anciennes, et le naturaliste est
obligé d’en poursuivre les restes dans des couches plus profondes.
On a vu, dans nos volumes précédens, que le plus grand nombre,
sans comparaison des quadrupèdes vivipares, n’a laissé de ses os que
dans les dernières couches meubles, ou dans des cavernes1, ou enfin
dans des fentes et des crevasses de rochers; que la mer, qui a passé
sur eux, n a presque pas eu le temps d’y déposer des traces de son
passage; que du moins elle ne les a recouverts d’aucunes couches
solides et régulières. Quelques formations locales seulement et qui
paraissent d’une date plus ancienne , recèlent principalement des
genres inconnus, et sont en quelques endroits recouvertes de couches
marines. Mais dans notre calcaire grossier, notre calcaire à cërithes,
nousnetrouvonsdéjàplus que des mammifèresde mer, des phoques,
des lamantins et des cétacés. Une seule exception, et probablement
due à quelque méprise, viendrait altérer cette règle; je veux parler
des molasses, des lignites qu’elles renferment, et d’autres lignites contemporains
de ceux-là, dans lesquels on observe des os incontestables
de mammifères, où j’ai trouvé en effet mes antracothériums, et des
palæothéri'ums accompagnés, comme dans nos gypses, de trionyx et
de crocodiles ; où j’ai reconnu récemment des os’ et des dents de mastodonte,
et une mâchoire de castor (i). Ces molasses, ces lignites
seraient, dit-on, constamment inferieurs à notre calcaire grossier;
mais quand cette infériorité serait aussi assurée qu’elle nous paraît
douteuse, quand il seroit vrai que l ’on n’a pas confondu ensemble
des lignites et des molasses de deux époques, toujours devra-t-on re-
cannoître que des bancs, qui, de l’aveu de tout le mondé, reposent
sur la craie, sont les plus anciens où se montrent des débris de mammifères;
que la craie déjà n’en recèle absolument aucuns , et qu’il en
existe encore bien moins dans les terrains antérieurs ; tandis que la
(0 Je dois la communication des fragmens de mastodonte à M. le comte Vitalien Borro-
meo de Milan , et celle de la mâchoire de castor à mon savant ami M. Brongniart. Toutes
ces pièces viennent des lignites d’Rorgen. C’est M. le professeur Meissner de Berne qui
paroît y avoir découvert le premier l’existence d’ossemens.
T. V, 2«. P. a