32 • CROCODILES
mâchoire inférieure passent dans des échancrures de la supérieure,
et non pas dans des trous. Le crâne a de grands trous derrière les
yeux, et les pieds de derrière sont dentelés et palmés comme ceux
des crocodiles proprement dits. La forme grêle de leur museau les
rend, à taille'égale, beaucoup moins redoutables que les deux autres
sous-genres. Ils se contentent ordinairement de poissons.
A r ticle IV.
Détermination des espèces propres à chacun des trois sous-genres.
— Indication de ce qu’il y a de certain dans leur synonymie.
Obligé d’établir pour ces espèces une nomenclature nouvelle, j e-
vîterai de la prendre dans les noms de pays, parce qu’il n’en est aucune
qui soit absolument propre à un pays déterminé, et qu’il n’y
a guère de pays qui n’en possède au moins deux espèces.
1“ . Espèces de Caïmans.
i°. L e caïman à museau de brochet (crocodilus lucius. Nob. ).
Il a. été rapporté pour la première fois du Mississipi par feu Michaux
, et indiqué par moi dans mon premier mémoire sur les crocodiles.
Depuis lors, M. Peale en a envoyé un individu plus considérable
et très-bien conservé au Muséum d’histoire naturelle. Nous
en avons eu ensuite, par Tes soins de MM. Milbert et Lesueur, plusieurs
individus entiers et des. squelettes de diverses grandeurs, et
tout nouvellement M. van Breda, savant professeur de Gand, vient
de m’envoyer le dessin d’un, qu’il a observé vivant.
La figure de Catesby ( i) , quoique médiocrement bonne et mal
caractérisée, paroît représenter cette espèce plutôt que toute autre.
(i) .Carol. ; pl.. 63.
VIVANS. 33
C ’est elle aussi que M. le docteur Leach a reproduité comme nouvelle
dans son Zoologists M iscellany, t. I I , p. 1 17 , pl. C i l , et à
qui il avoit bien voulu donner mon nom. Lui-même â reconnu depuis
lors l’identité de son animal avec notre C. lucius.
Je n’oserois affirmer que ce soit la seule espèce de l’Amérique
septentrionale; la figure d’Hernandès ( 1 ) ’ semblerait, par son museau
pointu, indiquer plutôt un vrai crocodile.
Quoi qu’il en soit, cette espèce est certainement bien distincte de
toutes les autres.
Elle a tous les caractères communs aux caïmans.
Son museau est très-aplati; ses côtés sont presque parallèles; ils
se réunissent en avant par une courbe parabolique.
De ces trois circonstances résulte une ressemblance frappante avec
le museau d’un brochet.
Les bords internes des orbites sont très-releves ; mais il n’y a point,
comme dans l’espèce suivante, une crête transversale qui les unisse.
Les ouvertures extérieures des narines sont, des les premiers âges,
séparées l’une de l’autre par une branche osseuse : ce qui n’a lieu à
aucun âge dans les autres espèces.
' Le crâne a deux fosses ovales, obliques, peu profondes, dans le
fond desquelles sont de petits trous.
La nuque est armée, à son milieu, de quatre plaques principales,
relevées chacune d’une arête. Il y en a de plus deux petites en avant
et deux en arrière.
Il y a sur le dos dix-huit rangées transversales de plaques, relevées
chacune d’une arête ; le nombre des arêtes ou des plaques de chaque
rangée est ainsi qu’il suit :
Une rangée à deux arêtes, deux à quatre, trois à six, six à huit,
deux à six, et le reste à quatre. Je ne compte pas les arêtes impaires
qui se trouvent quelquefois sur les côtés.
Ces arêtes sctot assez élevées et à peu près égales; mais sur la
queue les arêtes latérales dominent, comme dans tous les crocodiles,
(ï) Hist. nat. M e x ic ., 3i 5.
T. Y , 2®. P.