dents implantées dans les os palatins, aussiest-ce avec l’échidné que-
M. de Laçépède compare. à^eet égard sbn hyperoodon.
Nous trouverons d’ailleurs par la suite une infinité d’autres raisons
pour enlever notre animal à la classe des cétacés, et M. Adrien
Camper en a déjà indiqué plusieurs.
Pierre Camper avoit donc mal placé son animal, mais il sembloit
avoir très-bien prouvé:que Hofmann, Drouin et Goddin n’avoient
pas été plus heureux que lui,- et puisque AL Faujas vouloit soutenir
l’opinion de ces habitans deMaestricht, on auroit dé s’attendre- qu’il
chercheroit à réfuter les argumens contraires de Camper, et à fournir
de nouveaux argumens favorables.
Or il ne dit pas un seul mot qui tende à renverser les premiers;
qu’il ne rapporte même pas ; et quant aux seconds, j’ai eu beau lire
et relire son grand ouvrage sur la montagne de Saint-Pierre et ses
Essais de Géologie, je n’ai jamais pu en trouver qu’un seul qu’il n’a
développé nulle part, quoiqu’il le rappelle en beaucoup d’endroits
et qu’il semble y mettre beaucoup de confiance.
K L’illustre Camper (i), dit-il, s’appuyoit sur le système particulier
» des dents de l’animal dont il est ici question , pour soutenir qu’il
» ne pouvpit pas être de la famille des crocodiles. La conformation
» de ces mêmes dents nous servira , à nous, d’indice pour regarder?
» au contraire l’animal de Maestricht comme plus rapproché des
y> crocodiles que des physeters. »
Et il représente en effet sur deux planches différentes les dents des
crocodiles et celles de cet animal pour faire saisir leur-'ressemblance;
« Un fait des plus remarquables et des plus instructifs, dit-il ail—
» leurs (2), est celui qui a rapport à la. structure des dents. — On
» reconnut, en tirant quelques-unes des dents de cet amphibie (le
» crocodile), que d’autres petites dents se montroient dans le fond
» des alvéoles. Ce caractère quim’a étési utile pour déterminer dans
» quelle classe il falloit ranger l’animal inconnu de Maestricht, etc. »
(1) Montagne dé Saint-Pierre, p. j 3\,
(2) Essais de Géologie, I , 146 e t 14.pl
I Voilà le seul et unique motif apporté par M. Faujas pour soutenir
l’opinion des habitans de Maestricht. Or, j’ ose affirmer que la dentition
de cet animal n’a rien du tout qui soit propre au crocodile; que
tout ce qu’elle a de commun avec cet amphibie, lui est aussi commun
avec une infinité de poissons et de reptiles; enfin qu’elle a plusieurs
choses que le crocodile n’a point, et qui distingueroient par
conséquent à elles seules notre animal de cet amphibie, quand même
on ne trouveroit pas encore entre eux toutes les différences alléguées
par les deux Camper et'la foule de celles que nous y ajouterons.
Nous avons vu, dans notre ostéologie du crocodile, que dans cet
animal la dent en place reste toujours creuse; qu’elle ne se fixe jamais'
à Fos dé la mâchoire, mais y reste seulement emboîtée ; que la
dent de remplacement naît dans le même alvéole; que souvent elle
pénètre dans le creux de la dent en place, et la fait éclater et.tomber
f etc.
L ’animal de Maestricht, au contraire , n’a les dents creuses que
pendant qu’ elles croissent, comme le sont alors celles de tous les animaux;
elles se remplissent à la longue , et on les trouve le plus; souvent
entièrement solides ; elles finissent par se fixer à la mâchoire au
moyen d’un corps vraiment osseux et fibreux très-différent de leur
propre substance, quoiqu’il s?y unisse fort intimement; la dent de
remplacement naît dans un alvéole particulier qui se forme en même
temps qu’elle; elle perce tantôt à côté,; tantôt au travers du corps
osseux qui porte la dent en place; en grandissant, elle finit par détacher
ce corps de la mâchoire avec laquelle il étoit organiquement lié
par des vaisseaux et par des nerfs ; il tombe alors par une espèce de
nécrose comme le bois du cerf, et fait tomber avec lui la dent qu’il
portoit; petit à'petit la dent de remplacement et son? corps , improprement
appelé sa racine osseuse,occupent la place qde l’ancienne
dent a quittée, etc.
Mes lecteurs pourroient voir la plus grande partie de ces^ différences
dans les planches même de l’ouvrage de M. Faujas. Celle de
l’existence d’une raçine ou plutôt d’un socle solide, osseux et fibreux,
lié organiquement à la mâchoire, socle au côté ou dans l’épaisseur