Enfin ce que le dessin de M. Wachsmann offre de plus important,
c’est l’empreinte d’une portion du bassin.
Ces diverses parties sont plus que suffisantes pour nous éclairer
sur la nature de cet animal.
La forme de sa tête, ses dents toutes aigues, la grandeur des vertèbres
de sa queue montrent déjà suffisamment que c’est un quadrupède
ovipare; sans avoir besoin de ses membres postérieurs qui le
confirment encore mieux.
La tête n’est pas sans ressemblance avec celle du crocodile du
Nil, et Spener, qui ne connoissoit que la figure extérieure du crocodile
d’après des gravures, est excusable de l’avoir pris pour tel.
M. Faujas lui-même, qui paroît n’avoir connu ni la figure de Link
ni celle de Swedenborg; n’auroit peut-être mérité aucun reproche
S il s’étoit borné à voir dans le morceau de Spener un crocodile en
général; mais comment a-t-il pu affirmer que c’est un crocodile à
long bec, un véritable g A n al {Hist. de la Mont, de Saint-Pierre,
p. 326) ? et redire encore la même chose en d’autres te rme s (Essais
de Géologie, I,p. i 57). U est au contraire évident que sonmuseauest
trèsrcourt, et diffère plus du gavial que d’aucun autre reptile saurien.
Mais je vais plus loin, et j’affirme que cette tête, gravée par Spener,
indique déjà à elle seule le genre de l’animal. Si c’étoit un crocodile,
elle auroit au moins quinze dents de chaque côté à la mâchoire inférieure,
et dix-sept ou dix-huit à la supérieure, lesquelles règne-
roient jusque sous le milieu des orbites; elle n’en a que onze qui
s’arrêtent sous l’angle antérieur de l’orbite; c’est le caractère de l’une
de ces nombreuses espèces qui ont été entassées par Linnæus sons le
nom de lacerta rnonitor, et distinguées par Daudin, mais sous le
mauvais nom générique de tupinambis.
Ce premier trait une fois saisi, tous les autres le confirment.
Les pieds de derrière, qui sont d’une conservation admirable dans
l’empreinte de Swedenborg, y montrent cinq doigts très-inégaux;
dont le quatrième est le plus long, et qui ont les nombres d’osselets
suivans, en commençant par le pouce et en comptant les os du métacarpe
: 3 , 4 , 5., 6 , 4-
On ne peut soupçonner l’auteur devoir suppléé à son échantillon
d’après ses connoissances d’anatomie; car soit qu’il regardât cet animal
Comme un singe ou comme un phoque, ces nombres réfutoient
déjà son idée ; une guenon auroit eu 3 , 4 ) 4 , 4 » 4 » et I# troisième
doigt auroit été le plus long; un phoque auroit eu ces mêmes nombres),
mais ses deux plus longs doigts âuroient été les deux extrêmes.
Link donne aussi les mêmes proportions et les mêmes nombres,
quoique sa figure ne les exprime pas aussi clairement, parce qu’elle
est rapetissée. ’
Or, ce nombre et cette proportion des doigts, ce nombre des articulations
de chaque doigt sont exactement les mêmes que dans les
monitors, ainsi que dans les lézards ordinaires et les iguanes, mais ne
conviennent nullement aux crocodiles, qui n’ont aux pieds de derrière
que quatre doigts peu différées en longueur, et dont les nombres
sont 3, 5, 4.
Les.pieds de devant ne se voient que dans la figure de Link, et
ifey sont rendus d’une manière peu nette. On y distingue cependant
cinq doigts presque égaux.-Les crocodiles ont bien cinq doigts devant
comme les lézards, mais leur petit doigt est sensiblement
moindre à proportion.
■ Spener conjecture que la longueur de son animal devoit approcher
de. trois pieds; ceux de Swedenborg et de Link ont à peu près
la même dimension, et c’est à peu près aussi celle qu’atteignent fort
souvent les monitors des espèces les plus ordinaires, tels que celui
de terre et celui de rivière d’Egypte , celui du Congo décrit par
Daudin,, ceux des Indes orientales , etc. ; tous animaux encore assez
mal distingués dans les auteurs, mais que j’ai la faculté de voir et de
comparer dans ce Muséum, et dont plusieurs y sont aussi en squelette.
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La comparaison peut se suivre sur les os des cuisses, des bras, des
jambes et des avant-bras; les vertèbres des queues, telles qu’on les
voit. dans les quatre figures avec des apophyses épineuses hautes et
étroites , sont aussi très-semblables à celles des monitors ; en un mot,
je n’y trouve qu’une ou au plus deux différences spécifiques.
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