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60 CROCODILES
parer: l’un et l’autre diffèrent très-sensiblement du grand individu.
M. Faujas a fait graver, de belles figures, tant de notre grand que
de notre petit gavial (Hist. de la Montagne de Sa in t-P ie r re ,
pl. 46 et 48), ainsi qu’une excellente de la tète osseuse du grand
(pl. 47 ) ; et je dois dire que c’ est lui qui m’a rendu attentif à leurs
différences, quoiqu’il n’ ait pas jugé à propos d’en faire usage pour
établir deux espèces. Je les ai exposees, en 1802, dans mon premier
mémoire sur les crocodiles. • __
Depuis lors j’ai ajouté h mes matériaux un autre gavial de près de
trois pieds, et un d’un pied et demi, ainsi que trois tètes plus ou moins
adultes; objets que je dois tous a l’extrême complaisance de M. W al-
lich, directeur du jardin de la compagnie des Indes à Calcutta.
J’ai eu de plus encore une tète un peu moindre que ces trois-là,
et un petit individu de dix-neuf pouces.
Ces matériaux nouveaux m’ont presque fait revenir sur l’opinion
que j’avois eue d’abord d’une différence d’espèce. En effet, mon gavial
de trois pieds a déjà sensiblement le crâne et ses trous plus larges
à proportion qüe les petits individus, en sorte'qu’il ne seroit pas
impossible que l’élargissement de ces parties, principale distinction
du grand gavial, lut un effet de 1 âge.
Je décrirai cependant les gavials des deüx grandeurs séparément,
laissant au temps et aux observateurs à décider cette question.
iô. Ghaud gavial ( Crocodilus longirostris, Schn. Lacerta gan-
getica, Gmel. ).
Le nom de croc'odile du Gange a l’inconvénient de faire croire
qu’il n’y en a point d’autre dans ce fleuve. Or des crocodiles semblables
au vulgaire, c’ est-à-dire de l’espèce à deux arêtes, s’y trouvent
aussi en quantité. Je viens d’en recevoir de M. Wallich un
squelette de dix-sept pieds de long d’un individu tué près de Calcutta.
Les anciens ne l’ignoroient pas. « Le Gange (dit Elien (1)) nourrit 1
(1) Lib. XII, cap. 4>-.
» deux sortes de crocodiles : les uns innocens , les autres cruels. »
En effet, le gavial ne se nourrit que de poissons ; et quoiqu’il arrive
aussi à une taille gigantesque, il n’est pas dangereux pourleshommes.
M. de Fichtel, habile naturaliste, attaché au cabinet de l’empereur
d’Autriche, qui a vu lui-même les deux crocodiles sur les bords du
Gange, m’a garanti ce fait.
Il est probable d’ailleurs qu’on retrouve le gavial dans les fleuves
voisins du Gange, comme le Buram-Pouter, etc.
Cette espèce n’est encore bien représentée que par M. Faujas
(Hist. de laMont. de Saint-Pierre, pl. 46).
Son museau est presque cylindrique ; il se renfle un peu au bout
et s’évase à sa racine. La tête s’élargit singulièrement, surtout en arrière
: sa dimension transverse est comprise deux fois et deux tiers de
fois dans sa longueur totale; mais la longueur du crâne, à prendre
jusqu’entre les bords antérieurs des orbites, est comprise quatre fois
et un tiers dans la longueur totale. La table supérieure du crâne,
derrière les orbites, forme un rectangle d’un tiers plus large que long.
Les orbites sont plus larges que longs; l’espace qui les sépare est plus
large qu’eux-mêmes. Les trous du crâne sont plus grands que dans
aucune Autre espèce, plus grands même que les orbites, et, comme
eux, plus larges que longs. Ils ne se rétrécissent presque pas vers
leur fond.
Je compte vingt-cinq dents de chaque côté en bas, et vingt-huit
en haut dans.le grand individu empaille et dans la tete gravee par
M. Faujas en tout cent six dents,
Les trois têtes envoyées de Calcutta en ont vingt-six en bas et
vingt-neuf en haut: en tout cent dix.
La longueur du bec est à celle du corps comme 1 à 7 et demi. Il
n’y a derrière le crâne que deux petits écussons ; puis viennent quatre
rangées transversales qui se continuent avec celles du dos. Toutes
ces rangées sont comme dans le suivant.