du Brésil, ne sont pas tout-à-fait les mêmes que ceux du nord. Les uns
et les autres (disent-ils) mettent leürs oéüfs dans le Sable, pêle-mêle
et non par couches. On reeorihoît aisément l’endroit, et oh cherche à
percer ces oeufs d’une pointe de fer. Dans l’île plate de Marajo ou Johannes,
à l’embouchure de l'Amazone, les jaca res se tiennent en
été dans les marais, et quand ceux-ci se dessèchent, Ce qui reste d’eau
dans le fond est si rempli de ces animaux qu’on ne voit plus de liquide.
Alors les grands se nourrissent probablement des petits. Ils ne peuvent
remonter le fleuve, parce que l’ile est entourée d’eau salée. La-
borde dit aussi que ceux de la Guyane restent quelquefois presque
à sec dans les marais, et que c’est alors qu’ils sont le plus dangereux.
3°. L e caïman à paupières osseuses ( crocodilus palpebrosus, Nob.).
Un individu, la première variété que j’établis dans cette espèce,
nous avoit été donné comme le mâle de l’espèce précédente par un
préparateur d’histoire naturelle, nommé1 Gautier, qui avoit formé
un beau cabinet à Cayenne, et nous l’indiquâmes ainsi dans notre
premier mémoire ( -dreh. zo o l., p. 168) ; mais nous avons trouvé
depuis le mâle èt la femelle dans les deux espèces.
C’est bien sûrement celle-ci qu’avoitsous les yeux M. Blumenbach,
lorsqu’il écrivoit ces mots: lacerta-crocodilus, scuto supra orbitali
osseo , testa cali’arioe integra.
C’est'son crâne que M. Schneider a fait dessiner (H ist. uimphib.,
II, pl. I et I I ) , mais sans le rapporter précisément à‘ aucunes des
siennes : les paupières osseuses en étoient tombées apparemment par
une macération trop forte.
Mu Seconde variété est parfaitement représentée par Séba, t. I ,
pl. CV, fig. 3 , où il en fait encore un animal de Ceylân. Je pense
même que nous avons du cabinet du Stathouder l’original de cette
figure. M. Shaw la copie pour rendre Ce qu’il appelle la variété de
Ceylon du crocodile ordinaire.
M. Schneider la cite sous son crocrodilus trigonatus • mais ce qu’il
ajoute, Fodeam cranii ellipticam utrinque carne musculqpi re-
pletam r ep eri(i) , ne s’y rapporte point.
Il croit que c’est le crocodile d’Am érique de Gronovius (2), et
cela se peut; mais la description de celui-ci n’a de caractéristique que
les crêtes triangulaires des écailles, et une faute d’impression fait
qu’on ne peut deviner quelle figure de Séba il a voulu citer en écrivant
pl. 107, fig,4;mais la pl. 104, fig. 10, qu’il cite en même temps,
est bien sûrement l’espèce précédente.
Laurenti fait de préférence de cette fig. 3 , pl. io5 , l’image de son
crocodile du N il, et assurément sans qu’on puisse savoir pourquoi (3).
. J’ai aussi quelque lieu de penser que c’ est cette espèce que Daudin
a indiquée sous le nom de crocodile à large museau (4).
Je conservois moi-même, lors de ma première édition, quelques
doutes,, et sur la véritable patrie de cette espèce:,; et sur la question
si elle doit ou non en former deux. Us ont été résolus sur le premier
point par l’envoi qui nous a été fait d’un individu pris à Cayenne en
1816, envoi qui prouve, comme je l'avois dû croire d’après le témoignage
de Gautier, que c’est un animal de l’Amérique méridionale,
et qui éclaircit ce que divers auteurs ont rapporté de l’existence de
deux espèces sur ce continent.
Je décrirai d’abord les individus semblables à celui que M. Gautier
m’avoit donné, et dont je fais ma première variété,i
Leur museau est de très-peu plus allongé que celui de l’espèce
précédente; il est moins déprimé: la surface des os est cependant
presque autant vermiculée. Les rebords des orbites ne sont point
saillaus, et n’envoient point d’arête saillante sur le museau. L ’épaisseur
de la paupière supérieure est entièrement remplie d’une lame
osseuse divisée en trois pièces par des sutures ; dans tous les autres
caïmans et crocodiles il n’y a qu’un petit grain osseux vers l’angle
antérieur. 1 2 3 4
(1) Hist. ampli., I I , 162.
(2) Z o o p h jl., n°. 3 8 , p. 10.
(3) Speet. med., p. 53.
(4) Hist. des Rept., II, 4 r7*