de dix à onze pieds, est beaucoup moins courbé, a le trochanter
beaucoup moins saillant, et est beaucoup plus comprimé dans sa
partie moyenne que celui des crocodiles vivans.
Il y en a un autre, pl. X , fig. 12 , plus p e tit, et évidemment
d’une autre espèce, car il est plus arqué et a d’autres contours.
Voilà tout ce que j’ai pu recueillir dans les collections dont j’ai pu
disposer qui m’ait paru appartenir avec certitude à ces deux crocodiles;
mais il y avoit dans ces mêmes collections plusieurs autres os,
qui, bien que venant des mêmes couches, appartenoient nécessairement
à d’autres animaux. J’ai eu beaucoup de peine à ne pas m.e
laisser induire en erreur par ces os, et à ne pas les donner à mes
deux crocodiles, ce qui en auroit infailliblement fait des monstres
anatomiques ; mais depuis les découvertes faites en Angleterre des
reptiles appelés ichtyosaures, plésiosaures et mégalosaurus, j’ai cru
en reconnoître les véritables genres, et j’en traiterai dans les chapitres
suivans.
Je ne crois plus au reste avoir besoin d’insister sur la distinction
à établir entre ces crocodiles et ceux que l’on connoît vivans, ni être
obligé de répondre à ceux qui penseroient encore que l’on pourroit
expliquer les différences extraordinaires qui distinguent Ges deux
sortes d’os de ceux du gavial,p a r l ’influence de l'â g e, de la nour-
ritu re, du climat ou du passage à l’état de pétrification, ainsi
que l’avoit voulu feu M, Faujâs dans le passage cité au commencement
de ce chapitre,
Toutes ces causes réunies auroient-elles pu mettre en avant la
convexité que les autres crocodiles ont en arrière de leurs vertèbres?
auroient-elles pu changer l’origine des apophyses transverses, aplatir
les bords des orbites, diminuer ou augmenter le nombre des
dents, etc.? Autant vaudroit dire que toutes nos espèces vivantes
viennent les unes des autres, 1
Article V.
Des Crocodiles qui se trouvent dans la craie e t dans les couches
placées immédiatement au-dessus et au-dessous de la craie.
Après avoir traité dans les trois articles précédens des crocodiles
les plus anciens , de ceux des formations connues sous le nom de
jurassiques, nous remontons dans l’espace, et nous arrivons aux
couches; un peu plus récentes qui appartiennent à l’àge de la craie.
On a découvert des crocodiles : sous la craie dans les sables ferrugineux
d’Angleterre dans là craie à Meudon ; et immédiatement sur
la craie dans lès lignites et l’argile plastique de plusieurs endroits.
Malheureusement on n’en a pas recueilli des morceaux assez complets
pour en déterminer les espèces, et ce que je vais en dire consistera
plutôt en indications qu’en descriptions positives; c’est pourquoi
je réunis ces divers morceaux sous un seul article.
§ I . D une dent de crocodile de la craie de M eudon..
fille m’a été donnée par M. Brongniart, et je la représente, pl. V I ,
fig. g. Elle,est fendue longitudinalement, et on n’en possède qu’une
moitié. Son diamètre à la base .est de 0,027, et sa hauteur de 0,04.
Sa forme, sa courbure, l’arête légère qui règne sur un de ses côtés, la
rendent trèsnsemb,labié.celle des crocodiles ordinaires. L’individu
clpnt elle provient devoit être long à peu près de vingt pieds,
§ II. Dés "8s de. crocodiles des s a b le s ferrugineux du dessous de la
craie, trouvés dans lé comté de S xrssxi'',p a r M . Mantell.
M. Gédéon Mantell, membre du Collège royal des Chirurgiens
de Londres, demeurant à Lewes, bourg du comté de Sussex, dans un
ouvrage très-intéressant sur la géologie du comté qu’il habite (1), où il
(1) The Fossils of the South-Downs, or Illustrations o f the Geology o f Sussex, i vol,
T. y, 2e. p. si