les femelles , et se rapprochent un peu des femelles du crocodile
vulgaire, surtout quand ils sont jeunes.
Sur le milieu du chanfrein, un peu en avant des orbites, est une
convexité arrondie plus ou moins sensible. La face supérieure du
museau n’offre point de lignes saillantes; les bords des mâchoires
sont encore plus Sensiblement festonnés que dans l’espèce d Egypte,
en prenant des individus du même âge.
Les plaques de sa nuque sont à peu près les mêmes que dans l’espèce
d’Egypte; mais celles du dos, et c’est ici son caractère le plus
distinctif, ne forment proprement que quatre lignes longitudinales
d’arêtes ( comme dans le précédent), dont les mitoyennes sont peu
élevées et les externes fort Saillantes: Celles-ci sont de plus placées
irrégulièrement, et en ont quelques-unes d’éparses le long de leur
côté externe. Cette armure du dos n’approche donc point de l’égalité
ni du nombre des pièces de celle du crocodile vulgaire. Les mitoyennes
sont encore plus larges à’ proportion que dans l’espèce vulgaire.
Il n’y h' que quinze ou seize rangées transversales jusqu’à l’origine
de la queue. Celle-ci a dix-sept ou dix — huit rangées avant la
réunion des deux crêtes, et dix-sept après. Les arêtes mitoyennes
cessent à la huitième ou neuvième rangée.
Ses pieds ne diffèrent point de ceux du vulgaire. Ses écailles inférieures
ont chacune leur pore.
La tête est un peu plus de sept fois dans la longueur totale. Le
dessus du corps est d’un vert-foncé, tacheté et marbré de noir ; le
dessous d’un vert plus pâle.
Depuis que nous possédons le grand individu envoyé par le général
Rochambeau, nous en avons reconnu au Muséum un autre qui
y avoit été envoyédepuis long-temps d’Amérique, et nous en avons
trouvé trois de différentes grandeurs, empaillés, dans des cabinets et
chez des marchands,
Je ne doute plus que ce ne soit cette espèce que Séba a voulu offrir
dans sa fameuse pl. 106, t. I. Le peintre y a mal rendu les dents
et les écailles; surtout celles de la nuque, et donné un doigt de trop
au pied de derrière ; mais il a fait des fautes plus graves dans, vingt
-autres occasions. Néanmoins l’habitude totale est celle du crocodile
de Saint-Domingue, et c’est aussi d’Amérique que l’individu venoit.
Si l’original de cette figure existoit comme espèce, et avoit en effet
-les caractères qu’elle montre, j’ose dire qu’il seroit impossible qu on
n’en eût pas revu de semblables depuis Seba.
Un autre point de synonymie qui me paroît plus sûr encore, c est
que les différens petits crocodiles de Curaçao, représentés dans
Séba , pl. CIV, fig. 1— 9, sont aussi de cette espèce. On peut le juger
surtout par la disposition de leurs écailles. Nous avons trois de ces
individus de Séba au Muséum, dans la liqueur, qui ne laissent aucun
doute.
M. Descourtils nous apprend que les mâles sont beaucoup moins
nombreux que les femelles; qu’ils se battent entre eux avec acharnement
; que l’accouplement se fait dans l’eau sur le côté ; que l’intromission
dure à peine vingt-cinq secondes ; que les mâles sont propres
à la génération à dix ans, les femelles à huit ou neuf; que la
fécondité de celle-ci ne dure guère que quatre ou cinq ans.
Selon lui, la femelle creuse avec les pattes et le museau un trou
circulaire dans le sable sur un tertre un peu élevé, où elle dépose
vingt-huit oeufs humectés d’une liqueur visqueuse , rangés en couches
séparées par un peu de terre et recouverts de terre battue.
La ponte a lieu en mars, avril et mai, et les petits éclosent au bout
d’un mois.
Ils n’ont que neuf ou dix pouces au sortir de l’oeuf; mais ils croissent
jusqu’à plus de vingt ans, et atteignent seize pieds et plus en
longueur.
Lorsqu’ils éclosent, la femelle vient gratter la terre pour les délivrer;
les conduit, les défend et les nourrit en leur dégorgeant la
pâture pendant trois mois, espace de temps pendant lequel le mâle
cherche à les dévorer.
M. Descourtils confirme ce qu’on a observé des crocodiles en général,
qu’ils ne peuvent mangerdansl’eausans risque d’être étouffés.
Celui-ci se creuse des trous sous l’eau, où il entraîne et noie ses victimes
, qu’il y laisse pourrir.
T. Y , ae. P.