codiles des couches jurassiques et de la craie dont nous avons parlé
jusqu’ici; néanmoins ils ont aussi vécu avec des reptiles de ce genre,
et l’on en trouve les ossemens épars avec les leurs; mais il paroît
que ces crocodiles-là étoient beaucoup plus voisins de ceux d’à-pré-
sent, et n’appartenoient nullement à ces espèces antérieures à la
formation de la craie,
§ I. Crocodiles des plâtrières,
Nous possédons depuis bien long-temps, et nous avons décrit et
représenté dans notre troisième volume, p. 335, le frontal d’un petit
crocodile dans le plâtré de Montmartre. Ce frontal à lui seul donne la
preuve qu’il a appartenu à un animal du genre des crocodiles ; qu il
n’étoit pas, comme les précédera, du sous-genre des gavials, mais
qu’il venoit ou d’un crocodile proprement dit ou d’un caïman, et
probablement d’un caïman très-voisin de notre caïman à lunettes
( crocod. sclerops) ; cependant ce seul frontal prouve aussi qu’il étoit
d’une espèce différente. L ’individu ne devoit pas avoir plus de deux
pieds.
J’ai décrit des mêmes carrières (vol. III, p. 336) un humérus
gauche, qui n’avoit perdu que son tiers inférieur; il venoit d’un individu
de près de six pieds de long. Je ne trouve pas à le distinguer
d’une manière sensible de celui d’un caïman à museau de brochet
de même taille,
§ II. Crocodiles des marnières d‘'Argeritàrii
Ce qui est bien remarquable, c’est que destcrocodiles, également
fort semblables, aux nôtres, accompagnent les palæothériums, et les
lophiodons des calcaires d’eau doupe,.comme ceux.du plâtre, et ce
qui l’est peut-être encore davantage, c’est qu’ils y sont aussi avec
des.tripnyx. ,
Ainsi, parmi les os que M. Rollinat a recueillis près.d’Argenton,
il y en a presque autant de crocodiles que de lophiodons.
Il s’y trouve des parties de sept fémurs gauches, ce qui annoncé
au moins sept individus ; tous de taille médiocre; au plus de neuf
pieds de longueur.
On observe quelques différences dans la courbure des surfaces,
et le trochanter y est un peu creux au milieu de sa saillie.
Les dents, pl. X , fig. 14, if> et 16, dont la quantité est prodigieuse,
confirment cette indication : elles sont beaucoup plus comprimées
que dans les crocodiles connus, et ont deux bords fort tran-
chans, dentelés pour la plupart; presque1 comme certains monitors,
ce qui m’avoit d’abord donné l’idée qu’elles venoient de ce genre,
et toutefois aucun autre os n’est de monitor ; tous sont de croc'o-
diles, et analogues aux os des sous-genres connus.
Ainsi l’on y voit des vertèbres cervicales, dorsales, lombaires et
patidales, qui toutes ont une concavité en avant, et une convexité
hémi-sphérique en arrière. Dans les monitors , cette convexité seroit
beaucoup plus large que haute. Une quatrième dorsale est représentée
fig. a3, et une caudale moyenne fig. 24*
Chacune de cës sortes de vertèbres,.comparées à son analogue
dans lés cfiôCôdilé’s vivàns', offre quelque différence, mais de peu
d’importance.
Lèà dorsales, par exemple, sont plus courtes à proportion de leur
longueur ; lès lombaires ont à la face inférieure une impression longitudinale
unpeù concave, dont on ne trouve qu’un léger vestige ,
et dans le gavial seulement, etc.
Mais j ’ai trouvé des caractères plus marqués encore dans quelques
fragmens de. tête. , <1
11 y en a un, fig. 17 , de l’os maxillaire supérieur, avec quelques
alvéoles de dents et une portion du canal des narines, d’après laquelle
on peut conclure que le museau; au moins dans cette partie, étoit
comprimé par les-fcôtés, tr’est-à-dire étroit et élevé verticalement.
Un autre fragment, fig. 18, pris au devant de l’orbite; annonce que
cette région étoit très-rugueuse, èt qu’il y avoit un enfoncement cerné
des deux côtés et pins marqué que celui du crocodile à deuxarêtes.
Malheureusement je suis loin encore de pouvoir rétablir la tête,
comme je l’ai fait pour une espèce de Honfleur et pour celle de Caen.