craie et la plupart de ees terrains antérieurs, jusques à la grande formation
houillière, fourmillent, en certains endroits, de tortues, de
lézards et de crocodiles, espèces au contraire fort rares dans les terrains
superficiels.
Nous remontons donc à un autre âge du monde, à cet âge où la
terre n’étoit encore parcourue que par des reptiles à sang froid, où
la mer abondoit en ammonites, en bélemnites, en térébratules, en
encrinites, et où tous ces genres, aujourd’hui d’une rareté prodigieuse,
faisoient le fond de sa population.
C’est cet âge que les géologistes ont nommé celui des terrains secondaires.
Peut-être conyiendroit-il au plan de notre ouvrage de
donner ici une énumération de ces terrains, et une description de
leur nature et de leur superposition, semblables à celles que nous
avons données pour les terrains tertiaires dans notre second volume,
à l’occasion des ossemens de nos plâtrières de Paris; mais cette tâche
a été si bien remplie, et par des géologistes mieux placés que nous
pour s’en acquitter, que nous ne pouvons rien faire de mieux que
de renvoyer nos lecteurs aux excellens ouvrages qui viennent de pa-
roître sur ce sujet. En effet, ce n’est pas dans le canton que nous
habitons, mais c’est en dehors de la vaste enceinte de craie qui nous
entoure, que les terrains secondaires se relèvent assez pour être étudiés
commodément ; c’est entre la craie et les terrains primitifs qu’ils
se montrent à jour, et l’Allemagne d’un côté, l’Angleterre de l’autre,
sont les deux théâtres où il a été possible d’en vérifier la succession
et d’en faire une histoire un peu complète.
Werner a commencé par cette étude la grande réforme qu’il a
introduite dans la géologie; et les recherches plus étendues de ses
élèves, et principalement de MM. de Buch et de Humboldt, ont
porté ce travail à la plus grande perfection. Les résultats en ont
été présentés fort nettement dans notre langue dans l’ouvrage de
M. de Bonnard , intitulé Aperçu géognostique des Terrains ; et
M. de Humboldt vient de les offrir de nouveau, avec.encore plus de
détails, et une foule d’observations aussi précieuses que nouvelles,
dans son E ssa i géognostique sur le gisement des Roches. Une
série d’observations analogues a été suivie avec une grande persévérance
en Angleterre par les membres de la Société géologique de
Londres, et la disposition de ces terrains, telle qu’elle existe en ce
pays, a été présentée, en 1816, dans les tableaux de M. Buckland, et
en 1822, dans l’excellent ouvrage de MM. Conybeare et P h illip s| intitulé
Esquisse de la Géologie d!Angleterre et du pays de Galles.
Il ne reste donc qu’à établir d’une manièrepluscertaine la concordance
et l’harmonie des différens systèmes de bancs observés de
part et d’autre, et c’est à quoi les efforts réunis des observateurs
tendent sans cesse et conduiront infailliblement bientôt.
En attendant je puis m’en référer, dans la suite de ces recherches,
aux deux ouvrages principaux que je viens de citer, celui de M. de
Humboldt et celui de MM. Conybeare et Phillips, et c’est à eux que
je renverrai mes lecteurs, pour les preuves de la position respective
des fossiles dont je vais les entretenir.
Comme dans mon histoire des ossemens de mammifères, l’ordre
que je suivrai ne sera ni entièrement géologique, ni entièrement
zoologique.
Jè commence par les crocodiles, parce que c’est leur ostéologie
xjui me sert de point de départ, et aussi parce que leurs os sont ceux
qui se trouvent dans le plus grand nombre de terrains et que l’on
y reconnoîl avec le plus de facilité.
Viennent ensuite les tortues, que leur grandeur a fait remarquer
en beaucoup d’endroits, et qui, par l’ostéologie de leur tête, ainsi
que par beaucoup de détails de leur organisation, se rapprochent
pour le moins autant que les crocodiles de la classe des mammifères.
Les lézards seront réunis dans le troisième chapitre, et nous offriront
des conformations extraordinaires dignes de toute notre attention.
Je ne pourrai donner que peu d’espace aux os de serpens et d’oiseaux,
qui ne se-rencontrent que bien rarement parmi les fossiles;
mais je traiterai avec détail des batraciens, non-seulement à cause de
l’espèce remarquable de cette famille que l’on a prise long-temps
pour un homme fossile, mais encore parce que c’ est sur leur anatomie
que l’on a commis le plus d’erreurs, et que l’on s’est jeté dans plus de
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