couvrant, comme dans les mammifères, l'intervalle des orbites, leur
fournissant un plafond, ou plutôt ici (à cause de leur direction) un
bord interne , descendant presque jusques à la racine des nasaux.
Cet os montre même, dans les individus qui sortent de l ’oeuf, an reste
de suture longitudinale, comme il en a une dans les mammifères, et
qui s’efface promptement. Mais une suture qui n’existe jamais dans
les mammifères, et qui subsiste au contraire toujours dans le crocodile
, sépare en avant du frontal de chaque côté un os, h , h , qui se
trouve ainsi interposé entre le lachrymal et le frontal principal, et
descend du bord de l’orbite à la racine des nasaux. 11 rentre dans
l ’orbite comme le lachrymal, et y descendant plus bas, il s’unit par
une apophyse avec le palatin.
Entre cette apophyse et le palatin d’une part, et le maxillaire de
l’autre, et sous le lachrymal, est une grande ouverture qui pénètre
dans la cavité nasale, elle tient lieu h la fois de canal sous-orbitaire
et de trous ptérygo-palatins et sphéno-palatins, mais elle est surtout
remplie dans l’animal frais par desmuscles moteurs de la mâchoire inférieure,
muscles que nous verrons ailleurs être propres aux ovipares.
Le frontal principal ne descend pas dans l’orbite sous forme osseuse,
et tout l’espace entre lui et le palatin jusqu’au sphénoïde, ou
ce que bon pourrôit appeler la cloison interorbitaire, est simplement
cartilagineux ou membraneux dans l’animal frais, ce qui le laisse entièrement
vide dans le squelette.
On avoit déjà des traces de cette dernière disposition dans quelques
mammifères. Dans le sàimiri, par exemple, et dans certains
ehevrotains, où la cloison interorbitaire est réduite à une seule
lame , elle a des espaces membraneux.
J’avois d’abord considéré l’os particulier, h , h , placé entre le la-
ehrymal et le frontal, comme un second lachrymal (Leçons d’Anatomie
comparée, II, p. 7 1 ) ; mais un examen plus attentif m’a fait
reconnoitre que ce n’est qu’une partie du frontal ( Ann. du Mus.,
t. X I I , p. 7 ) , celle que l’on nomme dans l’homme Xapophyse orbitaire
interne, ou dans les mammifères, Xapophyse antorbitaire,
laquelle est ici constamment détachée du corps de l’os.
Je l’ai donc appelée fr o n ta l antérieur (1).
Il suffit en effet de placer une tête de mammifère, de ruminant
par exemple, à côté d’une tête de crocodile, pour s’assurer qu’il s’est
fait ici un démembrement du frontal. On pourroit, àaiis rien déranger,
dessiner sur le frontal du mammifère la suture qui existe dans le crocodile,
et on détacheroit ainsi dans le premier un frontal antérieur
qui auroit la même position, presque la même figure, ét absolument
le même emploi que dans le crocodile (2).
: (r) M. Geoffroy, partant de son idée que l’on doit retrouver danâ tous les crânes précisément
le même nombre d’os , a d’abord voulu faire du frontal principal le corps de l’eth-
moïde ; et des deux frontaux antérieurs ses ailes, ou ce qu’on appelle les cornets supérieur? ;
mais ces mêmes parties existent dans les crocodiles comme dans les autres animaux ; et y
sont seulement dans un état presque entièrement membraneux ou cartilagineux. D’ailleurs
en les cherchant à une place aussi insolite, on changeroit entièrement leurs fonctions : puisque
les os, H et h , dont il s’agit, occupent la même place , remplissent le même-rôle,
ont la même structure, l'a même configuration que le frontal et ses deux apophyses. Enfin ,
même en admettant cette dénomination, on n’arriveroit point à ce nombre identique,
parce qu’il y auroit ailleurs beaucoup, d’autres mécomptes * *. Aussi ma détermination ** a -
t-elle été adoptée par M. Ulrich *** et par M. Geoffroy lui—même ****.
(2) Cependant M. Oken prononce ( Isis de 1818, p. 292) que Cette pièce répond à l’os
plamim ou autrement la lame orbitaire de Veihmoide. Or l’os planum ne paroît jamais sur
la joue ; il ne se montre plus dans, l’orbite à compter des makis, si ce n’est un petit pbint
dans les galéopithèques et dans quelques chats. Dans tous les autres mammifères l’ethmoïde
est entièrement enveloppé et caché par le palatin et par le frontal, et spécialement par cette
partie du frontal dont il est maintenant question et qui sé détache dans l‘eS ovipares. Le
’véritable ethmoïde est enveloppé de la même manière dans le crocodile, quoique presque
toutes ses parties restent cartilagineuses.
Quant à M. S p ix , entraîné par un autre système , et négligeant le trou lachrymal, qui
•Cependant est bien visible, et qui', spécialement dans le crocodile , est percé tout entier dans
l ’os auquel je donne ou plutôt auquel je maintiens le même nom, c’est mon' frontal antérieur
qu’il appelle lachrymal, et du vrai lachrymal il en fait un démembrement du jugal.
Il cherche le trou lachrymal dans cette grande ouverture q u i, ainsi quene fa i çlit ci-dessus,
répond en partie aü canal sous-orbitaire ét aux deux trous analogues au sphéno-paîalin et
du ptérygo-palatin *****.
* Voyez le mémoire de M. Geoffroy sur les os du-crocodile, Ann. du Mus., t. X, cl là gravure, ibid. ,
i>i. iy , fig. 3, 3, 4 et S.
** Je l’ai donnée en gfin<?ral pour tous les ovipares: dans le XIX*. vol. des Ann, du Mus. ; mais je Pavois,
déjà donnée pour le crocodile eu particulier dans le XII*., et dans la première édition- do ces Recherches,
t. IV, art. des crocodiles vivons.
*** Annotaliones quoedam de sensu ac significalione ossium capitis, p. 21.
++*+ Philos.ophie anatomique, p,. ?4,.
***** Cephalogenésis, passim.
T. Y , 2e. P. 10