Il falfoit tout l’aveuglement de l’esprit de système pour qu’un
homme tel qj* *e Scheuchzer, qui étoitmédecin et qui devoit avoir yu
des squelettes humains, pût se tromper, aussi grossièrement ;.carç,ette
imagination, qu’il a reproduite si opiniâtrément, et que l’ on a si longtemps
répétée sur sa parole , ne peut supporter le plus léger examen.
Jean Gesner cite encore ce morceau pour un antropolite dans son
Traité des Pétrifications, imprimé à Leyde en iy 58. Il paroît cependant
que ce naturaliste, devenu,propriétaire d’un morceau semblable,
fut ensuite le premier h élever des doutes sur l’espèce qui l’avoit
fôurni, et h conjecturer que: ce pouvoit ,bien n’être (piun mal ou
statut (sïlurus glanis Lin.) ( r ) , opinion que lesnaturalistes adopter
rent aussitôt avec une confiance égale à celle qu’ils avoieut accordée
à Scheuchzer (a).
Le ïrtorceau de Jëan Gesner n’a , pas. été gravé, non plus qu'un
autre quiétoit, dit-on, dans le couvent des Augustinsd’QEpingenj'd),;
maison en a découvert un plus complet que celui de Schcudi/.er,
qui appartenoit au docteur Amman de Ziuric, et.qui a pa«é au M uséum
britannique. Il eu a paru une gravure publi.ég,ga|JM. K atg,
dàns les Mémoires de la Société de Souabe, pi. I l , fig.| 3. Nous la
fîmes copier dans notre première édition, et on la voit, réduite au
sixième de la grandeur naturelle, pl. XX.V, figyl ;.go,ps fîmes placer
à côté le morceau de Scheuchzer, lig. a , aussi réduit au sixième , et
un squelette de silure, fig. 4, dans une proportion;à paioîtrë a peu
près de même grandeur. En tète de la série nous plaçâmes, fig. r ,
un squelette de salamandre terrestre de grandeur naturelle.
■ G’étoit la manière!» plus commode de meure nos lecteurs à mênre
de suivre des raisonnemens qui ont été enfin si complètement confirmés.
La seule comparaison du premier dq ces morpegijx aveçunsque-
. ( i) Andrece, Lettres sur la Suisse , p. $2.
i (2) V og el, Minerai. System., p. 24a ; Razoumouféky, -'Acaa. de Lausanne, t. ï t l , p. 216;
Blumenbacli, .Mariuelj’ëcl. de 1807 , p. 728!;^t'-'Mâgasm de F'oîgt) t.‘ Y y pv 22; K à tg ,
Mém'.1 de là So'cieîé 'des;Naturalistes de-Souabe,, 1 .1 p ,:34«t ete.:, etof.c -■>
• (Sj)i Aiaz.oimïortsky,; loc, -oit.
Fok.4ir,'E.< ’ 4^3
lette d’homme aurait déjà pu désabuser de l’idée que-c’étoit un antropolite.
Les proportions des parties offrent à elles seules des différences
très-sensibles. La grandeur de la tète est bien à peu près celle d un
homme de moyenne taille; mais la longueur des seize vertebres est
de quelques pouces plus considérable qu’il ne faudrait : aussi voit-
on que chaque vertèbre, prise séparément, est plus longue à proportion
de sa largeur que dans l’homme.
Les autres différences qui sé tirent de la forme des parties ne sont
pas moins frappantes. La rondeur de la tête, qui aura été la principale
cause de l’illusion, n’offre cependant qu’un rapport éloigné avec
celle de l’homme. Qu’est devenue toute la partie supérieure, tout ce
qu’il devrait y avoir de front? Et si l’on suppose que le front a été
enlevé , la rondeur totale ne sera plus qu’un effet du hasard, qui ne
prouvera rien.
Gomment les orbites sont-ils devenus sigrands? Que la tète ait été
comprimée d’avant en arrière , ou qü’il n’y en ait qu’une coupe verticale,
cette grandeur d’orbites est également inexplicable. Plus on
enfoncera la coupe, plus les orbites y deviendront petits.
L ’intervalle des orbites est garni d’os entiers, qu’une suture longir
tudinale distingue. Où est l’analogue de cette structure dans 1 homme ?
Pourquoi ne voit-on ni les os ni la cavité du nez, et s’il n’y a que des
restes de la partie postérieure, comment cette suture s’y est-elle formée
?
Comment dans une tête, soit comprimée, soit coupée, n’est-il pas
resté traee de dents? tandis que les donts sont toujours la partit1 qui
sé conserve le mieux dans les fossiles. Scheuchzer suppose que les os
placés aux deux côtés de la première vertèbre sont des restes de la
mâchoire inférieure; mais où est la ressemblance, et pourquoi toujours
ce manque de dents?
Ces motifs et beaucoup d’autres sont sans doute ce qui a fait chercher
à ee fossile un autre type que l’homme; niais, au lieu de le
chercher par une comparaison directe, on aura employé la voie du
raisonnement. Les carrières d’OEningen, aura-t-on dit, fourmillent
T. Y , ne. P. 55