pi. XLIV, la figure d’ un beau squelette de crocodile des Indes de
douze pieds de long, qui étoit conservé dans les galeries d’anatomie
de notre Muséum; mais comme ce squelette avoit encore ses cartilages
et ses ligamens, le peintre ne put rendre correctement la forme
des articulations, et M. Faujas n’y ayant joint aucune sorte de description,
son ouvrage étoit loin de fournir tous les renseignemens qui
auroient été nécessaires pour juger les questions qu’il y traitoit.
Si 1 on ajoute à ces travaux les notions éparses dans mes diverses
Leçons d,’Anatomie comparée, celles qui se trouvent dans la lettre
d Adr. Camper sur les fossiles de Maestricht ( i ) , la description et la
figure d’une tête de caïman à paupières osseuses par M. Schneider
(2) , et les ingénieuses recherches de mon savant confrère
M. Geoffroy, pour comparer les os de la tête du crocodile à ceux
des autres animaux, exposées dans le t. X des Ann. du Mus., p. 249,
on aura, je crois, tout ce qui avoit été fait d’essentiel sur l’objet qui
nous occupe au moment où parut ma première édition.
Depuis lors le public a été gratifié de belles figures de la tête entière
du crocodile, de sa coupe et des os séparés qui la composent,
données par M. Spix dans son Cephalogenesis ,• de discussions sur
-cette même tête, accompagnées de figures au trait par M. Oken-,.
dans son 2e. cah. de Ylsis de 1818; enfin d’un dessin du squelette
d’un jeune gavial fait par M. Laurillard, et que M. de Soemmerring,
à qui je l’avois envoyé, a donné à M. Tiedeman pour l’insérer dans
son Hist. des Crocodiles.
Je vais maintenant reprendre cette matière entièrement à neuf,
et joindre aux observations de mes prédécesseurs ce qu’il me parort
nécessaire d’y ajouter, pour éclaircir les nombreuses difficultés
qu’elle présente encore, sous.le rapport ostéologique, et dont la solution
aura des conséquences pour plusieurs des chapitres qui vont
Suivre.
Outre le squelette des Indes, déjà représenté par M. Faujas, j’eu 1
(1) Journ. de P hys ., t. L I , p. 278.
■ (2) Hist. Arriphib., fascic. II, pl. I.
ai un autre de la même espèce, rapporté de Timor par M. Pérou,
et long de neuf pieds. Il m’en est venu depuis un troisième , non
moins beau et plus grand, pris à Calcutta dans le Gange, et préparé
par les soins de M. Wallich, directeur du jardin de la compagnie
des Indes dans cette ville, qui a bien voulu, en faire présent au
cabinet du Roi. J’y joins encore un individu de la meme espece,
mais de deux pieds et demi seulement, rapporte de Java parM. Les-
chenault; un de trois pieds neuf pouces de l’espèce du Nil, fait autrefois
par Duverney ; un de douze pieds de 1 espèce de Cayenne,
rapporté de Lisbonne ; un de sept pieds de l’espèce du Mississipi ou
à museau de brochet, préparé ici avec un individu envoyé de New-
York ÿàr M. Milbert ; je profite aussi de trois petits des espèces des
Indes ou à deux arêtes, de Cayenne ou à lunettes, et du Gange ou
gavial, que j’ai fait faire pour servir de pièces de comparaison ; enfin
j’ai outre ces squelettes un assez grand nombre de têtes de toutes.les
espèces et de tous les, âges, et particulièrement trois de l’espèce'du
Gange ou gavial, la plus rare de toutes-, que jn dois aussi à. la bonté
de M. Wallich. ■
Cette grande richesse n’ est point superflue dans des travaux comme
ceux-ci;, où il faut en quelque sorte épuiser toutes les variétés que
l’ostéologie d’une espèce peut subir dans les divers individus avant
d’oser établir une espèce nouvelle sur quelques os isolés- C’est pourquoi
je me suis appliqué depuis long-temps à multiplier, autant que
possible, les squelettes des espèces intéressantes, et surtout de celles
qui en ont d’approchantes parmi les fossiles-
A u t i c l b p r e m i e r -
Détermination des os de la tête dans les Crocodiles proprement
dits, et leur comparaison avec ceux des mammifères.
L e crocodile, comme beaucoup d’autres reptiles, a cela d avantageux
à l’étude de son ostéologie, que ses sutures ne s effacent point,
du moins n’en a-t-il disparu aucune dans nos plus vieilles tetes; et
nous avons peine à concevoir comment Duverney et Perrault ont pu