U hippopotame est injuste • le suchis est juste. C ’est un nom et
une espèce de crocodile (ou bien, ü a le nom e t la figure du crocodile
). I l ne nuit à aucun animal.
L ’explication est simple. Damascius vivoit sous Justinien , au
sixième siècle; son maître Isidore, dont il écrit la vie, n’étoit guère
plus ancien. De leur temps les payens étoient persécutés. On ne
nourrissoit plus d’animaux sacrés en Egypte ; il ne restoit de l’ancien
culte que des traditions ou ce que les livres en rapportoient. Damascius
étoit ignorant et crédule, comme les seuls titres de ses ouvrages
en font foi. Il aura lu ou entendu dire que le souchis ou crocodile
sacré d’arsinoe n e ja iso it point de m al, et il en aura fait aussitôt
une espèce particulière et innocente, si toutefois le mot idoc est pris
ici pour notre mot espèce; car on sait que sa signification est ambiguë
, et la manière obscure dont il est placé par Damascius n’est pas
propre à en fixer le sens.
Il est évident d’ailleurs que le suchis, fut-il un crocodile moins
fort que lès autres, seroit toujours carnassier, et qu’on ne pourroit
dire raisonnablement qu’i l ne nuit à aucun animal. Une semblable
erreur est faite pour ôter tout crédit à ce passage.
De Paw semble croire que les Arsinoïtes nommoient leur crocodile
suchu, voulant dire le ju s te (i). C’est qu’il avoit mêlé dans sa
mémoire, comme il lui arrive souvent, le passage de Strabon et celui
de Photius.
Bochart dérive suchus de l’hébreu, et dit qu’il signifie nageur,
nom convenable, ajoute-t-il, pour le crocodile d A r sin o ë, dont le
culte, selon quelques-uns, ainsi que le rapporte Diodore , avoit été
établi par le roi M ènes, parce qu’un crocodile l’avoit sauvé en le
portant sur son dos à la nage, un jour qu’il étoit tombé dans l’eau.
Je prévois cependant encore une objection. Comment, va-t-on me
demander, ce nom de suchis est-il devenu appellatif, puisque p i
suchi en copte signifie un crocodile en général, aussi bien que p i
amsah ?
(i) Rech. philos, sur les Egyptiens et les Chinois, I I , 123.
Je réponds que Kircher seul me paroît avoir introduit ce mot dans
la langue copte, et je crois qu’il l’a forgé d’après le passage de Strabon.
Le savant M. de Sacy s’est assuré qu’dn ne le trouve point dans
le vocabulaire manuscrit rapporté à Rome par Pietro délia Valle,
et déposé depuis pendant quelque temps à la bibliothèque de Paris,
vocabulaire qui a servi de base à la Scala de Kircher. Il n’est pas
davantage dans un autre vocabulaire apporté d’Egypte par M. Marcel.
Kircher lui-même a varié dans l’orthographe de ce mot; et dans
le supplément de son Prodromus, p. 587, il l’écrit p i songi, apparemment
par Ce qu’il suivoit alors les exemplaires de Strabon où l’on
trouve sonchis.
2°. L e crocodile a deux arêtes. ( Crocodilus hiporcatus, Non. '
Crocodilusporosus, Schneider. )
Le hasard a voulu que nous possédassions cette espèce dans tous
ses âges, depuis la sortie de l’oeuf jusqu’à la taille de douze pieds;
ce qui non-seulement nous a fourni ses caractères aveo beaucoup de
certitude, mais nous a encore donné les renseignemens lés plus
utiles sur les variations de forme que l’âge fait subir aux crocodiles
en général.
Sa tête, prise dans l’âge adulte, ne diffère de celle du crocodile
vulgaire que par deux arêtes saillantes qui partent de l’angle antérieur
de l’orbite, et descendent presque parallèlement le long du
museau, en disparoissant par degrés.
Les écailles du dos, qui ressemblent à celles de l’espèce vulgaire
par l’égalité et le peu d’élévation de leurs crêtes, en diffèrent,
10. Parce qu’elles sont plus nombreuses: la première rangée eu a
quatre; les deux suivantes, six; puis en viennent huit, de huit chacune
; puis trois à six, et trois à quatre; dix-sept rangées en tout, sauf
les petites variétés individuelles;»
2°. Parce qu’au lieu d’être carrées et plus larges que longues, elles
sont ovales et plus longues que larges.
La nuque est.à peu près comme dans le vulgaire,
t . y, 2«. p.