Quant aux os du crocodile du Vicentin, leur gangue ne ressemble
pas précisément à celles des échantillons précédens, mais elle appartient
aussi au calcaire dit du Jura.
Il en fut découvert des portions considérables de mâchoires dans
une montagne près de Rozzo, district des Sept Communes, sur les
confins du Vicentin et du T yrol, et ce morceau se trouve aujourd’hui
dans le cabinet de M. Jérôme Berettoni à Schio : il est dans une
pierre calcaire d’un jaune rougeâtre.
M. le comte Marzari Peneati de Vicence, dans une lettre à
M. Isimbardi sur les terrains du val Travaglia, nous apprend que
cette pierre est le calcaire ammonitifère du Jura, lequel est recouvert
par cet autre calcaire du Jura qui manque de coquilles.
M. Faujas fait mention de ce crocodile (M ont. de S a in t-P ierre,
p. 2s 5, et Essais de G éolog ie, I , p. i 65) , d’après un dessin que
Fortis lui avoit procuré , mais qu’il n’a point fait graver,
M. le comte de Sternberg y a suppléé dans son Voyage en
T y ro l, etc., publié à Ratisbonne en 1806, où il donne une bonne
figure de ce morceau, réduite à demi-grandeur.
On y .voit la portion antérieure du museau et les deux moitiés de
la mâchoire inférieure détachées l’une de l’autre, mais restées presque
dans leur position naturelle. La mâchoire inférieure est longue de
vingt-cinq pouces et demi et large de huit, mesure de Vienne (1),
Une bonne partie des dents étoit tombée, et avoit été saisie ensuite
par la pierre où elles entourent les os maxillaires. On voit d’ailleurs
en place leurs alvéoles et même une partie de leurs racines; mais
M. de Sternberg assure qu’il n’y a point de petite dent dans la cavité
des grandes.
La mâchoire supérieure ne montre que deux de ces alvéoles en
avant, et cinq sur l’un de ces côtés, l’autre côté les ayant toutes
perdues; mais on en voit encore seize d’un côté et douze de 1 autre
h l’inférieure.
Ces ossemens paroissent bien appartenir à nu crocodile ; mais il
(1) S t e rn b e r g , loc. c i t ., p. 86 et 87.
est fort aisé de s’apercevoir qu’ils ne viennent pas du gavial ordinaire
, comme l’assure si positivement M. Faujas. La'portion postérieure
de la mâchoire ne seroit pas presque en ligne droite avec l’antérieure,
c’est-à-dire avec celle qui appartient à la symphyse , mais
elle feroit avec elle un angle pour sucàrter davantage de sa correspondante
de l’autre côté, ainsi qu’on peut le voir en jetant un coup
d’oeil sur le dessin que nous avons donné de la mâchoire inférieure'
du vrai gavial.
Ce caractère suffit pour distinguer cette tête de crocodile, et principalement
sa mâchoire inférieure, de celle du gavial, et pour la rapprocher
beaucoup de celle d’Altorf et de l’une, de celles de Honfleur.
Je n’hésiterois même pas à les regarder toutes les trois comme appartenant
à une seule et même espèce, soi étoit sûr de s’en rapporter
à de.simples dessins dans dès matières aussi épineuses*
Tels étoient les os fossiles de véritables crocodiles , que lès naturalistes
avoient fait connoître avant la première édition de cet ouvrage..
:
Il me reste a parler de ceux que je décrivis alors, et de ceux qui
ont été découverts depuis par moi ou par d’autres..
Je commencerai par le plus complet et le plus incontestable de
tous, quant à son genre et à son espèce, celui de Monheim , qu’a fait
connoître M. de Soemmerring:
Je traiterai en second lieu de celui qui a été récemment découvert
dans les carrières, de pierre à chaux des environs de Caen.
Je passerai ensuite aux deux espèces dont les os. se trouvent pèle-'
mêle dans lès couches marneuses et pyriteuses des environs de Honfleur
et du Havre.
Ces quatre crocodiles sont suffisamment déterminés, et lfeurs caractères
fixés au-delà de ce qui est nécessaire pour établir leur
distinction.
Je terminerai cette section par lès fragmens trouvés en divers
lieux, et qui indiquent certainement des crocodiles, mais qui ne sont
pas assez complets pour en déterminer avec certitude les espèces.
Je n’aurai point à parler des prétendus crocodiles de Dax qui ne