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 jusqu’à la réunion  des  deux  crêtes,  et  autant  après.  Mais  je  
 dois observer ici que ces deux nombres  sont plus sujets  à  varier  que  
 ceux des rangées du dos. 
 La  couleur  paroit  avoir  été,  dessus.,  brun-verdâtre  très-foncé,  
 dessous,  jaune-verdâtre ;  les flancs  rayés  en  travers  assez  régulièrement  
 de ces  deux  couleurs. 
 L ’individu  de  M.  Peale  n’a  que  cinq  pieds  de  long,  et  les  plus  
 grands de MM.  Milbert  et  Lesueur  ne  vont  qu’à  six  ou  sept;  mais  
 l’espèce  devient  aussi grande qu’aucune  autre,  si  l’on  s’en  rapporte  
 aux  voyageurs. Catesbyen  particulier  dit  qu’il  en  observa  de  quatorze  
 pieds. 
 La  longueur  totale  comprend  sept  longueurs  de  tête  et  demie.  
 La  largeur du  crâne,  à  l’articulation des mâchoires, fait moitié de  sa  
 longueur;  par conséquent,  en même  temps  qu’il  a. le  museau  plus  
 élargi que les. suivans; il l’a aussi plus allongée 
 Cette espèce  va assez loin  au  nord;  elle remonte le Mississipi  jusqu’à  
 la  rivière Rouge. M.  Dunbar  et le docteur Hunter  en  ont  rencontré  
 un individu  par  les  32°  et  demi  de  latitude nord,  quoiqu’on  
 fut au mois  de décembre  et que la  saison fût assez  rigoureuse (r). 
 M.  de Lacoudrenière  rapporte que ceux de la Louisiane se jettent  
 dans la boue  des marais  quand le froid vient,  et  y   tombent dans  un  
 sommeil léthargique, sans être gelés ;  quand il fait très-froid, on peut  
 les couper par morceaux sans les réveiller;  mais  les  jours  chauds  de  
 l’hiver  les raniment  (2),  Catesby  en  dit  à  peu  près  autant  de  ceux  
 de la  Caroline.  On  sait  qu’Hérodote  dit  aussi  du  crocodile  du N il  
 qu’il  se cache  pendant quatre  mois  d’hiver et les passe sans manger. 
 Selon M. de  Lacoudrenière,  il  ne mange  jamais dans  l’eau ; mais  
 après  avoir noyé  sa  proie  il  la  retire  pour  la  dévorer.  Il  préfère  la  
 chair  de nègre à  celle de blanc.  Sa  voix  ressemble  à celle d’un  tau- 1 
 (1)  Message  du président  des  Etats-Unis,  concernant  certaines  découvertes faites  en  
 explorant le Missouri,  la rivière Rouge et le  IVashitu,  impr.  à New-Yorck en  1806, p. 97. 
 (2)  Joum.  de P h j s . ,   1782,  t. X X , p.  333. 
 reau;  il  craint le requin et la .grande  tortue,  et. évite  l’eau  saumâtre  
 à  cause d’eux. Sa gueule  reste  toujours fermée  quand il dort. 
 Il  paroît  que  c’est  de  cette  espèce  qu’a  parlé  Bartram;  elle  se  
 réunit  en  grandes  troupes  dans  les  endroits  abondans  en  poissons.  
 Ce voyageur en a trouvé dans un ruisseau d’eau chaude et vitriôlique.  
 La  femelle  dépose  ses  oeufs  par  couches  alternativement  avec  des  
 couches de  terre  gâchée,  et  en forme  de  petits tertres hauts de trois  
 à quatre pieds. Elle ne les abandonne point,  et garde aussi ses petits  
 avec elle  plusieurs mois'après  leur  naissance. 
 2°.  L e   caïman  à  lunettes  (crocodilus  sclerops,  Schneideb). 
 11  est fort  bien  représenté,  ainsi  que  M.  Schneider'le  remarque»  
 dans  lafig.  10,  pl/CIV  de Sëba ,  t.'I, quoique cette figure  soit  faite  
 d’après.un  très-jeune  individu.  C’ est  à  cette  espèce  qu’appartenoit  
 l’individu décrit parLinnæus (Amoe nit. A ca d ., I , p.  i'5 i).'M. Schneider  
 l’a  très-bien décrite aussi. C’est elle que je prenois autrefois pour  
 le caïman fem e lle  en  général, et dont j’ai fait graver la tête  ( A rch .  
 zo o l.,  II,  cah.  II, pl.  I I, fig.  3 ). 
 Mais'Séba pourrait induire en  erreur,  parce  qu’il dit  que  son  individu  
 venoit de Ceÿlan.  C’est  au  contraire ici l’espèce  la  plus  commune  
 à  Cayenne,  celle  qu’on  envoie  le  plus  fréquemment  de  la  
 Guyane,  et  dont  nous  avons  le  plus  d’individus  dont  la patrie  soit  
 bien constatée. Ils  sont  fort nombreux  au  cabinet du Roi et dans  les  
 divers  cabinets  de Paris,  et  nous en avons  vu plusieurs  vivans,  soit  
 à  la ménagerie,  soit chez les montreurs  d’animaux  de  cette  capitale.  
 Nous en  avons même  disséqué  trois  individus.  Le Muséum  en  possède  
 plusieurs  têtes  osseuses  de  diverses  grandeurs,  un  très-grand  
 squelette  venu du Brésil,  et  un petit, pris d’un individu de Cayenne  
 mort  à  la ménagerie. 
 C’est bien aussi elle, mais dans son premier âge, que représente la  
 mauvaise  figure  de mademoiselle .Mérian  [S u rin ,,  pl. LXIX ),  copiée  
 par  Bonnaterre-(Æ72çycZ.  m éth .,  planches  d’Erpétol.,  pl.  I I,  
 fig.  1 ).  Il est donc probable que c’est le ja ca re de Margrave et d’Az- 
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