Outre les pores ventraux très-sensibles dans cette espèce, elle en
a dans sa jeunesse à toutes ses écailles du dos et aux intervalles triangulaires
qu’elles laissent entre elles.
Ce caractère des pores dorsaux ne se retrouve un peu que dans les
très-jeunes individus de l’espèce ordinaire du Nil.
On ne peut douter que ce ne soit ici le crocodilus porosus de
M. Schneider. La description qu’il en donne est parfaitement exacte.
C’est aussi, l’espèce dont j’ai représenté la tête dans les Archives
zoologiques, t. II, cah. I I, pl. I I, fig. i ; mais c’étoit la tète d’un individu
qui n’avoit qu’un pied de long.
A cet âge, la tête présente des différences que l’on peut saisir en
comparant la fig. i g de notre pl. I , où cette tête est un peu rapetissée,
à la fig. 4 qui représente l’adulte très-rapetissé.
Dans celle de l’individu d’un pied de long, les côtés, au lieu de
continuer leur direction rectiligne, se courbent un peu vis-à-vis des
yeux, où ils renflent très-légèrement la joue, pour devenir presque
parallèles jusqu’à l’articulation des mâchoires. Les fosses du crâne
sont plus longues que larges , et les orbites beaucoup plus grands que
dans l’adulte.
La tête d un individu sorti de l’oeuf depuis peu de temps fait voir
encore d’autres différences. Nous la représentons de grandeur naturelle,
p,l. I, fig. 18. Son caractère le plus distinctif tient au peu de
développement proportionnel du museau.
La comparaison que j’ai faite des jeunes individus de l’espèce vulgaire
et de l’espèce de Saint-Domingue à leurs adultes m’a offert des
différences tout-à-fait analogues, et il est probable qu’il y en a de
pareilles dans toutes les espèces. Cette observation préservera les
naturalistes d’en établir sur ,çes caractères d’âges.
Nous avons dans 1 esprit-de-vin trois individus entiers de cette
espèce, depuis six jusqu’à dix-huit pouces de long ; un en squelette,
long d’un pied et demi ; un autre empaillé, d’une taille double ; la
tète d’un qui avoit cinq pieds; un squelette de dix et un de douze.
Ce plus grand squelette a été apporté de Java au Stathouder; celui
de dix pieds vient de Timor, où il a été fait par M. Péron. Le même
savant voyageur a rapporté des îles Séchelles plusieurs jeunes individus
de cette espèce. M. Leschenault en a encore apporté un squelette
de trois pieds de Java. Je viens d’en recevoir de M. Wallich
de Calcutta un superbe squelette de dix-sept pieds de longueur d’un
individu pris dans le Gange. Il est donc très-probable que c’est ici le
crocodile le plus commun dans toutes les rivières qui aboutissent à la
mer des Indes.
C’est bien cette espèce que représente la fig. 1 , pl. CIII de Séba,
t. I. Nous possédons l’individu de Séba au Muséum: il venoit de
Ceylan, selon cet auteur.
C’est aussi à cette espèce que se rapporte la fig. 12, pl. CIY.
Le brun est distribué dans les jeunes individus par grandes taches
rondes, isolées sur les flancs, rapprochées en bandes sur le dos. J’ignore
si les couleurs changent avec l’âge.
M. de Labillardière m’apprend que c’est une opinion générale à
Java , que cet animal ne dévore jamais Sa'proie sur-le-champ, mais
qu il 1 enfouit dans la vase, où elle reste trois' ou quatre jours sans
qu’il y touche. Nous verrons bientôt que la même habitude est attribuée
à d’autres espèces.
3°. L e crocodile a losange. ( Crocodilus rhombifer, Nob. )
J’ignore sa patrie. Je n’en ai vu que deux individus : un entier du
cabinet de l’Académie des Sciences, et un autre de ce Muséum, qui
étant fort mutilé, m’a donné occasion d’en tirer le squelette de sa
tête.
Les caractères de cette espècé sont très-frappaùs.
i°. Son chanfrein est plus bombé que dans toutes les'autres; sa
coupe transversale représente un demi-cercle au moins ; dans le crocodile
vulgaire, c’ est une courbe extrêmement surbaissée;
a». De l’angle antérieur de chaque orbite part une arête mousse,
rectiligne, qui se rapproche promptement de sa correspondante, et
forme, avec elle et les bords internes des deux orbites, un losange
incomplet à son angle postérieur. Ces deux arêtes se distinguent aisé-
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