dans un seul canton, aussi paroît-il. s;en trouver dans quelques autres
lieux de l’Angleterre.
M. Geâeon M an tell, de Leu>es en Sussex, dont j’ai déjà eu l’occasion
de citer ci-dessus, p. 161 et 2.32, le bel ouvrage sur les fossiles
de ses environs y m’écrit que dans le sablé ferrugineux de la
forêt de Tilgate, où il a recueilli tant de fossiles de diverses classes,
il a trouvé aussi des os de inégalosaurus d'une dimension énorme ;
entre autres des fragmensde fémur, dont le plus grand a vingt-deux
pouces anglais de circonférence, ce qui fait conclure à M. Mantell
que sa longueur devoit approcher de cinquante-quatre pouces ou
1,37. Il a eu la complaisance de m’adresser un de ces fragmens, et
d’y joindre quelques dents et quelques autres os ou fragmens d’os.
Les dents, quoique beaucoup plus petites que celles de M. Buck-
land, sont parfaitement de la même forme, et il n’est guère douteux
qu’elles ne soient de la même espèce.
Une vertèbre, longue de 0,11, me paroît ressembler aussi fort
exactement à celles de M. Buckland. Un caractère remarquable qu’ôn
y observe, c’est une arête vive ou carène longitudinale à sa face inférieure.
Je la donne, vne en dessous, pl. X X I , fig. 27. A la grosseur
de ses apophyses on pourroit croire que c’est une vertèbre
sacrée; elle a, comme celles de Stonesfield, beaucoup de rapports
avec nos vertèbres de Honfleur, pl. IX , fig. 3 , 6 et 10. Je trouvé
cependant que l’arête est beaucoup moins marquée, même dans
celles de ces dernières qui en offrent quelques vestiges.
Des fragmens d’os du métacarpe ou du métatarse sont si gros
qu’au premier coup d’oeil je les avois pris pour ceux d’un grand hippopotame.
Avec ces os de mégalosaurus, M. Mantell en a trouvé de croco-:
dile, de tortue, de plésiosaurus, de cétacés et d’oiseaux, et il en a
recueilli aussi dont il n’est pas possible d’assigner le genre. On ne peut
trop l’encourager dans le projet qu’il a de donner bientôt au public
une description détaillée et des figures dè cès trésors géologiques.
La première place pour la singularité y appartiendra sans doute à des
dents, pl. X X I , fig. 28— 3a , dont il a bien voulu me communiquer
quelques-unes, et dont je ne puis m’empêcher de dire ici quelques
mots, d’autant que si elles peuvent venir d’un poisson, comme on
le soupçonne, il n’est pas impossible qu’ elles proviennent aussi d un
saurien, mais d’un saurien encore plus extraordinaire que tous ceux
dont nous avons Connoissance.
Ce qui leur donne un caractère unique, c’est d’user leur pointe et
leur fust transversalement comme les quadrupèdes herbivores, et
tellement que la première qui me fut présentée s’étant trouvée dans
cet état de détrition, je ne doutai nullement qu’elle ne vînt d’un
mammifère; il me sembloit même qu’elle ressembloit beaucoup à
une mâchelière de rhinocéros, ce qui, vuson gisement, auroit de-
rangé toutes mes idées sur les rapports des os avec les couches, au
moins autant qu’auroit pu le faire le petit carnassier de Stonesfield.
Ce n’ est que depuis que M. Mantell m’en a envoyé une sérié d entières
et de plus ou moins usées que je me suis entièrement convaincu
de mon erreur.
Les plus grandes de ces dents ont une racine un peu courbée, qui
s’amincit vers son extrémité profonde. Leur couronne est prismatique,
plus; large à sa face externe. Cette face est seule couverte d é-
mail ; ou du moins elle a un émail plus épais et plus dur que le reste
du pourtour, comme dans les incisives des rongeurs. Elle s élargit
d’abord à partir de la racine, et ensuite ses bords se rapprochent
pour former la pointe tranchante qui termine, la dent. Les deux
bords qui, à partir de l’élargissement, vont se réunir à cette pointe
sont fortement dentelés en scie. La face externe et emaillee de la
dent a deux arêtes longitudinales très-obtuses, très-peu saillantes,
qui la divisent en trois parties, aussi longitudinales et très-légèrement
concaves.
; Une fois servant à la mastication, cette dent use d’abord sa pointe,
et petit à petit la détrition fait disparoître toute la partie qui a les
bords dentelés ; en même temps elle produit sur la dent une troncature
qui devient de plus en plus large, mais qui est toujours oblique, parce
que la face externe et émaillée s’use moins que le reste. C est quand