partient à presque toute l’époque des terrains secondaires que l’on
appelle communément la formation du Jura.
On en trouve en effet des fragmens dans une marne associée au
sable vert, à Bensingtoh; dans le grès calcaire sous l’oolithe, à Marchant
• immédiatement sous l’oolithe, à S hotoverhill, tous lieux du
comté d’Oxford (i). Il y en a aussi sous l’oolithe à Kimmeridge , dans
le comté de Dorset.
Mais c’est surtout le lia s, ou ce marbre gris-bleuâtre , marneux et
pyriteux, ainsi nommé par les Anglais, qui semble avoir été son tombeau
: il en a fourni d’innombrables débris dans les comtés de Dorset,
de Sommerset, de Glocester et de Leicester; et principalement dans
la vallée de l’Avon, au comté de Sommerset, entre Bath et Bristol,
et sur la côte du comté de Dorset, où les falaises d’entre Lyme et
Charmouth paroissent en être des carrières inépuisables. On y trouve
les ichty osaurus. à peu près comme dans nos plâtrières de Montmartre
les palæothériums, et leurs os y sont généralement entourés de quantité
de petites ammonites.
Il y en a dans la même pierre beaucoup plus au nord, et nous en
possédons de grands morceaux de Newcastle dans lé Northumber-
land.
Les os d’ichtyosaurus sont jusqu’à ce jour beaucoup plus rares sur
le continent ; toutefois nous en avons des vertèbres évidemment re-
connoissables parmi nos groupes d’os de crocodiles de Honfleur.
Plus nouvellement, M. Lamouroux nous en a communiqué divers
morceaux de la côte du Calvados, et nous en avons reçu même de
l’intérieur de laFrance, et surtout de fort caractérisés, de Condat en
Agénois, et de Reugny près Corbigny, dans le département de la
Nièvre. Ces derniers sont manifestement dans l’oolithe, mais la plupart
des autres ont une gangue très-semblable au lias. '
Il y en a aussi en Allemagne, et notamment dans ces carrières de
marbre gris, riche en pyrites et semblable au lias, des environs d’Al-
torf, où l’on trouve des crocodiles comme à Honfleur.
(i) Labécke et Conybeare, i cr. Mémoire.
Il y en a même un morceau assez célèbre, et dont l’histoire prouve
avec quelle légèreté des naturalistes, d’ailleurs habiles, ont attribué
à l’espèce humaine des os fossiles ou pétrifiés.
Scheuchzer, se promenant un jour dans les environs d A lto r f,
ville et université du territoire de Nuremberg , avec son ami Lang-
hans, alla faire des recherches au pied du Gibet. Langhans, qui avoit
pénétré dans l’enceinte, trouva parmi les pierres un morceau de marbre
cendré, qui contenoit huit vertèbres dorsales teintes en noir et
d’un aspect brillant; sa isi, dit toujours Scheuchzer, dun e terreuy
panique, Langhansjeta cette pierre par dessus le mur, et Scheuchzer
l’ayant ramassée, en garda deux vertebres, qu il considéra comme
humaines, et qu’il fit graver dans ses Piscium. quereloe , pl. HL II
fait tout ce récit à Bayer, à l’occasion de deux vertèbres semblables,
et probablement; du même lieu, que celui-ci avoit fait représenter
dans son Oryctognaphia n orica, pl. V I , fig. 3a , et Bayer fit imprimer
la lettre de Scheuchzer dans: les supplemens à cette Orycto-
graphie qui font suite à la description de son cabinet (i).
Ges vertèbres, copiées par Dargenville (a), et citees par VYalcli (3)
et beaucoup d’autres descripteurs de pétrifications , et dont nous
donnons aussi une copie pl. X X V , fig- 6, 7 et 8, ont depuis lors.passé
sans contradiction pour humaines, jusqu à ces derniers temps où 1 on
n’en a plus parlé du tout.
Iln’estcependantbesoin que des plus légères notions d’ostéologie,
ou mieux encore de la présence d’un squelette , pour, voir qu elles
ne viennent pas d’un homme. On auroit pu les croire de crocodiles
ou de poissons; mais aujourd’hui que 1 on connoit bien celles dich-
tyosaurus, on ne peut hésiter à y rapporter celles dont je viens de
parler.
J’en ai vu de semblables, et du même lieu, c’est-à-dire d’Altorf,
dans le cabinet du grand duc de Toscane.
(ï) Joh. Jac. Bayer, Sciagraphia Musei su i, Norimb. 1730 , p. 3o.
(2) Oryctoîogie, pl. X V I I , fig. 2.
(3) Monumens du Déluge de Knorr, I I , sect. I I , p. i 4°-
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