pond au lias des Anglaisseroit inférieur à la pierre de Caen, qui
contient les crocodiles décrits dans l’article précédent; il forme les
falaises de Port-en-Bessin et d’Arromanche ; mais les falaises de Dhres
et de Villers-sur-Mer, au pied desquelles sont les Vaches noires , appartiendraient
à un banc supérieur à cette pierre de Caen, et analogue
à ce que les géologistes anglais ont nommé marne et O xfort ;
et le troisième de ces bancs de marne bleue, qui sevoit sous la craie
des deux côtés de l’embouchure de la Seine, seroit encore supérieur
au précédent, dont il est séparé par divers lits de la formation ooli-
tique.
Ainsi les os que je vais examiner pourraient venir de deux bancs
assez différens l’un de l’autre, mais supérieurs à celui de la pierre
de Caen.
Ce qui du moins est certain, c’est qu’ils sont plus anciens que
la masse immense de craie qui repose sur eux, et qui, s’élevant en
falaises de cinq et six cents pieds de hauteur, forme tout le pays de
Caux, une partie du pays d’Auge, et s’ étend en Pioâïdie, en Champagne
et dans tout le sud-est de l'Angleterre,
Ces os appartiennent donc à dés couches bien antérieures'à celles
qui récèlent les os de quadrupèdes même les plus anciens, comme
sont nos gypses des environs de Paris, puisque ces gÿpses reposent
sur le calcaire coquillier le plus commun, qui repose lui-même sur
la craie.
La substance des os est d’un brun très-foncé, et prend un beau
poli; les acides la dissolvent, et en prennent une teinte rougeâtre
qui annonce qu’ellë est colorée par le fer. Elle a cependant conservé
une partie de Sa nature animale.
Les grandes cavités des os, comme la boite da crâne, le canal des
narines, celui des vertèbres, sont remplis par la même marne endurcie
et grisâtre qui enveloppe leur extérieur; mais les pores ou les
petites cellules de leur diploë sont occupés par un spath calcaire
demi-transparent, et quelquefois teint en jaunâtre. La pyrite tapisse
ordinairement chaque cellule, et enveloppe le spath d’une couche
mince et brillante. L’intérieur des coquilles en est aussi quelquefois
garni, et l’on en trouve dont la substance a été entièrement remplacée
par de la pyrite.
Je n’ai malheureusement aucun moyen de reeonnoître dans lequel
des deux ou des trois bancs chaque os a été pris.
§ 1 . Mâchoires inférieures.
Le morceau le plus considérable de la collection de l’abbé Bâchen
t est une mâchoire inférieure presque complète, que nous représentons
par ses faces supérieure et latérale, pi. VIII, fig. i et i ;
il ne. paroit y manquer que l’extrémité articulaire des branches*:
Cette mâchoire porte les. caractères incontestables des crocodiles;
ses dents sont coniques, striées: la plupart, il est vrai,;sont cassées,
mais on en voit a côte et dans la même pierre de bien entières, et où
l’on distingue les deux arêtes tranchantes; plusieurs de celles qui
sont en place montrent même, dans leur cavité , le petit germe
qui devoit les remplacer. J’ai un autre morceau cassé précisément
selon l’axe de la dent en place, et où l'on voit le germe de remplacement
déjà fort avancé, et occupant tout le vide de cette dent.
On distingue aussi fort bien les sutures qui divisent cette mâchoire
en six os de chaque côté, à peu près dans les mêmes positions
et de même forme que ceux dont se compose celle du gavial.
On ne peut donc nullement prendre cette mâchoire pour celle
d’un dauphin ou d’un Cachalot', comme l’avoit fait l’abbé Bachelet,
quoiqu’elle ne soit pas sans rapport avec cette dernière par sa forme
générale.
Néanmoins un examen attentif ne tarde pas à y découvrir des caractères
particuliers, qui la distinguent tout aussi clairement de celle
d’un gavial.
t°. Les branches sont beaucoup plus longues à proportion de la
partie antérieure ou symphysée , quelles surpassent de quelques
centimètres. Dans le gavial, lorsqu’on en a retranché, comme ici, la
partie articulaire, elles sont au contraire plus courtes de plus d’un
tiers; et même, en ajoutant cette partie, elles sont encore plus
courtes d’un sixième.
T. V, 2e. P. j 9