qu’en « supposant même qu’il existât des caïmans dans 1 état fos-
» sile, la demi-palmure de leur pied de derrière disparöitroit, et
» que leur second caractère ne seroit guère plus stable. » Comme ce
second caractère consiste dans la forme des têtes osseuses, il est évident
qu’il seroit aussi stable qu’aucun de ceux que 1 on peut recon-
noître dans les fossiles»
C’ est donc feu M. Schneider'" M. Blumenbach et mon savant confrère
M. Geoffroy-Saint-Hilaire, qu’il faut considérer comme ayant le
plus enrichi dans ees derniers temps l’histoire des crocodiles.
Le premier écrivoit à peu près en même-temps que moi, et nous
ne connoissions point réciproquement notre travail.
Après avoir recueilli avec soin les passages des anciens sur le croco
d ile, il cherche h se faire une idée nette du vrai crocodile du N il.
Pour cet effet, il rassemble ce que divers auteurs modernes ont
dit de l’extérieur et de l’intérieur du crocodile en général, et compare
cette description ainsi recomposée avec celle du crocodile de
Siam , faite parles missionnaires, et celle d’un crocodile d’Amérique
faite par Plumier, dont le manuscrit se conserve à Berlin.
Mais comme les différences qu’il déduit de cette comparaison résultent
seulement destermes ou de la manière de voir des auteurs, et
qu’aucun d’eux n’a eu l’intention de donner des caractères distinctifs ;
comme d’ailleurs le hasard a Voulu que Plumier ait disséqué précisément
celle des espèces américaines qui rentre dans la forme des crocodiles
proprement dits, je veux dire cèlle de Saint-Domingue, ainsi
qu’on peut s’en convaincre par ses dessins originaux encore aujourd’hui
déposés à la Bibliothèque du Roi ( 1 ), cé travail de M. Schneider
n’a mené à rien qui ait éclairci les espèces, si ce n’est celle de Siam,
dont les particularités se font bien remarquer dans Cette comparaison.
(0 II paroît, d’après les publications partielles de MM. Bloch et Schneider, que 1 on possède
à Berlin des manuscrits de Plumier, copiés par lui-même ou par un autre, et plus ou
moins semblables à ceux de Paris. Ceüx-ci offrent des dessins au simple tra it, mais d’une
pureté admirable, non-seulement du crocodile de Saint-Domingue, mais èncorè de 1 iguane
cornu, de la grande tortue de mer, et d’une multitude de reptiles , de poissons, e t c ., avec
beaucoup de détails anatomiques. Il est fort à regretter qu’aucun savant Français n’ait encore
songé à publier complètement ce riche trésor.
VIVANS. 2 3
L ’espèce du Nil y est même si peu constatée que la plupart des
caractères qui paroissent lui revenir dans ce résumé sont réellement
ceux du caïman. Le crâne dont M. Schneider donne la figure n’est
pas non plus d’un crocodile, mais bien de l’espèce de caïman que
j appelle à paupières osseuses.
11 se trouve néanmoins dans les passages allégués plusieurs indications
vraies et utiles sur la multiplicité des espèces en Amérique.
Laissant donc le crocodile du N il pour ce qu’il pourra être ,
M. Schneider passe à la description des espèces qu’il en croit différentes,
et parmi lesquelles il y en a plusieurs que nous avons reconnues
dans les nôtres. En voici l’énumération :
i°. Le crocodile de Siam des missionnaires'. Gelui-là paroît réellement
distinct , et M. Schneider a le mérite d’avoir le premier reconnu
ce fait dans l’ouvrage où il étoit jusque-là resté comme enfoui.
2°. Celui qu’il nomme potosus, et qu’il décrit d’après lés individus
des cabinets de Bloch et de Goettingen. Ce n’est probablement pas
autre chose que notre crocodile à deux arêtes. Lés pores à chaque
écaille, dont M. Schneider à cru devoir faire un caractère spécifique,
se retrouvent plus ou moins dans tous les crocodiles proprement
d its, dont son C. porosus a d’ailleurs toutes les autres marques génériques.
Le longirostris ou gavia l, reconnu de tout le monde.
4°. Celui qu’il nomme sclerops, et qui est précisément le caïman
le plus ordinaire à la Guyane ( celui que nous nommerons caïman à
lunettes'), facile k reconnoîtré à d’arête transversale qu’il a devant
les orbites. M. Schneider le donne un peu en hésitant pour le crocodile
du N il, mais tout-à-fait à tort.
Telles Sont les espèces bien reconnoissables pour moi dans les descriptions
de M. Schneider.
5°. Son crocodilus trigonatus paroît, surtout par la citation qu’il
fait de la fig. 3 , pl. io 5 de Séba , entièrement le même que notre
caïman à paupières osseuses; mais sa description ne s’y accorde
pas bien.
6°. Son crocodilus carinatus, Yoopholis et lepalrnatus appar-
T. y, 2e. p. 4