viij P R E F A C E .
rir un plus grand nombre d’habitans , & Ica
nourrir plus làinement : car rien ne multiplie
tant que le ris, & il n’eft point de meilleure nqurriture.
On pourroit planter du Coton dans tout le (bas
Languedoc , & établir par-çeniqif n des manufactures
d’ouvrages de Coton. On en diftingup deux
.fortes de plantes , l’une.wpyace, & l’autre annuelle,.
On pourrait jÇflaier laquelle des deux reufliroit
le mieux ; mais il y a grande apparence (a) quelles
réuftiroient bien l’une & l’autre , fi l’on s’y
preno-it comme, il faut ; & ce feroit pour cette
Province une nouvelle fpurce de richeftes.
On pourroit y faire une plus grande quantité
de Sel : toute la côte y eft propre. Mais fans y
faire de nouvelles Salines, celles de Pecais feules
pourroient fournir du fiel à toute l’Europe.
On l’y fait avec une facilite infinie $ d’adleurs
le Sel qu’on y fait, laie mieux que celui de Pot-
tou , de B rouage & de Bretagne, & n’a pàs Vif.
crêté des Sels d’Italie ,d ’Efpagne & de Portugal.
Le Roi ne l’achete actuellement que cinq fols le
minot. Il l’auroit encore à meilleur marché, s’il
en prenoit une plus grande quantité , & il pourroit
le revendre à tous les Princes d’Allemagne
& du Nord. Je fçai que plufieurs de ces Princes
ont chez eux des fources Talées, dont ils font
du Sel j mais la façon leur coûte afiez cher $ & ce
(a) Le Coton a rétiffiautrefoh en^ Provence. Poiez, Pierre Quiquçran,
De Latidibus Provinc'u >W\). 1. fol. m. 5 8. Je ï*ai vû- rrès-bièn réuf-
fir à Montpellier, dans des Jardins particuliers,
fel
P R E F A C E . ix
fel fi chèrement préparé , n eft jamais pur. Ainfi
le Roi en leur donnant à un prix modique celui
de Pecais j feroit leur profit, enfaifant le fien &
celui du Languedoc,.
On pourroit tirer plus davantage de la pêche
fur les Côtes de la Province, en fouténant ôc- en
augmentant la pêche des Sardines j en rétablit,
fant celle des Meletes ; en détcuifant les Bour-
digues , qui font périr tant de jeune poiffon; en
conftruifanc des Madragues , pour prendre le
Thon &c. Outre le profit, qui en reviendroit aux
Habitans de la Côte j outre l’abondance., que cela
réçandroit dans la Province, ce feroit une efpece
d’école, qui accoûtumeroit. beaucoup de jeunes
gens- à la navigation, & qui ferviroic à élever des
fujets pour la marine.
On pourroit mieux tirer, parti d’une Minière
de Jaiet, qu’il y a à la Baftide du Peirat | dans le
Diocefè de Mirepoix; des Mines de Cuivre, de
Plomb j- & de Fer , qui font dans les Pyrénées ;
&c furtout de celles-, qui font dans les Gevennes
& dans le Gevaudan , où l’on laifle dépérir des
forêts entières,fans en faire aucun ufage. Je ri’in-
|ifte îpoint fur les Mines d’Or, qui peuvent être
dans les mêmes Montagnes. Les anciens Auteurs
{a) en ont beaucoup parlé •: Il paroit par les travaux
qui reftent, qu’on y a beaucoup fouillé autrefois i
& ce qui en fournit une preuve encore .plus certaine,
c*eft que les rivières, qui coulent des Pyrénées.
Selles Cevennes, charrient prefque toutes
des paillettes d’or, h4ais peut-être que ces Mines
(a ) Diotere ,
Biblioth. Hiftonc.
Mb. 6. cap. 9.
Strate»- G#»-
graph. Lib. 4’