4 * 0 M E M O I R E S POUR L’H i s TOI R E N A T U R E L L E
moins en partie, en 7*0. après avoir fubjugué les Goths
qui Foccupoient ; Enfin par les François , qui en aiant
chaffé les Sorrafins en 759. avec l’aide des’habitais
du pais, l’unirent au refie de la Monarchie Françoife.
Tant de changemens dans les Souverains ont dû en
apporter d’inévitables dans la langue de cette Province, &
ce lont ces changemens que nous nous propofons d’examiner.
Le plan d’une Hiftoire naturelle demande qu’on
entre dans quelque détail fur cette matière. Il s’agit de
fçavoir d’abord quelle a été la langue primitive du Languedoc
, & quels font les vefliges qui en relient encore.
C ’eflcfe que je tâcherai d’expliquer dans les cinq premiers
Chapitres. Il faut examiner enfuite lés changemens que les
differentes dominations y ont introduits, & qui; ont enfin
abouti à former la langue qu’on y parle aujourd’hui, & ce
fera la matière des deux Chapitres fuivans.
i Ces recherchés pourront parpître ftivplqs- r iid’on'ne
fait attention qu’à l’utilité qu’on peut retirer auj pur d’hui
de la connoiffanee.de la langue du: «Languedoc > mais il
y a lieu d’attendre un jugement plus"favoràblê", fi l ’on
veut bien-faire réflexion ; que c’eft par d’afîinitl,des langues
primitives^ qu’on peut juger de l’affinité des anciens
peuples , & ce qui eft encore plusffort,' quexe n’eft qu’en
examinant leslVchangemens arrivez -dans, ces anciennes
Langues , qu’on peut, fe faire une idée exacte de-l’origine
& même du fyflême des Langues , qui fubfiflent de-nos
jours en Europe.
J ’ai déjà dit que les Celtes étoient les premiers habita115
du Languedoc , & par-là j ai prouvé d’avance que la
langue qu’on y a parlé originairement, étoitrla langue celtique
; Langue très-étendue, & qu’on parloit dans toutes
les Gaules /dans une partie de l’Efpagne, dans la partie
méridionale de la Grande Bretagne, dans là partie fep-
tentrionale de l’Italie , dans une grande partie de la Germanie
, 8c dans tous les pais que les Gaulois avoient conquis
-dans l’Afie : Langue conforme en beaucoup de choies
avec les anciennes Langues Teutonique 8c Scythique,
6c qui avoit par conféquent beaucoup de mots communs
avec l’ancienne langue Grecque ; Langue qui avoit même
d e L a n g u e d o c . Part, III, Chap. I. 411
de l’affinité avec l’Hebreu, le Phénicien & Je Carthaginois
, commeBochart (a) l’a prouvé'. Enfin Langue très-
ancienne , 8c qui remontoit à ces premiers tems ou toutes
les Langues avoient de l’analogie enfembie , parce
qu’elles étoient plus proche de la fource commune, d’où
elles étoient toutes lorries.
. On ne doit point s’attendre que je traite ici de la Langue
celtique ; ce feroit m’écarter de mon pian , & je
croi qu’il vaut mieux renvoier fur cette matière aux (b)
Auteurs , qui ont donné des eflais fur cette Langue.
Je me contenterai donc de rapporter ici trois differentes
topius Becaaus,
Gallic*.
Adrianas Scr
TablesLa première des noms celtiques de quelques origfm &
anciens lieux de la Province Narbonnoife, donc on fçait, Xe ** &
ou du moins dont on croit deviner l’étymologie celtique. "Mae PontasHs
La fecopde de plufieurs mots Languedociens , qui ne GZÈZ‘Zv
viennent point du Latin, -qui font encore aujourd’hui Pierre Bond ,
, en ufage dans la baffe-Bretagne *ou dans le pais de Gai- ZZ'Z r!chlr~
les en Angleterre , où la Langue celtique, s’eft le mieux '■—'-tZ&Vr'ZZ
t co'nfervéô- , & qui par conféquent paroiflfent être des f*/*1-
réÉëà de i’aneieh Cëltique , qui étoit autrefois commun
Zomos Boxhor-
à tous‘ces pais. Enfin la troifiéme de beaucoup de mots "*f
Omîmes Gai
qui - fufefiflent dans la Langue du Languedoc , qui ne
Le P. Paras
viennërft point du Latin, & dont l’origine paroxt être Ansiqu
eeltiqtseAj mais cependant quii ne font en ufage ni dans Laxgu*
la baffe Bretagne, ni dans lei>aisde Galles ., ou du moins Goc
que je n’ai point trouvés dans 1es DiCHonnairesbas-Bieton UDIDcI
GodeSoî-GnS
C&ilùclÀ
ou Gallois.. Ipgica*
Je me fuis pourtant fervi pour dreffer ces Tables., des
meilleurs1 Dictionnaires qu’on ait fur les Laingues d<s ces
deux pais. Pour le bas-Breton, par exemple, j’ai conful-
té le petit Dictionnaire Bas-Breton François , compofé
par M. Chalons, ReCteur de la Paroiffe de Sarzeau , imprimé
à Vannes in-12. 1725 : Et le Dictionnaire François
Bas-Breton du R. P. de Roftrenen, Capucin , imprimé à
Rennes /»-40. 1732. A l’égard du Gallois, je me fuis fer-
vi des deux Dictionnaires, l’un Gallois-Latin, Britanmco-
Latinum , 8c l’autre Latin-Gallois , Latim-Britanmmm de
Jean Davies, Docteur en Theologie , imprimés in-fit. à
Londres en 1652; de l’extrait que Boxhomius en a fait,
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