184 TE R R A I N TERTIAIRE SUPÉRIELTì.
H I .
Le liltoral méridional de la Propontide paraît n'avoir
pas été atteint par les dépôts aralo-caspiens (?) qui occupent
le liltoral opposé; et ce n'est qu'cà 6 lieues au sud du bassin
de la Propontide, notamment sur la rive nord du lac Aboullonia,
que se présente un petit dépôt lacustre, mais par son
âge et par son origine très-dilTérent des sédiments aralocaspiens.
Le dépôt dont il s'agit forme dans les parages du
lihan ruiné nommé Insiz Khan (à l'est d'Ouloubad) une
bande étroite située à une quinzaine de mètres au nord de
la rive du lac d'Aboullonia; cette bande de terre noire est
toute chamarrée de coquilles lacustres et terrestres dans un
état de parfaite conservation, parmi lesquelles une nouvelle
espèce de Pciludine, nommée par M. Fischer Paludina phrygica
\ ainsi que plusieurs Helix et Unio indéterminables,
mais rappelant des espèces vivantes.
Gomme le dépôt qui renferme ces fossiles se trouve à un
niveau peu supérieur à celui du lac, et d'ailleurs à une distance
que ses eaux pourraient atteindre aujourd'hui lors des
crues ou inondations très-fortes, il ne sei'ait pas impossible
qu'il se rapportât à l'époque historique -, et dans tous les
cas cà une époque plus récente que celle pendant laquelle a
été formée la butte calcaire (selon toute apparence égale-
Voyez. Paléoniologic de l'Asie Mineure, p. 312, pl. vi, fig. 6.
2. Eu égard à son âge Irès-récent, le dépôt d'Insiz Khan n'aurait dù
être mentionné que dans la partie de cet ouvrage consacrée aux terrains
post-tertiaires ; cependant j'ai cru devoir en parler ici, afin de ne pas être
forcé de revenir plus tard, à cause de ce phénomène isolé et comparativo
ment peu important, sur la région qui nous occupe en ce moment.
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ment lacustre) sur laquelle est bâtie une partie de la ville de
Mikhalitch, butte assez considérable, allongée du norcl-estnord
au sud-ouest-sud et composée de strates horizontales
de calcaire blanc poreux, ainsi que de sables marneux et de
galets plus ou moins arrondis. Il est vrai que ces dépôts ne
paraissent guère renfermer des traces organiques et même
se confondent tellement avec la nappe superficielle qui revêt
la contrée, qu'il devient souvent impossible de les distinguer
de celte dernière; cependant leur fades extérieur rappelle
parfaitement les dépôts lacustres caractérisés comme tels par
les débris organiques qu'ils renferment, sur un grand
nombre de points de l'Asie Mineure.
Les dépôts des parages d'Insiz Khan forment une bande
étroite le long de la lisière méridionale de la rangée de collines
qui, plus au nord, bordent le lac d'Aboullonia et que
provisoirement j'ai rangées dans le terrain tertiaire inférieur,
ciuoique plusieurs de ces collines, et notamment celles des
environs immédiats de IMoudania, soient peut-être d'origine
lacustre, question que des recherches ultérieures pourraient
seules décider et que pour le moment je ne me permets
point de préjuger ^ Au reste, si, à défaut de caractères
paléontologiques, les considérations pétrographiques et stratigi
aphiques ne suffisent guère pour se prononcer ni sur
•I. D'après MIM. Hamilton et Strickland {rransacl. of the Geol. Soc.,
ann. 1841, v. VI, p. 15), la contrée comprise entre l'Olympe et la mer de
Marmara serait occupée par des dépôts lacustres, auxquels ces savants
rapportent les hauteurs calcaires qui, dans les parages de Moudania, s'élèvent
le long du littoral et qui, selon eux, offriraient beaucoup d'analogie
avec les calcaires lacustres des environs de Smyrne. Conformément aux
deux géologues anglais, ces dépôts s'étendent depuis Moudania jusqu'au
lac d'Aboullonia, puis reparaissent à Kermasii, d'où ils poussent un rameau
le long de la vallée du Rhyndacus jusqu' à Kesterlek.