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Parmi les régions traversées par les aflluents du Yeschil
Irmak, la vallée du Germela Tchaï est peut-être la contrée
où les dépôts post-tertiaires ont laissé le plus de traces.
Ainsi, lorsque de Koïli Hissar on descend sur la rive droite
du Germehi Tchaï, on la voit hérissée de masses incohérenles
de conglomérats, qui, d'un côté, s'avancent en caps
saillants dans l'intérieur du fleuve, et, de l'autre côté, s'élèvent
le long des flancs des montagnes qui le bordent. Ces
conglomérats stratifiés en bancs horizonlaux, et composés
de gros fragments de dolérite et de calcaire empruntés aux
montagnes adjacentes, ont été sans doute déposés par les
eaux mêmes du fleuve, à une époque ou celles-ci, encaissées
dans un bassin clos, pouvaient s'élever à une hauteur qui
leui' est aujourd'hui complètement inaccessible; d'ailleurs,
les conglomérats dont il s'agit ne semblent guère différer
beaucoup par leur nature de ceux que la rivière dépose actuellement
le long de ses bords, mais sans dépasser le niveau
qu'il lui est permis d'atteindre.
C'est également à l'action soit du fleuve encore réduit
à l'état de bassin clos, soit d'un courant qui aura traversé
cette contrée cà une époque récente, qu'il faudra attribuer
l'énorme accumulation de blocs doléritiques, trachytiques,
calcaires, etc., encombrant à un tel point la surface accidentée
qui, dans les parages d'Akdjagyl, se rattache à la
rive gauche du Germelu Tchaï et s'étend à environ i2 lieues
à l'est d'Alidjagyl, qu'il devient presque impossible d'apprécier
la nature de la charpente solide de la contrée.
Enfin c'est encore à une époque ti'ès-récente que l'on
doit rapporter les dépôts d'argile rougeàtre et janniitre horizontalement
stratifiés, dont est revêtue la plaine qui se déploie
le long du bord gauche du Germelu Tchaï, dans les
parages de la jonction de cette rivière avec l'Ova Sou. Il
est vraisemblable que les éléments de ces dépôts ont été
empruntés aux montagnes doléritiques et calcaires limitrophes,
en sorte que les produits de la décomposition des
roches auront été successivement déposés dans les eaux du
Germelu Tchaï à l'époque où celles-ci baignaient encore les
flancs des montagnes. Aussi voit-on aujourd'hui ces dernières
revêtues de matières détritiques semblables à celles
qui constituent les dépôts susmentionnés, seulement les détritus
demeurent maintenant à l'endroit oii ils se forment et
ne peuvent plus être charriés ailleurs.
Bien que les parages de l'embouchure du Pelitch Tchaï
constituent Ma limite orientale du delta du Yeschil Irmal(,
cependant, à peu de distance à l'est du Pelitch Tchaï, le littoral
s'aplatit de nouveau en une plage alluviale, qui se déploie,
à quelques interruptions près, jusqu' à Fatisa. Entre Unié et
Falisa, cette plage, bordée de .collines calcaires richement
boisées, est sillonnée par un grand nombre de ruisseaux,
qui exei'cent sur l'eau de la mer une action assez puissante
pour en rendre la salure presque inappréciable au goût, ce
dont j'ai pu m'assurer en voyant mes chevaux la boire
spontanément, même dans les endroits placés en dehors de
l'embouchure des ruisseaux et faisant partie de la nappe
d'eau de mer qui baigne directement la côte.
Comme je n'ai point visité la ligne littorale comprise entre
Unié et Trébisonde, je ne puis signaler les plages alluviales
qu'elle présente, et me contenterai de rapporter, sur l'autorité
de M. Hamilton S que, dans les parages de Platana, la côte
est composée de collines peu élevées de calcaire terreux
I. Voyez Researches in Asia Minor, etc., v. I, p. 246.