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 lorsqu'on  a  gravi  la  hauteur  couronnée  par  Agatchhissar.  
 Cette  apparition  inattendue  est  un  véritable  coup  de  théâtre.  
 Aussi,  en  voyant  cà  ses  pieds  la  gorge  profonde  resserrée  
 entre  deux  remparts  dont  les  contours  linéaires  contrastent  
 fortement  avec  les  formes  fantastiques  des  montagnes  limitrophes, 
   le  géologue,  encore  peu  familiarisé  avec  les  proportions  
 colossales  que  présentent  en  Asie  Mineure  les  
 dépôts  lacustres,  se  croirait  au  milieu  d'une  de  ces  puissantes  
 formations  des  anciennes  époques  de  notre  globe,  
 qui  se  distinguent  le  plus  par  leur  développement  grandiose; 
   mais  son  illusion  ne  tarde  pas  à  se  dissiper  lorsqu'on  
 examinant  de  près  ces  masses  énormes,  il  y  découvre  des  
 empreintes  de  planorbes,  ainsi  que  des  paludines,  à  la  
 vérité  généralement  microscopiques,  mais  dont  quelquesunes  
 rappellent  la  Paluclina  acula,  Mich.,  ou  la  Paludina  
 stagnorum,  Fér.  
 La  roche  dominante  est  un  calcaire  marneux  blanchâtre  
 renfermant  sur  plusieurs  points  beaucoup  de  silex,  
 qui  se  présente  tantôt  en  rognons  disséminés  sans  ordre,  
 tantôt  en  bandes  ou  zones  continues  intercalées  entre  les  
 couches.  La  puissance  de  ces  dernières  varie  depuis  1-3  
 mètres  jusqu'à  quelques  centimètres  seulement  ;  mais  le  
 nombre  en  est  très-considérable,  car  on  peut  les  compter  
 par  centaines  superposées  les  unes  aux  autres,  en  formant  
 le  plus  souvent  des  plans  horizontaux,  interrompus  çà  et  là  
 par  des  failles,  de  manière  que  les  deux  portions  des  
 couches  ainsi  disloquées  se  trouvent  placées  à  des  niveaux  
 différents.  D'ailleurs,  plus  on  s'éloigne  d'Agatchhissar,  en  
 remontant  la  vallée  dans  la  direction  de  Kararditch,  plus  
 les  perturbations  stratigraphiques  se  multiplient,  en  sorte  
 que  l'on  peut  quelquefois  suivre  toutes  les  gradations  depuis  
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 C H A P I T R E  IV.  iTi  
 l'horizontalité  la  plus  parfaite  jusqu'au  redressement  vertical, 
   accompagné  de  plissements  et  d'ondulations  variées.  
 Les  plongements  les  plus  fréquents  sont  au  sud  60°  ouest  
 et  au  nord  20°  ouest  sous  des  angles  de  60  à  90  degrés.  
 Sur  l'espace  d'environ  5  lieues  qui  sépare  Agatchhissar  
 de  Kararditch^  la  vallée  s'élargit  et  se  rétrécit  tour  à  tour,  
 et  le  fond  en  est  quelquefois  revêtu  de  dépôts  détritiques,  
 tandis  que  les  parois  sont  toujours  composées  du  même  calcaire  
 marneux,  dont  les  couches  alternent  souvent  avec  des  
 bandes  plus  ou  moins  puissantes  de  silex.  
 A  3  lieues  environ  au  nord-est  de  Kararditch,  la  vallée  
 de  l'Adirnas  Tchaï  reçoit  du  côté  droit  un  ruisseau  assez  
 torrentiel  nommé  Kavadjik,  sur  lequel  se  trouve  le  village  
 du  même  nom;  la  vallée  pittoresque  qu'il  traverse,  en  
 moyenne  de  l'est-nord-est  à  l 'ouest-sud-ouest ,  est  creusée  en  
 gorges  nombreuses  dans  de  puissants  dépôts  lacustres  qui,  
 des  deux  côtés,  forment  des  parois  escarpées  dont  les  surfaces, 
   malgré  leur  forte  inclinaison,  sont  revêtues  de  riches  
 vignobles.  Non  loin  des  parages  de  Divanlu  (à  i  lieue  environ  
 à  l'est-nord-est  de  Kavadjik)  les  dépôts  lacustres  se  
 trouvent  interrompus  par  des  masses  considérables  de  diorite% 
   mais  à  une  certaine  distance  de  là  (à  1  lieue  1/2  à  
 l'est  de  Divanlu),  ils  reparaissent  de  nouveau  dans  la  vallée  
 étroite  mais  également  fort  pittoresque  de  Sarat,  qui  forme  
 en  quelque  sorte  la  continuation  de  celle  de  Kavadjik,  et  se  
 \ .  Karardilcli  est,  à  peu  de  chose  près,  à  la  même  allilude  qu'Agatclihlssar; 
   aussi  dans  les  deux  localités  les  hivers  sont  rigoureux  et  prolongés,  
 et  la  vigne  a  peino  à  y  prospérer.  Lorsque,  le  23  mai  1848,  je  me  trouvais  
 à  Kararditch,  il  fallut  faire  du  feu  chaque  soir  aussitôt  après  le  coucher  
 du  soleil;  cependant  le  Rhyndacus  est  rarement  pris  de  glace.  
 2.  Roches  éruptives,  p.  405.