I! • Ï
t u.
404 T E R R A I N S 1' 0 S T - T E R Ï [AIR R S.
Kizil Irmak, en sorte que depuis l'époque d'Evlia Elïendi,
le fleuve se sera avancé chaque année dans la direction du
nord d'environ 10 mètres, ce qui lui aura permis de former,
seulement dans l'espace de deux siècles, la majeure partie
de l'énorme triangle qui représente aujourd'hui le delta du
Kizil irmak, delta dont la superficie n'a pas moins de 47
heues carrées métriques et par conséquent presque le double
de celle du lac de Genève.
V.
Le delta du Yeschil Irmak, dont l'aréal est d'environ 60
lieues carrées métriques, est une vaste plaine, le plus souvent
parfaitement horizontale, bordée au sud par une longue
série de montagnes qui décrivent une courbe, dont les deux
extrémités se relèvent au nord et viennent rejoindre la côte,
où elles se terminent par des saillies plus ou moins considérables.
La limite occidentale est représentée par le défilé
qui, cà2 lieues environ à l'est de Samsoun, traverse les rochers
de conglomérat doléritique' qui bordent la mer, et
établissent ainsi une communication entre le cordon littoral
de Samsoun et la lisière orientale de la plaine, tandis que
des rochers semblables, échelonnés le long de la rive droite
du Pelitch ïchaï (IJerès) constituent la limite orientale du
delta.
La surface ainsi circonscrite est composée de puissants
dépôts de matières détritiques empruntées en partie aux
montagnes limitrophes, et comme ces dernières sont com-
•t. Voyez Roches éruptives, p. 'H 3 et 240.
C l l A P Î T R E 11. 405
posées d'éléments pyroxéniques, feldspathiques et calcaires,
et que la contrée est abondamment arrosée par de nombreux
ruisseaux, le sol qui résulte de la décomposition de ces
roches est très-favorable à la vie végétale \ Aussi, en tenant
compte des conditions où cette région a pu se trouver placée
dans les plus beaux jours de l'antiquité, il est permis
d'admettre comme exacte ou du moins pas trop exagérée,
la brillante description faite par Strabon de la plaine de
Themiscyra, siège de la célèbre république féminine des
Amazones.
Même aujourd'hui, malgré l'oeuvre destructrice de plusieurs
siècles de barbarie, pendant lesquels de splendides
cités se sont évanouies et la populeuse contrée qu'elles animaient
convertie en une solitude marécageuse exhalant la
désolation et la mort, on est encore frappé de la vigueur
exubérante que la végétation y déploie. En eflet, lorsque
pour se rendre de Samsoun à Unié, on traverse pendant
l'été (au l'isque de contracter des fièvres pernicieuses, ainsi
que j'en fis l'expérience à mes dépens au mois d'août de
'1. JM'étant rendu de Samsoun à Dnié par Tcharscharaba et ïermé, je
n'ai pu apprécier la composition des montagnes qui bordent du côté du
sud (à une distance assez considérable du littoral) le grand delta du
Yeschil Irmak, que par la nature des matières détritiques qu'elles ont pu
Iburnir aux dépôts de ce delta. Or, depuis Samsoun jusqu' à 4 lieues environ
à l'ouest de Tcharscliamba, ces dépôts sont particulièrement composés
d e f r a g m e n t s de dolérite; mais, à mesure que l'on appi-oclie de Tcharscbamba,
ainsi que sur l'espace de % lieues environ que l'on parcourt à
l'est de cette dernière bourgade, la teinte du sol devient moins foncée, les
cristaux d'amphibole, de pyroxène et de mica plus rares et les galets calcaires
plus dominants. Enfin à 2 lieues environ à l'est de Termé, le sol se
montre de nouveau chargé d'éléments doléritiques et conserve ce caractère
jusqu' à \ lieue 1/2 à l'ouest d'Unie.