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52 TE U U A I N TERTIAIRE MOYEN.
A une lieue environ au sud-est de Kouden Koï, la vallée
se bifurque ; une branche tourne au sud, et l'autre se
dirige au sud-est, en formant une gorge étroite à travers
laquelle passe le sentier qui conduit dans la vallée élevée
arrosée par le coui-s supérieur du Lamas Tcliaï. La gorge
susmentionnée a, du nord-ouest au sud-est, une extension
d'une lieue environ, et débouche sur un plateau ondulé,
sillonné de fentes ou de dépressions et hérissé de collines
linéaires, toutes horizontalement rayées par des couches de
calcaires et marnes miocènes plus ou moins fossilifèi'es. Du
côté du nord, le plateau est bordé par le Migaïl Dagh, qu'un
col étroit relie au Gueschler Dagh, situé au sud-est du premier.
Ces deux montagnes ne paraissent représenter que
l'extrémité occidentale de toute une chaîne échelonnée de
l'ouest-nord-ouest à l'est-sud-est, et se rattachant peut-être
au Boulgar Dagh par l'entremise du massif aplati de
r i v r i s Dagh. Autant que j'ai pu en juger h la distance
assez considérale où je me suis trouvé du Migaïl Dagh,
cette montagne se distingue par ses contours et par sa teinte
des hauteurs miocènes limitrophes, en sorte qu'il ne serait
pas improbable que tant le Migaïl Dagh que la chaîne par
lacjuelie il semble se joindre à l'ivris Dagh appartinssent au
groupe nummulitique. Dans tous les cas, les dépôts miocènes
paraissent s'étendre jusc^u'aux lisières méridionales
du Migaïl Dagh et du Gueschler Dagh.
A '2 heues 1/2 au sud-ouest du Kouden Koï, le plateau
vraiment l'embarras de savoir par où commencer. 11 sérail néanmoins temps
qu'on se décidât enfin, et déjà nous voyons en Syrie les premières heureuses
tentatives faites en faveur des monuments de l'époque clirétienne,
car les explorations de M. Wadington et du comte de Vogué nous promettent
sous ce rapport les plus curieux résultats.
C I l A P I T I i E II. 53
précédemment indiqué (p. 52) se rélrecit en une gorge à
parois taillées en véritables corniches, composées d'une succession
régulière de bancs horizontaux de calcaire miocène.
La gorge, qui décrit un grand nombre de détours, mais
dont la direction moyenne est du nord-ouesL au sud-est sur
une longueur de près d'une lieue, s'élève constamment
dans cette dernière direction, pour se confondre avec un
deuxième plateau, dont l'altitude, à l'endroit où la gorge y
débouche (à 6 lieues environ au sud-est de Kouden Koï),
n'a pas moins de 215i mètres d'aUilude. Ce deuxième plateau,
qui va toujours en se renflant à mesure qu'on le parcourt
du nord-ouest au sud-est sur une ligne de près de
3 lieues, présente le tableau le plus désolant de l'aridité et
de la mort. Il est peu probable que cette région inhospitalière,
briilée en été par le soleil qui y dévore le peu de
plantes capables de végéter dans un sol rocailleux % et
ensevelie pendant l'hiver sous d'épaisses couches de neige,
ait jamais été utile à l'homme ni qu'elle puisse le devenir un
jour. Aussi n'y aperçoit-on nulle part des traces cpelconques
d'antiquités, tellement abondantes partout ailleurs en Asie
Mineure que l'on est frappé d'étonnement de les rencontrer
dans les lieux les plus inaccessibles et les plus déserts. Ici,
la nature n'a à détruire aucune oeuvre humaine, et elle se
borne à accumuler ses propres débris aumiheu d'un silence
sépulcral, qui règne dans toutes ces gorges profondes ou sur
toutes ces hauteurs aplaties à formes monotones et à surfaces
nues, blanchies par le calcaire qui les compose et
1. Le 24 juin, je n'ai pu reconnaître sur tout ce vaste espace que les
espèces suivantes: Comolmilus compcwlus, Boiss., Plerocepiialus perennis,
DC., Morena persica, L., et Stipa perniala, L.