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dont les rives plus ou moins basses sont composées de terre
glaise et de sable, et dont l'eau assez rapide conserve un
remarquable degré de fraîcheur, bien qu'exposée sans abri
à l'action d'un soleil ardent. A l'endroit de son enibouclun-e
le Lamas Sou est passablement profond, môme en été, car
en le passant à gué au mois de juillet, mes chevaux s'y
enfoncèrent jusque par-dessus le ventre.
A peu de distance au nord-est de la rivière, on entre
franchement dans le domaine de la plaine, qu'à quelques
interruptions locales près, on ne quitte plus jusqu' à ïarsous.
Presque partout elle est séparée de la mer par une série de
collines de sable qui forment im cordon de dunes, et sont
revêtues de buissons, particulièrement composés de myrtes.
La surface qui s'étend entre la mer et les montagnes, et
qui peut avoir en moyenne un kilomètre de largeur (du nord
au sud), est une nappe diluvienne variant d'épaisseur selon
les localités. Sur plusieurs points on voit la plage sablonneuse
jonchée de nombreux galets de trachyte et d'autres
roches éruptives empruntées probablement au fond de la
mer, car aussi loin que le regard peut s'étendre, toutes les
montagnes plus ou moins boisées qui bornent l'horizon, du
côté du nord, ont un facies éminemment caractéristique
pour le terrain miocène de ces contrées. D'ailleurs, des
roches de cet âge affleurent fréquemment à travers le diluvium
; tel est entre autre le cas dans la partie de la plaine
comprise entre le Lamas Sou et le Sarpa Tcliaï% où j'ai
observé, dans les larges plaques calcaires qui percent au
milieu des dépôts détritiques, les deux fossiles suivants :
Arca diluvii, Lmk. et Ostrea crassissima, Lmk.
1. Ce petit cours d'eau n'atteint point la mer, et va se perdre dans les
marais.
Dans les parages de Temuk, situé' près de la rive
gauche du Delidjé Sou à une altitude de 190 mètres, la
plaine se renfle en un joli plateau séparé de la mer par des
dunes que recouvre une riche végétation. La zone littorale
(d'une longueur d'environ G lieues) qui s'étend entre
Temuk et Mersina est également une plaine revêtue de
dépôts détritiques, ornée de beaux massifs de verdure'
et bordée d'un côté par la mer et de l'autre par des hauteurs
assez boisées, dont le faciès laisse d'autant moins de doute
sur leur âge, que la surface de la plaine est jonchée de
fragments de |)olypiers miocènes, évidemment provenant soit
des hauteurs limitrophes, soit des calcaires qui percent çà
et là à travers les dépôts détritiques, calcaires qui ne sont
que la continuation de la même charpente solide tantôt
exhaussée et placée en dehors de la portée de ces dépôts,
tantôt revêtue et masquée par ces derniers, dont d'ailleurs
la puissance varie beaucoup selon les localités. Ainsi, tandis
que sur certains points les dépôts superficiels ont à peine
un décimètre d'épaisseur, sur d'autres points ils atteignent
celle de plusieurs dizaines de mètres, comme par exemple
le long du Mezetlu Tchaï, petit cours d'eau presque à sec
1. A 8 lieues au nord-est d'Ayascti.
2. La végétation soit arborescente soit frutescente, est particulièrement
composée de caroubiers, myrtes, pins maritimes, Colulea arborescens
associée çà et là à la Colulea cilicica, Boiss., Glycirriza echinala,
L., et llaplopliyilum fruHculosum^ ,Tuss. Quant à la végétation
herbacée, elle m'a fourni plusieurs formes intéressantes et rares, entre
autres une nouvelle Orchidée décrite dans le vol. )1, p. 5'13 de ma Flore
de VAsie Mineure, sous le nom de Cephalanlera epipaclioides, Fisch.
.l'ai observé cette lielle espèce également en Pisidie et en Troade, mais
jus(|u'à ce moment elle paraît appartenir au nombre prodigieux d'espèces
exclusivement propres à l'Asie Miueure.
lU. b