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cristallins, que j'ai provisoirement rangés dans les terrains
de transition'; ce n'est qu'à 2 lieues environ au nord de
Gurun, que se présentent des dépôts qui, par leurs caractères
pétrographiques, rappellent les sédiments d'eau douce, mais
dont les conditions stratigraphiques s'accordent peu avec
celles qui en Asie Mineure sont propres à la grande majorité
des dépôts lacustres pliocènes, car les dépôts susmentionnés
consistent en schistes blancs marneux et calcaires,
tantôt empilés horizontalement les mis sur les autres, tantôt
plus ou moins fortement disloqués, et même tordus ou plissés.
C'est encore probablement une de ces perturbations
locales que j'ai déjà eu l'occasion de signaler dans les dépôts
lacustres pliocènes de la péninsule anatolique.
Toutes ces masses sont déchirées par des gorges et des
ravins profonds, que l'on traverse (en venant de Mandjoulik)
pour descendre dans la vallée où est situé le petit bourg
de Gurun à une altitude de l , / i9i mètres. Les marnes et calcaires
schisteux, qui forment des hauteurs des deux côtés de
cette vallée, constituent presque exclusivement la contrée
lygoniacées, tels que Barharea planlaginea, D C., Biilum capilalum, L.
De même, la hauteur basaltique située près du Tcliamourlou Sou est rLkiw
à'Aslragalus echinus, G., Acantholùnon Tchihaicheioi, Fiscli., etc.
D'un autre côté, malgré la sécheresse du sol et sa composition calcaire si
caractéristique par son aridité dans les dépôts lacustres de cette contrée,
j'ai observé dans certaines petites vallées limitrophes de celle du Tchamourlou
Sou des touffes sporadiques de gazon, où le soleil dévorant du
mois de juillet n'empêchait point le développement d'un assez grand
nombre d'espèces, et entre autres : Daphne buxifoUa, Valil., Marrubium
globosum, Montbr., Alyssum lepidolmn, Boiss., Cenlaurea glaucescens,
Fisch., (V. ma Flore de l'Asie Mineure, v. Il, p. 316) et surtout une
multitude de liserons, parmi lesquels dominent Convolvulus galalicus.
Rost., C. compaclus, Boiss., et C. lineaius, L.
'I. Voyez Terrains de Iransilion, p. 648.
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que l'on parcourt depuis Gurun jusqu'à Ketchi Megara, en
offrant, il est vrai, des divergences locales très-notables,
tant sous le rapport de la composition ou de la structure des
roches, que sous celui de leurs caractères stratigraphiques
et paléontologiques. Ainsi, à peu de distance au sud-ouest
de Gurun, les marnes deviennent riches en rognons de silex
et renferment, çà et là, des empreintes non-seulement de
Planorbes et de Paludines, mais encore d'une cérite voisine
du Cerithium Lamarki, associée à quelques autres espèces
indéterminables du Crag de Norwich, ce qui semblerait indiquer
que ces marnes se sont formées dans un estuaire d'eau
saumâtre à une époque pliocène.
A 3 lieues environ au nord-est de Ketchi Megara, les
marnes et les calcaires blancs schisteux passent à des calcaires
blanchâtres ou jaunâtres, plus ou iTioins siliceux, à
texture compacte et souvent cristalline. D'abord ils se présentent
en plaques nombreuses, empilées les unes sur les
autres ; mais plus près de Ketchi Megara, ils sont disposés
en couches distinctes plus ou moins fortement redressées, ou
bien forment des masses sans stratification quelconque;
dans l'un ou l'autre cas, la roche offre fréquemment les alvéoles
et les porosités si caractéristiques pour les calcaires
lacustres de l'Asie Mineure, sans que cependant j'aie été
dans le cas d'y constater des fossiles, que des études plus
minutieuses ne manqueraient pas, sans doute, de découvrir.
Pour le moment, il serait difficile d'établir une distinction
géologique entre toutes ces roches, en sorte que l'on
est forcé de ranger provisoirement dans des dépôts lacustres
la totalité des dépôts divers qui occupent la contrée
comprise entre Ketchi Megara et les parages limitrophes de
Gurun. La colline, d'environ 1,700 mètres d'altitude, dans