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'230 TI-KUAIN T1ÌRTIA1UI': SUTERIEL'U.
rons d'Alahschehr j'ai été à même d'observer un dépôt
local d'origine lacustre, quoique d'an âge très-récent et
sans doute quaternaire, sinon de l'époque moderne. Ce dépôt
consiste en un calcaire horizontalement slratifié, pélri de
tiges de plantes monocotylédonées, toutes malheureusement à
l'état de moales ou d'empreintes indéterminables. Il fórme
une espèce de rempart le long de la rive droite d'un ruisseau
nommé Sary Tchaï (eau jaune), situé à 2 kilomètres
environ à l'ouest de la ville et débouchant dans le Gediz
ï c h a ï ' . Dans la proximité de cette accumulation de restes
végétaux, on voit une source à goût sulfureux très-prononcé
mais à température différant peu de celle de l'air ambiant.
Les moules et empreintes de plantes monocotylédonées
manquent complètement aux calcaires sableux, au milieu
desquels cette source se trouve.
Après avoir passé en revue les principaux tributaires du
Gediz Tchaï, nous retournerons maintenant vers cette rivièi'e
pour la descendre depuis Adala, où nous l'avions
quittée (p. 223) , jusqu'à son embouchure.
La majeure partie de la vallée du Gediz Tchaï, comprise
C H A P I T R E IV. 231
entre Adala et le golfe de Smyrne, est occupée par des
dépôts détritiques qui ne permettent de constater que sur
un très-petit nombre de points la nature de la charpente
solide de la contrée. Cependant là où cette dernière se présente
sous forme d'affleurements locaux, elle est plus ou
moins empreinte du cachet qui caractérise les dépôts lacustres,
développés dans les autres parties de la vallée du
Gediz Tchaï ainsi que dans les nombreuses vallées tributaires
de cette dernière. On peut donc admettre, avec beaucoup
de vraisemblance, que ce sont ces sédiments lacustres
cjui servent de base immédiate aux puissants dépôts détritiques
qui occupent le cours inférieur (ainsi que les régions
environnantes) du Gediz Tchaï, dépôts qui dès lors appartiendraient
au terrain quartenaire et, çà et là, peut-être au
terrain moderne. Telles seraient les énormes agglomérations
de sable échelonnées, d'un côté, le long du revers nord du
Tmolus, et de l'autre, le long du revers sud du Kara Dagh
et du Bintepé Dagh, dont le dernier forme le bord méridional
du lac de Mermeré (3Iermeré Gueul); telles seraient
également les rangées de collines de sable qui s'étendent
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I. La manière dont j'ai été conduit k la découverte de l'intéressant
dépôt d'Alahscbelir m'a fourni une preuve de plus de l'imporlance qu'a
pour le voyageur de l'Orient, même sous le rapport scientifique, la connaissance
de la langue du pays, ainsi que la facilité qu'elle lui procure de
prendre part dans l'intérêt de ses explorations à la vie intime des indigènes,
avantage inappréciable que ne donnerait jamais l'intervention paralysante do
l'interprète. Me trouvant un jour (le 12 juillet 1848) à Alahsclielir dans un
café public où, la pipe à la main, je causais familièrement avec les gens
du peuple, dont, par mon costume et mon langage, j'avais l'air de faire
partie, j'entendis un Molah (prêtre musulman) déclamer contre les infâmes
Giaour (infidèles), en exprimant le voeu charitable de voir bientôt à
la tète de l'empire un sullan vigoureux, semblable à celui qui jadis avait
érigé tout près de la ville une muraille exclusivement composée d'ossements
de chrétiens qu'il avait tués. Ayant témoigné le désir d'aller contempler ce
chef-d'oeuvre de la piété musulmane, je fus immédiatement conduit sur les
lieux, cil j 'eus le double plaisir de découvrir un monument aussi pur de sang
humain qu'intéressant sous le rapport géologique. De même qu'à Alahschehr,
des moules de tiges aplaties de végétaux représentaient aux yeux des gens
du pays un gigantesque amoncellement d'ossements humains, de môme
dans les environs de Kaisarié, les nummulites qui jonchent les flancs du
Merdjimek Dagh (voyez Terrains LerLicùres inférieurs^ 410) étaient
pour les Turcs autant de monnaies antiques destinées à exciter les libéralités
d'un Giaour. Dans l'une comme dans l'autre de ces localités, j'arrivais
en antiquaire incrédule et je m'en retournais en géologue comblé de joie.
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