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aiTosée par le cours inférieur du Gueuk Sou, que les collines
miocènes dont il est borde dérobent le plus souvent à
la vue; ensuite on se rapproche des montagnes qui limitent
la plaine du côté du nord, et lesquelles, en s'avançant vers la
mer, forment près du village Perscliembé de beaux rocliers
de calcaire grisâtre, riches en polypiers, dont malheureusement
je n'ai pu obtenir aucun individu déterminable.
Entre Perschembé et Kargos, le littoral consiste alternativement
en plages sablonneuses et en falaises formant
des caps allongés. A mesure qu'on approche de Kargos, la
roche prend une structure de plus en plus cristalline, passe
à un véritable marbre blanc et ne renferme presque plus de
traces organiques. Cependant, malgré ce changement, il est
impossible de ne point la considérer comme une modification
locale des calcaires miocènes, attendu que la variété
cristalline se rattache intimement aux variétés amorphes
caractérisées ailleurs par les fossiles. C'est ainsi que dans
les hauteurs qui bordent les vallées littorales, les calcaires
cristallins passent fréquemment à un calcaire crayeux,
friable, sans que les couches où se présentent ces transitions
offrent une altération quelconque dans leur stratification,
qui demeure toujours parfaitement horizontale. D'ailleurs,
sur certains points et notamment dans les parages immédiats
de Kargos, les marbres blancs renferment çà et là des
empreintes (ïHeliaslroea, à la vérité peu susceptibles d'une
détermination spécifique, mais dont le facies éminemment
miocène suffit pour prouver que l'on se trouve toujours
dans le même horizon géologique auciuel appartiennent les
vastes régions traversées par nos deux coupes (p. 28-/|6
et Ì6-60).
C'est également au domaine miocène qui se rapportent
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les montagnes qui, entre Kargos et Ayasch, renferment le
célèbre ardre de Corycus ' ; et il en est de môme des coteaux
qui portent les ruines de Sébasle, au milieu desquelles se
trouve, à une altitude de 212 mètres, le misérable village
d'Ayasch.
Au nord-est d'Ayasch, le littoral devient assez accidenté
et donne lieu à de fréquentes montées et descentes sans que
cependant on soit jamais dans le cas de franchir des plans
très-escarpés. En général, ce qui caractérise le relief de
cette partie du littoral cilicien, c'est qu'il n'est point formé
par des inontagnes élevées, mais seulement par des coteaux
à surfaces aplaties, bien que souvent assez rocailleuses pour
l'endre la marche des chevaux fort pénible. Ces surfaces
sont revêtues plutôt de buissons que d'arbres, car toute la
côte comprise entre l'embouchure du Gueuk Sou et la ville
de ïarsous n'a plus rien de cette magnifique végétation
arborescente qui orne le littoral de la Cilicio pétrée ; elle se
trouve réduite ici à quelques bouquets isolés de pins maritimes,
de caroubiers, de chênes, d'oliviers sauvages, de
saules, de lauriers-roses, etc.
C'est à 2 lieues i / 2 environ au nord-est d'Ayasch que l'on
descend dans la belle vallée arrosée par le Lamas Sou,
I . Bien que cette localité classique, qui a inspiré à Poniponius IMéla
des pages plus élégantes peut-être que vraies, eût échappé à presque tous
les voyageurs qui avaient parcouru ce littoral antérieurement à l'époque
(1847) OIL j e l'ai visité, j'ai cru pouvoir me dispenser d'en donner ici une
description détaillée, noa-seulement parce que je l'avais déjà fait dans ma
lettre précédemment mentionnée à M. Mohl, publiée dans le Bullelin de
laSociélé asiaUque de France, mais encore parcc que Xantre de Corijcus
est beaucoup moins intéressant sous le point de vue des sciences
naturelles que sous le ra[)[)ort archéologique, en raison des souvenirs qui
s'y rattachent.
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