364 T E R R A I N TERTIAIRE SUPÉRIEUR. C H A P I T R E VIII. 365
(soldats irrcguliers) chargés de prélever le droit {Miri) sur
l'exploilation dont est l'objet l'énorme masse de sel (chlorure
de sodium) cjui recouvre toule l'étendue du lac.
La puissance de cette écorce cristalline est Irès-dilTérente
selon les localités, les saisons et surtout l'âge de sa formation;
elle varie généralement dans les limites de 2 mètres à
5 centimètres. Pendant la saison sèche, les dépôts de sel
reposent immédiatement sur une argile de terre glaise
bleuâtre, mais à l'épociue des pluies, ces deux sédiments se
trouvent, séparés par une nappe liquide, résultant de l'accumulation
des eaux pluviales, qui, api'ès s'être iniiltrées à Iravei's
la niasse saline, sont arrêtées par les argiles imperméables.
Cette masse est généralement assez solide pour
supporter le poids des chevaux; aussi les bêtes de somme
sont-elles chargées sur les points mêmes où se fait l'exploitation,
et on les voit souvent travei'ser le lac à pied
sec d' ime rive à 1 autre. La reproduction du sel s'opère
avec grande rapidité, en sorte que les trouées causées
par l'exploitation se comblent aussi promptement que les
excavations faites dans la glace par un temps très-froid.
Pour se rendre de Rascli Khan au Pascha Dagh, on descend
d'abord de la rangée de hauteurs précédemment indiquée
(p. o6o) dans une vaste plaine assez herbeuse, que
l'on traverse du sud au nord pendant près d'une heure,
marche assez pénible en été, eu égard non-seulement à l'absence
de tout abri contre un soleil brûlant, mais aussi de
toute eau, excepté celle de quelques puits, qui ne fournissent
qu'un liquide saumâtre et tiède. La plaine, revêtue de
n'aura changé, eu égard au caractère éminemment stationnaire imprimé à
loute chose en Turquie comme dans le reste de l'Orient.
dépôts détritiques à travers lesquels percent des calcaires
blancs et des grès cendrés probablement , lacustres, est
bordée à l'ouest et à l'est par des séries de hauteurs composées
de grès et de conglomérais rouges, que je range
(à litre provisoire) également dans les dépôts tertiaires d'origine
lacustre. Parmi ces hauteurs, celles qui limitent la
plaine du côté de l'ouest, la sépai-ent de la grande surface
plus ou moins horizontale que nous avons déjà franchie en
nous rendant du lac de Boulouk à Kouloukevi (p. 362).
Après avoir parcouru la plaine située au nord de Bäsch
Khan, on la voit (à 1 lieue environ au nord de ce dernier
endroit) coupée tranversalement (cte l'ouest à l'est) par des
hauteurs semblables à celles qui forment les bords occidentaux
et orientaux de la plaine, et qui se dirigent en moyenne
du sud au nord. Cette chaîne transversale, composée d'un
grand nombre de bandes presque parallèles et en quelque
sorte concentriques, représente la ceinture extérieure du
Pascha Dagh, ceinture diversement frangée et ramifiée qui
n ' a pas moins d'une lieue de largeur (du nord au sud). Les
diverses rangées de hauteurs qui la constituent et que sillonnent
de nombreuses gorges dirigées particulièrement du
sud-est-sud au nord-ouest-nord, sont composées de conglomérat
compacte passant à un grès à grain plus ou moins fin,
l'un et l'autre presque toujours coloriés en rouge. Ces roches,
disposées en terrasses, sont horizontalement stratifiées et
seulement çà et là légèrement inclinées, perturbations locales
trop peu considérables pour que l'on ait besoin de les attribuer
à l'aclion d'agents volcaniques, car elles peuvent avoir
été l'effet d'éboulements et d'affaissements purement mécaniques,
tels qu'on en voit se reproduire fréquemment en ces
lieux.