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XVI.
En étudiant les dépôts lacustres de l'Asie Mineure, j'ai
déjà fait observer que ces derniers, tout en occupant la presque
totalité de la Lycaonie, y sont si intimement liés avec
les cendres volcaniques, ainsi qu'à d'aulrcs dépôts détritiques
encore plus récents peut-être, qu'il est souvent irapossible
de distinguer tous ces divers sédiments les uns des
autres. La difficulté devient d'autant plus grande que, sur
plusieurs points, les dépôts superficiels dont il s'agit se réduisent
à des assises plus ou moins minces, qui laissent
percer partout les roches subjacentes et figurent par conséquent
comme autant de lambeaux d'origine et d'âge douteux.
Or, comme l'échelle réduite de ma carte ne se prêtei
ait guère à la reproduction de ces sédiments sporadiques,
quand même j'aurais été dans le cas de les observer tous,
je me bornerai à signaler seulement ceux situés dans les
parages de Kisserhissar, non pas à cause de leur importance,
car au contraire ils n'en ont que fort peu sous le
double rapport de leur extension et de leur puissance, mais
à cause de leur origine, étant le produit de curieuses
sources minérales.
Avant de passer à la description de ces dernières, je
ferai observer que, malgré la prédominance des roches éruptives
dans le grand domaine du mont Argée, limitrophe de
la contrée où se trouve Kisserhissar, les dépôts détritiques
s'y présentent également, quoique à la vérité trop confondus
avec les tufs volcaniques probablement formés sur place,
pour qu'il soit toujours permis de distinguer les uns des
autres. Parmi les localités du domaine trachytiqiie de l'Argée
où la présence du diluvium se fait remarquer, figurent
entre auti'es les plaines comprises entre Develu et Khodjahadjilti
et entre Misli et Baglama, ainsi que la portion de
la plaine de Kaïsarié qui s'étend entre cette ville et le bourg
d'Indjesou.
Les sources minérales susmentionnées se trouvent à une
lieue environ au sud-ouest de Kisserhissar, l'humble représentant
de l'antique et célèbre Tyana; elles forment deux
bassins naturels, distants l'un de l'autre à peu près d'une
dizaine de minutes de marche, et dont le plus considérable
a environ 38 mètres de circonférence et une profondeur
de 1 mètre à l'",50. Les deux sources, surtout la plus
grande, sont dans un état de bouillonnement perpétuel, à
cause du dégagement très-violent de l'acide carbonique. Le
goût de l'eau est acidulé, avec un léger arrière-goût de
soufre; la température ne dépassait presque pas celle de
l'air (à l'ombre) qui, au moment où je visitais ces lieux
(2 octobre 18/|8), était (à midi) de 25°,6 centigrades.
Les deux bassins se trouvent parfaitement au niveau de la
plaine, revêtue d'une mince couche détritique, qui, dans ces
parages, est coloriée d'une teinte blanchâtre, soit à cause des
efflorescences salines du sol ou des substances déposées par
l'eau des sources, soit par suite de la désagrégation du calcaire
lacustre subjacent. Le bouillonnement a tant d'intensité
dans le grand bassin que, vers sa partie centrale, on voit
l'eau se soulever en un jet qui a plus de 15 centimètres de
hauteur. L'eau de la petite source est limpide, mais celle de
la grande est fort limoneuse, probablement à cause du mouvement
violent qui agite le fond argileux du bassin. Ce fond
ne paraît pas olTrir d'excavations ou de protubérances appré-
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