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260 TE RK.MN TERTI.\1RE SUPÈ111ECR.
comprise entre Raba Eyoub et lliclja, termine notre revue
des dépôts lacustres traversés par cette rivière; il ne nous
reste par conséquent à examiner encore que deiu affluents
de cette dernière, savoir : l'Aladagh Sou et le Beïbazar
Sou, tous deux descendant du versant méridional du vaste
groupe trachytique de l'Ala Dagli.
En se dirigeant du village de Nallukhan vers le petit bourg
de Beïbazar, on arrive à 3 lieues environ à l'est du premier,
sur un plateau où l'on voit les calcaires jurassiques (?) à
couches redressées, couronnés par des dépôts horizontalement
stratifiés d'un calcaire blanc renfermant quelques empreintes
et moules de bivalves, parmi lesquelles on reconnaît
plusieurs Anodontes ainsi que trois espèces d'Unio : une
de la taille de ITiiio liMoralis, L., une autre de celle de
VUnio batavus, Lam., et une troisième VUnio lerminalis.
Bourg'. Du sommet de ce plateau, à l'endroit où se trouve
une espèce de corps de garde à une altitude de 700 mètres,
on jouit d'une échappée sur le vaste bassin du Sakaria.
On descend du plateau dans une plaine ondulée qui
s'étend jusqu'à Tcbaïrlar; les collines dont elle est hérissée
et dont quelques-unes renferment des empreintes de Pianorbes,
vont en se développant dans la direction du sud;
elles finissent par foi-mer de véritables remparts dirigés du
nord-ouest au sud-est et qui masquent tellement l'horizon,
que l'on ne peut nulle pai't apercevoir le Sakaria, bien
que la livière ne soit éloignée que d'un peu plus d'une lieue
du sentier qui conduit de Nallukhan à Tchaïdar. Dans
'1. Dans la Paléontologie de l'Asie Mineure, p. 347, Pindicalion (le
Fendroit où ces Anodontes et Unie ont été recueillis est oiTonéo;au lieu
de ; entre Angora et Bazarkoï, lisez : entre Nallukhan et Beïbazar.
CHAPITRE V. 261
certains endroits, les strates des calcaires lacustres, généralement
si remarquables par leur parfaite horizontalité,
plongent légèrement au sud-est.
A peu de distance à l'ouest deïchaïrlar, on franchit sur
des sentiers étroits des remparts de calcaire lacustre servant
de parois à des ravins très-profonds, évidemment creusés par
les eaux. Ils forment un véritable labyrinthe de gorges et de
précipices, au milieu desquels se dressent des masses tantôt
aplaties tantôt façonnées en amphithéâtre, le tout horizontalement
strié et colorié de teintes diverses (rouge, bleu,
jaune, etc. ) ; c'est un coup d'oeil d'une frappante originalité.
En sortant de ce dédale d'amphithéâtres, de canaux, de
tunnels gigantesques, on descend vers l'Aladagh Sou, dont
les rives, ornées de buissons, brillent comme une bande
d'émeraude au milieu de toutes ces masses nues et pulvérulentes
^
Tchaïrlar, misérable village turc, construit en limon et
dont l'aspect s'accorde parfaitement avec la physionomie
aride de la contrée, se trouve sur la rive droite de l'Aladagh
Sou, qui dans ces parages est bordé de. chaque côté par une
série de hauteurs calcaires. Sur plusieurs points la roche
présente un redressement de couches assez considérable,
celles-ci plongeant au nord 10° ouest sous un angle de 30 degrés,
ou se trouvant tordues et plissées. C'est surtout sur le
revers oriental des hauteurs échelonnées le long de la rive
1. Pendant l'été, Faction des rayons solaires sur toutes ces surfaces
nues élève la température d'une manière peu proportionnée à l'altitude
assez considérable de ces lieux; ainsi lorsque, le 12 août 1850, je me
trouvais à Tchaïrlar, dont l'altitude est au delà de 600 mètres, pendant
toute la nuit le thermomètre ne cessa d'accuser 20°. La vigne y est extrêmement
vigoureuse et le raisin excellent.